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ENSEIGNEMENTS
ÉLÉMENTAIRE ET SECONDAIRE
ORGANISATION DES ENSEIGNEMENTS
SCOLAIRES
Programme "NouvelleS ChanceS"
NOR : MENE9901079C
RLR : 501-2 ; 520-0
CIRCULAIRE N°99-071
DU 17-5-1999
MEN
DESCO
PRÉAMBULE
Depuis dix ans, le nombre de jeunes sortant du système éducatif
sans qualification (1) a fortement diminué, passant de
plus de 100 000 à 57 000 sur le territoire métropolitain. Mais
depuis trois ans, un palier semble atteint : de 1994 à 1997, 8 % des
jeunes qui ont quitté le système éducatif l'ont fait sans
formation qualifiante, la moitié ne sont pas allés au-delà
du collège, l'autre moitié a commencé à
préparer un diplôme professionnel mais n'a pas atteint
l'année terminale.
L'enquête "Génération
92" du CEREQ,
publiée en janvier 1999, dresse un état de l'insertion
professionnelle des jeunes qui se sont présentés sur le
marché du travail en 1992, et analyse leur parcours entre 1992 et 1997.
Ce travail de grande qualité montre à quel point les jeunes sans
qualification sont menacés, plus que les autres, par le chômage et
la précarité. Les trois quarts d'entre eux ont connu le
chômage, avec des épisodes d'une durée moyenne de
près de deux ans (alors que cette durée moyenne ne dépasse
pas un an pour les autres niveaux de formation) ; 15 % d'entre eux n'ont jamais
occupé d'emploi en cinq ans ; un an après leur sortie,
près de la moitié étaient au chômage (deux fois plus
que ceux qui ont terminé une préparation au BEP ou au CAP) ; en
1997, 38 % d'entre eux sont au chômage (toujours deux fois plus que les
sortants au niveau V).
Le diplôme constitue sans aucun doute une
protection contre le chômage (93 000 jeunes quittent encore aujourd'hui
la formation initiale sans diplôme, à des niveaux divers). Mais ce
constat montre que la qualification, au sens de l'achèvement d'une
formation qualifiante, même sans obtention du diplôme, est
déterminante pour l'insertion professionnelle des jeunes.
À l'aube du XXIème siècle,
nous devons, plus que jamais, donner une priorité à l'objectif
fixé par la loi d'orientation sur l'éducation de 1989 :
"conduire l'ensemble d'une classe d'âge au minimum au niveau du CAP
ou du BEP". L'école a été capable, depuis quinze ans,
d'élever sans cesse le niveau de formation de l'ensemble des jeunes, et
de diminuer le nombre de ceux qui étaient laissés pour compte.
Elle peut et elle doit relever ce nouveau défi : offrir de nouvelles
chances à ces jeunes qui interrompent prématurément leur
formation et qui se trouvent ensuite en grand danger d'exclusion
professionnelle et sociale. Ces nouvelles chances
nécessitent la mobilisation et l'imagination de tous : de ceux, bien
sûr, qui mettent en place des parcours de formation pour des jeunes
déjà sortis du système ou ayant terminé la
scolarité obligatoire, dans les lycées professionnels et dans le
cadre de la mission générale d'insertion, mais aussi des
collèges et même des écoles car la plupart de ces jeunes
ont rencontré de nombreuses difficultés au cours de leur
scolarité et il nous faut prévenir les ruptures pour
accroître leurs chances.
L'école est responsable d'éduquer,
d'instruire et de former les élèves qu'elle accueille. Mais elle
est aussi responsable du devenir de ceux qui la quittent. Nous ne devons jamais
cesser le suivi d'un élève qui nous a quitté en cours de
route tant que le relais n'a pas été pris (apprentissage, emploi,
formation professionnelle). Cette responsabilité est lourde, difficile
à mettre en uvre, mais l'enjeu est fondamental pour l'avenir des
enfants et des jeunes qu'il nous appartient de former et de qualifier. Il nous
faudra du temps, de l'énergie, de l'imagination, à tous les
échelons du système : des établissements au
ministère, en passant par les services académiques et
départementaux. Mais il nous faudra surtout changer notre regard. Chaque
acteur de l'éducation nationale doit maintenant être vigilant
lorsqu'un élève interrompt prématurément sa
scolarité. Il doit se poser la question : qu'est-il devenu ? a-t-il
trouvé une voie de formation ?
Ce qui précède concerne tous les
niveaux du système, y compris les niveaux de formation
supérieurs. Cependant, le programme "NouvelleS ChanceS" est
destiné aux jeunes qui sortent, ou qui risquent de sortir sans
qualification. Ces jeunes sont ceux qui correspondent à la
définition actuelle (voir note page précédente) auxquels
il convient d'ajouter ceux qui abandonnent à la fin d'une classe de
seconde générale et technologique et ceux, très
difficilement recensés, qui quittent l'école dans le cours
même de la scolarité obligatoire. En concentrant nos efforts sur
ceux qui en ont le plus besoin, nous apporterons une contribution majeure
à la lutte contre les exclusions, qui est une priorité
gouvernementale et une urgence sociale.
TROIS PRINCIPES POUR L'ACTION
1 - Pas de solution uniforme mais une réponse pour chaque jeune
Les jeunes qui sortent
prématurément de formation ne constituent pas un public
homogène, leurs difficultés, les causes de la rupture, sont
diverses et complexes. Les solutions ne peuvent donc être pertinentes que
si elles sont adaptées à chaque type de situation. Les voies de
la réussite sont multiples. Les réponses sous forme de
structures, définies au niveau national, ont montré leurs
limites. Elles augmentent souvent l'exclusion et l'on peut s'interroger sur
leur efficacité au regard des itinéraires de l'ensemble des
élèves entrés en 6ème en 1989. Cette étude
montre qu'à difficulté scolaire égale à
l'entrée en 6ème, les élèves qui ont
été scolarisés au collège dans ce type de
structures abandonnent plus souvent leurs études sans formation
qualifiante. De plus, la mise en place de parcours qualifiants pour les jeunes
dépend fortement de l'environnement économique régional et
même local.
Si nous voulons relever le défi de la
qualification pour tous, il nous faut donc mettre en place un parcours
individualisé pour chaque jeune en rupture ou en danger de rupture. Il
nous faut quitter la logique adaptée au plus grand nombre pour adopter
celle du "cousu main" au bénéfice d'un petit noyau
d'élèves qui risquent d'être laissés pour
compte.
2 - Libérer les initiatives et soutenir l'innovation
Ce qui précède implique un
véritable pilotage, non plus résumé à des
instructions descendantes, mais basé sur l'aide à la naissance
des projets pour libérer l'imagination, sur l'accompagnement et la
valorisation des expériences, sur la régulation et
l'évaluation. De nombreuses équipes prennent actuellement des
initiatives pour former des jeunes en grande difficulté, pendant ou
après la scolarité obligatoire. Au regard de l'énergie
dépensée, de la compétence déployée et des
réussites obtenues, ces équipes innovantes méritent un
soutien et une reconnaissance accrus.
En premier lieu, leurs projets, leurs
méthodes, leurs résultats doivent être mieux connus de
l'ensemble du système afin de l'irriguer par des idées nouvelles.
Ils doivent aussi être mieux connus de l'opinion publique afin de les
valoriser et de montrer que l'école est capable de relever les
défis les plus ardus.
En second lieu, c'est en analysant ces
expériences, en les accompagnant, en les évaluant, en faisant
circuler l'information que nous progresserons dans ce domaine. Encore une fois,
c'est sur le terrain que naîtront les vraies réponses puisqu'il
n'existe pas de solution "toute faite". De plus, une
régulation attentive permet d'éviter les dérives
énumérées au dernier chapitre de ce programme.
Enfin, ces projets sont souvent très
innovants et se situent parfois aux marges de la réglementation du
système. Les équipes qui les conduisent rencontrent de nombreux
obstacles et prennent même parfois des risques : montages financiers
complexes, problèmes d'ordre juridique, difficultés à
s'inscrire dans un cadre réglementaire trop étroit, peu lisible
ou absent, non prise en compte de situations très particulières
d'élèves ou de personnels dans les pratiques quotidiennes de
gestion. Les responsables du système (notamment au niveau national)
identifieront ces obstacles, les analyseront et trouveront des solutions
appropriées pour aider les équipes de terrain à mettre en
uvre leurs projets avec plus de facilité et moins de
risques.
3 - Agir avec des partenaires, tout particulièrement les entreprises
L'école est son propre recours, elle est
responsable des élèves qu'elle accueille et du devenir de ceux
qui la quittent, mais elle a besoin de partenaires pour mener à bien sa
mission. En ce qui concerne les élèves en danger de rupture dans
le cadre de la scolarité obligatoire, ces partenaires sont les
mêmes que ceux qui agissent aux côtés de l'école dans
le cadre des zones d'éducation prioritaires : services de l'État,
collectivités territoriales et associations.
Pour atteindre l'objectif de qualification pour
tous, après la scolarité obligatoire et même parfois
pendant, le partenariat avec le monde du travail (entreprises et branches
professionnelles) est indispensable. En effet, de nombreuses expériences
en cours (formations intégrées, entreprises-écoles,
parcours qualifiant en lycée professionnel) montrent que les jeunes en
grande difficulté ont besoin d'une transition entre le monde de
l'école et l'entrée dans la vie active. Cette période est
d'autant plus longue que les difficultés sont grandes. Elle se
caractérise par un accompagnement conjoint de l'école et de
l'entreprise vers la qualification et l'insertion. Cet accompagnement ne peut
pas se résumer à une simple juxtaposition de périodes de
cours et de périodes en entreprise. Les jeunes en rupture ont souvent
deux problèmes à résoudre pour progresser : ils ne
perçoivent pas le sens des apprentissages scolaires et ils manquent de
repères essentiels pour la socialisation et l'insertion.
L'accompagnement conjoint par l'école et l'entreprise permet de mieux
ancrer les apprentissages dans le réel. Mais surtout, le fait que deux
univers (l'école et le monde du travail) balisent leur chemin des
mêmes repères et des mêmes exigences concernant les
règles de vie et la socialisation, constitue l'une des clefs de la
réussite.
Enfin, deux autres partenaires sont essentiels
pour la formation et l'insertion des jeunes :
- les régions, avec lesquelles il est
nécessaire de mieux articuler nos travaux afin de construire une offre
de formation cohérente pour les jeunes sans qualification ;
- les missions locales et les PAIO, dont les
actions s'articulent de mieux en mieux avec celles de la mission
générale d'insertion, au sein du réseau public d'insertion
des jeunes.
CINQ OBJECTIFS
1 - Mieux connaître le public d'élèves concernés
L'amélioration du recueil de données
Le repérage quantitatif des sorties du
système pose de nombreux problèmes techniques : migrations
inter-académiques, passages dans l'enseignement privé,
itinéraires complexes avec retour en formation, etc. De plus, tout
système de recueil de données repose sur la qualité des
réponses de ceux qui sont interrogés. Or, il arrive que les
établissements déclarent "sorti" un élève
qui a changé d'établissement ou qui a signé un contrat
d'apprentissage, ou encore qu'ils soient réellement démunis pour
suivre des élèves dont les familles quittent la commune sans
prévenir.
Nous utilisons actuellement l'enquête
emploi de l'INSEE comme instrument de mesure national (interrogation des jeunes
à domicile) et nous obtenons ainsi des résultats satisfaisants du
point de vue de l'estimation nationale et de son évolution. Mais cet
instrument n'est pas assez précis pour obtenir des estimations
régionales ou académiques, qu'il nous faut calculer à
partir de nos enquêtes internes (SCOLARITÉ qui porte sur les
"présents"). Etant données les inégalités
régionales concernant les sorties sans qualification et la
démarche de contractualisation entre le ministère et les
académies, il est indispensable que chaque académie dispose d'un
tableau de bord lui permettant de suivre les évolutions. Un groupe de
travail technique, composé des directions compétentes du
ministère (DPD et DESCO) et de trois académies examinera les
obstacles rencontrés et élaborera des solutions pour
améliorer la fiabilité de nos instruments de mesure.
Un système de veille dans chaque
établissement ou bassin de formation
Ces résultats à l'échelon
académique ne peuvent s'améliorer que si les
établissements augmentent la vigilance et l'attention portées aux
"perdus de vue". Cette vigilance fait partie du changement de regard
sur ceux qui nous quittent sans formation qualifiante. Un système de
"veille" sera mis en place au niveau local (collège,
lycée, bassin de formation, CIO).
Pour ce faire, nous disposons déjà
des entretiens de situation, effectués sous la responsabilité du
chef d'établissement d'origine qui s'entoure de toutes les
compétences utiles. Ces entretiens visent à proposer à
chaque jeune, quittant un établissement scolaire sans solution, un
éventail de possibilités. Mais il faut aussi anticiper et mettre
en place des équipes de suivi des élèves en grande
difficulté, sur plusieurs années. Il convient que plusieurs
acteurs du système éducatif fassent ensemble l'analyse des
risques de rupture et assurent la vigilance nécessaire pour ne jamais
perdre complètement de vue un jeune en danger d'exclusion. Plus l'alerte
sera précoce, plus nous serons efficaces. Toute initiative
commençant à l'école en se poursuivant au collège
mérite d'être encouragée (notamment pour les enfants
montrant des lacunes graves à l'évaluation du CE2).
Enfin, de façon à repérer
et à aider les jeunes sortis sans solution, qui parfois ne viennent pas
d'eux-même, nous devons nous rapprocher de nos partenaires : PAIO et
missions locales, ANPE. Nous serons beaucoup plus efficaces en croisant
systématiquement nos informations avec les leurs, sur le même
jeune à des moments différents de son itinéraire
d'insertion et sur ceux qui sont vraiment "perdus de vue". Il nous
faut faire vivre pleinement le service public d'insertion des jeunes : par des
bilans réguliers, par la mise en commun de ressources et de
compétences.
Des recherches pour mieux connaître ces
jeunes et mieux comprendre leur abandon précoce
Grâce aux travaux de la DPD et du CEREQ,
nous bénéficions d'une richesse d'information sur le passé
scolaire, sur l'environnement social et sur les itinéraires d'insertion
des jeunes qui interrompent prématurément leur formation. Ces
informations seront largement diffusées. Elles seront
complétées par des recherches portant sur deux champs :
- une typologie qualitative de la
scolarité des jeunes qui sortent sans qualification, une connaissance
plus fine de leurs caractéristiques sociales et familiales et une
analyse des causes de la rupture et des processus d'exclusion ;
- une description des enfants de moins de 16 ans
qui échappent à la scolarité obligatoire.
2 - Prévenir les ruptures au collège
Une palette de dispositifs
Pour offrir de nouvelles chances à ceux
qui risquent de sortir sans qualification, il faut prévenir cette
rupture au collège, en premier lieu par l'aide individualisée
à chaque élève dans le quotidien de la classe. Les deux
tiers des élèves entrés en 6ème en 1989 qui ont
interrompu prématurément leur formation avaient des
difficultés visibles en français et en mathématique lors
des tests d'évaluation. En plus de l'action quotidienne des enseignants
dans leur classe, les collèges disposent d'une palette de dispositifs
à mettre en uvre, dans le cadre de leur projet
d'établissement, pour offrir ces nouvelles chances.
Il s'agit, en premier lieu, des classes qui
accueillent des élèves en difficulté scolaire telles que
les 4ème d'aide et de soutien et les 3ème d'insertion. Des
réussites remarquables montrent que ces classes peuvent offrir de
nouvelles chances si chaque projet est construit en fonction des besoins des
élèves et si l'on échappe ainsi au danger des structures
uniformes conduisant à l'impasse.
Il s'agit, en second lieu, des réponses
adaptées aux élèves qui entrent dans un processus de rejet
de l'institution scolaire, de façon à éviter les
exclusions d'établissements successifs, qui conduisent à la
déscolarisation. Là encore, des enseignements peuvent être
tirés des initiatives réussies :
- les classes relais ne sont pas des
filières de relégation ; elles ont comme objectif de
recréer, par un accueil spécifique temporaire, les conditions
d'une réinsertion scolaire progressive ;
- les expériences les plus porteuses de
réussite reposent sur des dispositifs gradués et articulés
sur un territoire (bassin de formation ou
département), la première étape consistant toujours
à chercher une solution au sein du collège d'origine ;
- le changement d'établissement peut
être profitable s'il repose sur un projet individualisé. De
même, l'accueil dans des collèges offrant un internat peut
être bénéfique pour certains élèves, à
condition que le projet pédagogique soit attractif, qu'il soit construit
en tenant compte de leurs besoins et que les familles soient totalement
impliquées dans cette décision. D'autres modalités
d'internat éducatif peuvent être
explorés avec des partenaires du collège.
En troisième lieu, quelques
départements ont mis en place des expériences avec des
entreprises sous forme de parcours individualisés pour des
collégiens au bord de la rupture :
périodes en entreprises, journées au CFA, découverte des
métiers. Au vu de leurs résultats, ces initiatives
méritent d'être développées mais sous plusieurs
conditions : l'élève doit rester sous la responsabilité du
collège, chaque convention doit être unique et les familles
doivent être associées aux décisions, une équipe
ressource doit suivre l'ensemble des collèges qui y participent, la
direction départementale du travail, de l'emploi et de la formation
professionnelle doit être un partenaire actif. Enfin et surtout, de
nouveaux textes réglementaires doivent être élaborés
de façon à étendre ces expériences en toute
conformité du point de vue du code du travail.
Enfin, la réflexion sera relancée
et intensifiée sur l'accompagnement nécessaire de la
scolarité des enfants qui risquent d'interrompre leur formation pour des
raisons de santé (handicap ou maladie). Il nous faut également
resserrer nos liens avec les établissements spécialisés
sous tutelle du ministère de l'emploi et de la solidarité.
Sur l'ensemble de ces questions, le débat
national sur le collège permettra de préciser encore les mesures
à prendre pour les élèves en grande difficulté,
grâce à la réflexion lancée dans les
établissements. Cependant, deux publics d'élèves
méritent d'ores et déjà une attention particulière
: les élèves de SEGPA et ceux qui échappent à la
scolarité obligatoire.
L'accès à la qualification pour
les élèves de SEGPA
L'étude récente de la DPD montre
que la moitié des élèves entrés en SEGPA en 1989
ont quitté le système éducatif sans qualification. Ce
public est donc très exposé aux dangers de l'exclusion
professionnelle et sociale. Mais la même étude montre que,
dès qu'ils ont accès à une formation qualifiante en
lycée professionnel, en CFA ou en EREA, les chances de réussite
des jeunes de SEGPA s'améliorent considérablement. Donner de
nouvelles chances aux élèves de SEGPA suppose donc de leur
permettre de poursuivre leur formation en lycée professionnel ou en
apprentissage avec un parcours adapté à chacun. En juin 1998,
plus de la moitié des jeunes de troisième de SEGPA se sont vus
proposer une orientation de ce type. Nous sommes donc sur la bonne voie et nous
pouvons nous fixer un double objectif :
- offrir aux trois quarts des jeunes de
l'enseignement adapté la possibilité de poursuivre leur formation
en lycée professionnel, en CFA ou en EREA, d'ici trois ans ;
- réduire les inégalités
régionales en la matière, certaines académies ont
déjà atteint cet objectif, d'autres en sont encore
éloignées.
Les capacités d'accueil en lycée professionnel doivent donc
être développées en conséquence. Ce
développement quantitatif et volontariste doit être
complété par l'élaboration d'une carte des formations
visant à la convergence des champs professionnels, par la mise en
réseau des établissements avec des conventions (SEGPA,
lycées professionnels, CFA) et par un travail précis sur les
critères d'affectation en lycée professionnel.
Enfin, la rénovation des SEGPA fera
l'objet d'un réflexion approfondie, tant sur la question des
enseignements dispensés, que sur la professionnalisation et sur les
critères d'entrée. Le débat national sur le collège
permettra d'énoncer des orientations plus précises.
Des sites pilotes pour accueillir et
rescolariser des enfants de moins de 16 ans qui échappent à la
scolarité obligatoire
Même s'il est impossible d'en mesurer le
nombre, nous savons qu'il existe des enfants âgés de 11 à
15 ans non scolarisés. Les causes peuvent être multiples et
méritent d'être analysées de façon plus
précise : grande pauvreté, arrivée récente sur le
territoire, enfants de familles itinérantes, refus des familles,
exclusion du système ? On peut, d'autre part, faire l'hypothèse
d'une concentration de ce problème sur certains lieux précis du
territoire, notamment dans les grandes agglomérations.
Six projets pilotes seront mis en place à
la rentrée 1999 dans des sites précis où existe un nombre
important de ces enfants "perdus de vue". Ces projets seront conduits
par des équipes de terrain de l'éducation nationale, en
partenariat avec les collectivités locales et les services de
l'état compétents (PJJ, DASS, ministère de la ville). Une
coordination des projets sera organisée au niveau national de
façon à ce que les expériences s'irriguent mutuellement.
Ces projets viseront à créer des centres d'accueil pour ces
enfants non scolarisés, à les repérer et à les
suivre, à les rescolariser progressivement.
3 - Construire des parcours de formation qualifiante après le
collège
Des parcours individualisés et souples, en partenariat avec les
entreprises
Pour offrir de "NouvelleS ChanceS", il
nous faudra utiliser toute la palette de possibilités pour construire
des itinéraires de formation et accompagner les jeunes en
difficulté vers la qualification ; il nous faudra faire preuve
d'imagination et inventer des solutions encore inexplorées ; il nous
faudra, pour certains jeunes, appliquer le principe du "cousu main"
sans restriction et construire un
parcours pour un
jeune. Plusieurs équipes (en lycée professionnel ou dans le cadre
de la mission générale d'insertion) mènent des projets
dans ce sens et obtiennent de remarquables résultats, encore trop peu
connus. Leur expérience et leurs analyses permettent d'énoncer un
cadre pour la construction de ces parcours qualifiants :
- explorer et proposer une gamme très
étendue d'itinéraires, sans restreindre l'univers des possibles :
méthodes pédagogiques, modalités d'accompagnement,
certification par étapes, durée du parcours, statut scolaire ou
contrat d'apprentissage ou de qualification, éducation
récurrente, passerelles, "entreprises - écoles"
;
- soutenir et évaluer les projets
très innovants qui nécessitent des montages juridiques et
financiers complexes, avec l'aide du ministère si nécessaire
;
- développer l'accompagnement conjoint
par l'école et l'entreprise vers la qualification et l'insertion, non
seulement dans le cas d'un contrat d'apprentissage mais aussi sous statut
scolaire en augmentant le temps passé en entreprise dans les
préparations aux CAP ;
- maintenir et enrichir les modalités de
certification par étapes pour le CAP. Plus que tous les autres, les
jeunes en difficulté ont besoin de
repères, de "balises", sur leur chemin. La délivrance
du CAP par étapes leur permet de sortir de la logique du "tout ou
rien" : s'ils n'obtiennent pas tout, ils ne perdent pas tout. Cet aspect
est essentiel pour la réussite des jeunes et une réflexion doit
être engagée dès maintenant au niveau national, à
partir d'une évaluation des expériences en cours (notamment dans
l'académie d'Aix-Marseille) pour éclairer et guider les pratiques
et pour, si nécessaire, en tirer des conséquences sur la
réglementation ;
- mettre en place des réseaux de
lycées professionnels car un lycée ne peut pas, à lui
seul, offrir un éventail suffisant de spécialités
professionnelles ;
- étendre l'expérience en cours
dans l'académie de Lille où des lycées professionnels
volontaires construisent un projet basé sur l'offre d'un parcours
personnalisé à des publics divers : jeunes en formation initiale
sous statut scolaire, adultes en formation continue et jeunes sous contrat
d'apprentissage, jeunes en voie d'exclusion suivis par la MGI.
Les actions de la mission
générale d'insertion
La mission générale d'insertion se
situe au coeur du programme "NouvelleS ChanceS". Durant
l'année scolaire 1997-98, près de 47 000 jeunes ont
bénéficié d'actions spécifiques mises en place par
la MGI ce qui a permis aux deux tiers d'entre eux de poursuivre leur formation
ou de s'insérer. Il convient de rendre hommage aux équipes
académiques qui font preuve d'une détermination sans faille et
d'une grande compétence pour offrir des solutions à des jeunes
qui ont abandonné prématurément leur formation. Cependant,
il faut aussi rappeler que tous les acteurs du système doivent se sentir
concernés par cette mission d'insertion des jeunes. Les recommandations
qui suivent devraient permettre d'améliorer encore l'efficacité
des actions de la MGI :
- inscrire clairement les actions de la MGI dans
un projet académique fort. Les situations respectives des
académies sont encore très inégales du point de vue du
volume d'actions et des résultats au regard des besoins
identifiés. Des indicateurs seront mis en place de façon à
mieux coordonner les efforts dans le cadre de la contractualisation entre le
ministère et les académies.
- resserrer les liens avec les
établissements. Les équipes de la MGI et les actions mises en
uvre sont encore parfois ignorées ou perçues comme un
dispositif en marge des établissements. Or, la réussite repose
sur une intégration de ces actions dans le cadre d'un projet de bassin
de formation, sur la responsabilité réaffirmée du suivi
des élèves sortants par les chefs d'établissement et sur
le développement d'actions innovantes au sein des lycées
professionnels avec l'aide d'animateurs MGI.
- accentuer la priorité pour ceux qui en
ont le plus besoin. Là encore, les situations académiques sont
très diverses, tant du point de vue du nombre de sortants sans
qualification que de la part des actions MGI dont ils sont
bénéficiaires. La mission générale d'insertion
s'adresse à tous les élèves qui ont besoin d'aide pour
s'insérer professionnellement, mais les jeunes sortant du système
sans qualification, ou d'une seconde générale et technologique,
doivent faire l'objet d'une priorité plus forte. Cette priorité
sera prise en compte dans la construction des indicateurs.
- augmenter, en nombre et en effectifs, les
formations intégrées. Ces actions, d'une durée de trois
ans, constituent un exemple réussi de parcours qualifiant
individualisé avec un accompagnement conjoint de l'école et de
l'entreprise. Elles n'existent pas dans toutes les académies alors que
la pertinence de leur démarche et les résultats obtenus incitent
à leur extension. Ceci ne signifie pas une remise en cause des CIPPA,
qui visent à remotiver les jeunes et à les aider à
construire leur parcours et qui ont accueilli plus de 14 000 jeunes sortis sans
qualification en 1997-98. Il faut simplement veiller à ce que les CIPPA
ne se transforment jamais en filière d'orientation et que leur nature
temporaire et souple soit maintenue. En particulier, il est parfois plus
profitable d'être directif et de proposer des solutions concrètes
à des jeunes sans projet que d'attendre qu'ils construisent
eux-mêmes un projet professionnel.
Un problème à résoudre :
les difficultés de certains jeunes à l'égard de toute
mobilité géographique
Certains jeunes ne rejoignent pas le
lycée professionnel dans lequel ils sont affectés, même si
leurs voeux sont satisfaits et restent ainsi "sans solution". Ce
problème, paradoxalement plus aigu dans les banlieues que dans les zones
rurales, montre une difficulté grave à l'égard de toute
mobilité géographique. Les causes en sont complexes
(identification à un quartier, peur de l'inconnu, problèmes
économiques pour les transports). Mais il est clair qu'en plus des
conséquences sur leur poursuite d'études, cette difficulté
risque de les handicaper sérieusement pour toute insertion
professionnelle durable. Une réflexion sur ce problème sera
engagée très rapidement dans les lieux où le
phénomène existe, avec l'aide du ministère afin d'analyser
les causes et de proposer des solutions sans en négliger aucune : prise
en compte en amont dès le collège et l'école primaire,
mise en place d'internats en lycée professionnel, actions en partenariat
avec des associations de quartier...
4 - Enrichir l'offre de formation au niveau V
Une densification de l'offre de formation
Une densité suffisante de l'offre de
formation au niveau V, notamment pour la préparation aux CAP, est un
préalable indispensable pour accueillir les jeunes sans qualification.
Or, pour des raisons historiques complexes, la situation des académies
est extrêmement hétérogène dans ce domaine. Si l'on
tient compte de l'offre globale (sous statut scolaire, en apprentissage ou dans
l'agriculture) et si l'on rapporte le nombre de préparations existantes
aux CAP au nombre de jeunes de la classe d'âge correspondante par
académie, ce rapport varie de 17 pour 1000 à moins de 5 pour
1000. De plus, les académies dont l'offre est faible sont celles qui ont
encore des taux importants de sorties sans qualification.
Sous l'effet conjugué de la reprise de
l'emploi au niveau V et du constat de l'insuffisance des capacités
d'accueil, la majorité des académies ouvrent actuellement de
nouvelles préparations aux CAP en lycée professionnel. Nous
sommes donc sur la bonne voie. Les efforts des académies doivent
être suivis au niveau national dans le cadre de la contractualisation et
leur situations respectives prises en compte. Des indicateurs permettant de
mesurer la densité d'offre de formation au niveau V seront donc
élaborés rapidement.
Une prise en compte des aspects qualitatifs
Ce développement de l'offre de formation
pour l'accès aux CAP ne doit pas se limiter aux aspects quantitatifs.
Pour l'ensemble du public
accueilli, cette offre doit bien sûr être guidée par la
réalité de l'emploi pour chaque spécialité. Pour de
nombreux métiers, le CAP bénéficie d'une forte
légitimité professionnelle. Cette reconnaissance sur le
marché du travail est essentielle. Permettre à un plus grand
nombre d'élèves d'y accéder ne doit en aucun cas la
fragiliser. De plus, pour que l'offre de formation constitue réellement
une chance de réussite pour les jeunes en difficulté, il faut
traiter simultanément la question de l'ouverture des sections avec celle
des critères d'affectation des élèves et celle des
modalités de préparation.
Les élèves en grande
difficulté à la fin du collège, et notamment ceux de
SEGPA, doivent faire l'objet d'un traitement particulier lors des affectations.
Sans volontarisme de notre part à tous, ils risquent fort d'être
"laissés pour compte", lors de la signature de contrats
d'apprentissage et lors de l'inscription dans certains lycées qui auront
tendance à privilégier l'accueil d'élèves
réussissant plus facilement et ne nécessitant pas de traitements
particuliers. Or, si l'ensemble des acteurs doivent se mobiliser, il appartient
clairement au service public de l'éducation nationale d'offrir de
nouvelles chances à tous ceux qui le souhaitent.
En ce qui concerne les modalités de
préparation, elles doivent être conformes à l'objectif
précédent concernant la construction de parcours
individualisés et souples, en partenariat avec les entreprises. Il est
clair que l'ouverture de préparations au CAP et l'accueil de jeunes en
difficulté n'offriront pas de nouvelles chances si les modalités
sont uniformes en terme de durée, de certification, d'alternance et de
prise en charge pédagogique.
Le partenariat avec les entreprises et les
régions
Pour étoffer et diversifier l'offre de
formation, nous ne pouvons pas agir seuls. En premier lieu, il nous faut
prospecter activement et tisser des liens plus étroits avec les
entreprises qui sont prêtes à accompagner avec nous des jeunes en
difficulté vers la qualification. Plusieurs expériences ont
montré que ces entreprises existent. Elles sont prêtes à
s'investir si nous les informons en toute transparence des difficultés
prévisibles (y compris de l'ordre de la socialisation des jeunes), si
elles sont partie prenante de la formation du début à la fin, si
elles disposent, de notre côté, d'un interlocuteur fiable et
disponible en cas de problème, et elles expriment clairement le fait que
l'éducation nationale est la meilleure garantie.
Ces contacts et cette prospection sont plus
efficaces au niveau local et régional. Mais le niveau national apportera
son aide en signant des conventions cadre avec des grandes entreprises ou des
branches professionnelles pour l'accompagnement conjoint de jeunes en
difficulté vers la qualification, la mise en uvre de ces
conventions s'effectuera au niveau régional et local.
L'accès à l'emploi est soumis
à une forte concurrence et il s'agit d'un effort de longue haleine qui
nécessitera énergie et détermination. Il arrive,
malheureusement, que certaines entreprises pratiquent une discrimination
condamnable, non seulement à l'embauche mais aussi pour la signature de
contrats d'apprentissage. L'école est dépourvue de moyens pour
lutter contre le racisme et le sexisme dans le monde du travail. Cependant,
nous pouvons et nous devons engager des discussions avec nos partenaires
responsables (employeurs et syndicats) qui condamnent également ces
pratiques. Nous devons surtout appliquer une règle stricte : ne jamais
devancer cette éventuelle discrimination en l'introduisant par
anticipation dans nos pratiques d'orientation ou de suivi des jeunes. De plus,
si cette question préoccupe les jeunes en formation, ils doivent pouvoir
en parler et nous devons les aider pour affronter ces obstacles.
Enfin, enrichir l'offre de formation ne peut pas
se faire sans liens étroits avec la région, premier partenaire
pour la construction de cette offre. La cohérence et l'articulation des
implantations est essentielle pour la réussite des élèves
et elle concerne aussi bien l'apprentissage que les préparations sous
statut scolaire, de même que la qualité des équipements et
des infrastructures. Nous devons donc passer du stade de l'information
réciproque (ce qui est le cas dans la majorité des
académies) au stade de l'élaboration conjointe d'un
véritable plan pluriannuel de formation.
5 - Inscrire les "NouvelleS ChanceS" dans les initiatives
européennes
Les échanges européens
L'insertion professionnelle des jeunes constitue
une préoccupation commune à l'ensemble des états membres
de l'Union européenne. Les situations économiques et sociales
sont certes différentes, chaque système éducatif a son
histoire et ses caractéristiques, mais cette diversité même
constitue une richesse potentielle pour l'innovation. Il nous faut donc encore
intensifier nos échanges d'expériences avec nos partenaires
européens. Il nous faut également faire bénéficier
de plus en plus de jeunes d'une mobilité au sein de l'espace
européen.
Le Fonds social européen
Les actions du programme "NouvelleS
ChanceS" pour les jeunes après la fin de la scolarité
obligatoire peuvent bénéficier de fonds substantiels de la part
du Fonds social européen jusqu'à la fin de l'année 1999.
Il est même possible que, sous réserve des négociations en
cours sur le nouveau règlement des fonds, la totalité du
programme "NouvelleS ChanceS" soit éligible au FSE pour la
période 2000-2006, y compris l'objectif concernant la prévention
des ruptures en collège.
Nous devons donc nous mobiliser à tous
les niveaux du système pour obtenir des crédits du FSE. Une
grande partie de ces financements sont disponibles au niveau de la
préfecture de région et les dossiers sont instruits par la
direction régionale du travail, de l'emploi et de la formation
professionnelle. Afin de faciliter le montage des dossiers locaux, les recteurs
mobiliseront les compétences de leurs services pour aider les acteurs de
terrain. Le ministère devra produire dès la parution du nouveau
règlement une brochure explicative sur l'utilisation du FSE et devra
trouver des solutions au problème difficile des circuits de financement.
Cette mobilisation concerne également les programmes d'initiative
communautaire (tels que Youthstart) qui seront redéfinis au même
moment.
Les écoles de la deuxième
chance
À l'initiative de la Commission
européenne, il existe des écoles dites "de la
deuxième chance" dans onze villes européennes, dont
Marseille. Le site marseillais a bien sûr toute sa place dans le
programme "NouvelleS ChanceS" dont la démarche est plus
globale. "NouvelleS chanceS" regroupe des projets existants et
à venir, fortement ancrés dans les établissements
scolaires même s'il est bien sûr possible d'y inclure des projets
construits à l'initiative de nos partenaires des collectivités
locales. Les services académiques doivent donc être à
l'écoute des projets potentiels qui souhaiteraient s'inscrire dans le
cadre des "écoles de la deuxième chance". Afin de mieux
les inscrire dans la cohérence du présent programme, trois
aspects sont à privilégier :
- nous avons deux priorités : les
élèves que nous perdons ou risquons de perdre en âge de
scolarité obligatoire et ceux qui nous quittent sans qualification. Nous
ne pouvons pas, bien sûr, nous désintéresser des jeunes
plus âgés ayant quitté toute formation depuis plus d'un an
et nous devons leur ouvrir nos portes s'ils veulent revenir. Mais pour ce type
de public, c'est plutôt, dans le cadre du programme TRACE que devront
s'inscrire les projets.
- dans ce cadre précis, comme dans
l'ensemble du programme, évitons les effets de modèle : ce qui
est pertinent à un endroit, avec une équipe, ne l'est pas
forcément ailleurs ;
- les projets doivent comporter des objectifs
d'insertion mais aussi de qualification ; enfin, la "deuxième
chance" ne peut pas être résumée à
l'échec de la première, c'est-à-dire de l'école,
niant ainsi les efforts quotidiens de tous ceux qui font déjà
réussir les jeunes en difficulté.
PILOTAGE ET RÉGULATION
1 - Une adaptation locale et régionale
dans le cadre de la contractualisation
Les principes et les objectifs qui
précèdent constituent un cadre de référence pour
construire et réaliser les actions sur le terrain. La diversité
des académies est forte sous plusieurs aspects : volume de sorties sans
qualification, densité de l'offre de formation au niveau V, nature des
innovations existantes, traditions des relations écoles-entreprises,
emploi et tissu économique, relations avec la région. Il en va de
même, à l'intérieur des académies, où des
territoires peuvent être contrastés. Chaque académie,
chaque département, chaque bassin de formation, chaque
établissement adaptera donc ses modalités d'action à sa
spécificité.
En ce qui concerne les académies, cette
diversité sera prise en compte dans le cadre de la contractualisation
avec le ministère. Les recteurs concernés proposeront des
objectifs quantitatifs pour la réduction des sorties sans qualification
dans leur académie, soit parce qu'ils en font un priorité de leur
projet académique, soit parce que le ministère les incite
à le faire en raison d'un constat objectif. Les académies
performantes maintiendront leur effort et celles où le pourcentage de
jeunes interrompant leurs études sans formation qualifiante est
élevé (plus de 8 %) le réduiront de façon
significative d'ici trois ans.
2 - L'évaluation et les indicateurs
Ce principe de diversité appelle en
regard une régulation : au niveau national pour les académies et
au niveau académique pour le suivi des actions. Cette régulation
s'appuiera en premier lieu sur une évaluation régulière
des projets mis en uvre. Au niveau national, une évaluation de la
mise en uvre du programme et des résultats obtenus sera
réalisée après deux années scolaires
complètes, à la fin de l'année 2001.
Pour permettre cette évaluation et un
suivi régulier, des indicateurs seront élaborés dès
cette année par les directions compétentes du ministère en
liaison avec les services académiques. Ils permettront de mieux mesurer
le nombre de sortants sans qualification par académie (voir objectif 1),
d'établir un tableau de bord des actions mises en uvre par rapport
aux cinq objectifs du programme et de réaliser une typologie qualitative
des académies pour enrichir la démarche de
contractualisation.
3 - L'accompagnement et l'assistance
technique
La régulation et le pilotage doivent
également s'appuyer sur un accompagnement des actions de terrain par les
services académiques et
départementaux, et notamment par les corps d'inspection. Cet
accompagnement suppose une assistance pour le montage des projets, un suivi et
un soutien pour les équipes qui innovent face à des
problèmes difficiles à résoudre, une expertise, un regard
extérieur pour les
aider à progresser et une vigilance aux dérives possibles.
En ce qui concerne le ministère, il lui
revient d'accompagner les académies et tout particulièrement
celles où le nombre de sortants sans qualification est important. Les
services compétents sont donc à la disposition des recteurs pour
les aider à mettre en place les projets et pour apporter une expertise
complémentaire.
Pour la plupart des actions à mettre en
uvre, les textes réglementaires existent, il n'est donc pas
nécessaire d'en produire de nouveaux. Cependant, une cellule sera mise
en place dès à présent, regroupant la DESCO, la DAF et la
DAJ pour trouver des solutions aux obstacles réglementaires, juridiques
ou financiers que rencontrent les équipes innovantes, pour rendre plus
lisible la réglementation et pour la modifier si
nécessaire.
L'ensemble du programme "NouvelleS
ChanceS" sera coordonné par Catherine Moisan, inspectrice
générale de l'éducation nationale, en liaison
étroite avec la DESCO.
4 - La circulation des expériences et
la communication
La régulation passe aussi par
l'information et la communication . Dans ce domaine, trois axes seront
développés :
- la circulation des expériences, des
chemins empruntés, des résultats, des obstacles
rencontrés. Pour ce faire, nous utiliserons tous les moyens à
notre disposition : rencontres, publications, réseau internet, groupes
d'échanges sur des problèmes communs ;
- la production d'outils, de vade-mecum sur des
sujets précis : montages de projets, questions pédagogiques,
fonds structurels, certification par étape, périodes en
entreprise, etc..
- la valorisation des expériences
réussies par des actions de communication interne mais aussi externe, en
direction des médias et du grand public.
Un colloque sera organisé en octobre
1999, à l'inititative de l'éducation nationale, sur l'insertion
professionnelle des jeunes.
5 - Une vigilance constante
Pour terminer, quelques "garde fous"
doivent être présents dans l'esprit de chacun afin d'éviter
les dérives toujours possibles lorsque l'école met en place des
projets pour les élèves en difficulté. Ces
"garde-fous" s'adressent à tous, du niveau local au niveau
national et constituent des repères nés de l'expérience et
de l'histoire du système. Ils font partie intégrante, comme les
trois principes énoncés précédemment, d'un pilotage
basé sur une définition d'objectifs et de limites, une
régulation souple, une autonomie et une responsabilité des
établissements.
- veiller à ce qu'aucune action
particulière pour des élèves en difficulté ne
renforce les tendances à l'exclusion du système. Elle ne doit pas
dédouaner ceux qui ont la responsabilité de l'ensemble des
élèves de chercher aussi des
solutions.
- éviter les cloisonnements : toute
action réussie pour des élèves en grande difficulté
doit donner des idées et des pistes pour agir avec tous les
élèves, et inversement ;
- si une action réussie pour des
élèves en grande difficulté profite à d'autres,
elle doit continuer aussi à accueillir ceux qui en ont le plus besoin
;
- même dans le cas de difficultés
majeures, les jeunes ont une famille, ou un tuteur légal. Il faut
toujours les associer étroitement et l'école ne peut pas s'y
substituer ;
- tenir l'équilibre entre la durée
nécessaire des projets et les dangers inhérents à leur
pérennité, veiller constamment à la souplesse et à
l'évolution ;
- ne jamais renoncer à des objectifs
ambitieux mais rester pragmatique dans les étapes à franchir. Des
résultats modestes ne signifient pas automatiquement la non pertinence
des actions.
- ne pas perdre de vue notre mission et notre
compétence dans le cadre du partenariat : l'école doit relever le
défi de la qualification, elle participe à l'effort national
d'insertion professionnelle des jeunes mais elle n'est pas responsable du
chômage et des conditions sociales difficiles de certains quartiers. Elle
doit resserrer les liens avec les entreprises, se rapprocher du monde du
travail mais elle doit préparer les jeunes à leur insertion
sociale et citoyenne et donc leur donner les moyens d'affronter un monde
souvent difficile ou règne la concurrence et parfois la
discrimination.
Le ministre de l'éducation nationale, de
la recherche et de la technologie
Claude ALLÈGRE
La ministre déléguée,
chargée de l'enseignement scolaire
Ségolène ROYAL
(1) Ces jeunes sortent
soit d'une classe de premier cycle, soit de l'enseignement spécial, soit
de la première année de
préparation d'un BEP ou d'un CAP (sous statut scolaire ou en
apprentissage).
ENSEIGNEMENT EN LYCÉE
Réforme des lycées : classes de seconde
générale
et technologique - rentrée 1999
NOR : MENE9901089N
RLR : 520-1 ; 524-0d
NOTE DE SERVICE N° 99-073
DU 20-5-1999
MEN
DESCO A3 ET A4
Texte adressé aux recteurs d'académie
PRÉSENTATION GÉNÉRALE
o La mise en place de la classe de seconde à la
rentrée 1999 constitue la première étape de la
réforme des lycées. Celle-ci se poursuivra en classe de
première à la rentrée 2000 et en classe terminale à
la rentrée 2001. Les textes réglementaires concernant
l'organisation et les horaires de ces trois classes sont parus au Journal
officiel du 30 mars 1999 et au B.O. du 8 avril 1999 (arrêtés du 18
mars 1999).
S'agissant du calendrier d'application de la
réforme en classe de seconde, un dispositif transitoire est prévu
pour la rentrée 1999 compte tenu de la proximité de cette
rentrée. Les dispositions essentielles de la réforme, notamment
l'aide individualisée, le nouveau cadre horaire et l'introduction de
nouveaux enseignements, entrent en vigueur dès cette rentrée. En
revanche, d'autres mesures n'interviendront qu'à la rentrée 2000
: rénovation des options technologiques et application de nouveaux
programmes disciplinaires dans certaines disciplines.
La présente note de service a pour objet
d'apporter des précisions sur les objectifs de la nouvelle classe de
seconde, sur la structure des enseignements et les nouvelles dispositions qui
la caractérisent.
L'organisation de la classe de seconde est
guidée par les principes suivants :
- préserver le caractère de
détermination de
cette classe en permettant un choix ouvert de la série menant au
baccalauréat,
- accompagner chaque élève de
manière adaptée afin qu'il trouve, dans le cadre du lycée,
toute l'aide nécessaire à l'appropriation des savoirs et à
l'acquisition de son autonomie,
- développer des enseignements qui
permettent à l'élève de mieux appréhender le monde
qui l'environne, d'exercer son jugement (éducation civique, juridique et
sociale), d'acquérir de nouvelles compétences (pratique du
débat argumenté, développement des capacités de
communication en langues, pratique des outils modernes de communication et
d'information), de s'ouvrir à la vie culturelle et artistique (ateliers
d'expression artistique).
I - La classe de seconde générale et technologique est une classe
de détermination
La classe de seconde est
réaffirmée comme une classe de détermination.
La classe de seconde comprend des enseignements
communs à tous les élèves, deux enseignements de
détermination au choix, auxquels peut s'ajouter le choix d'un seul
enseignement facultatif.
Le choix des enseignements de
détermination ne doit en aucun cas aboutir à enfermer les
élèves dans des choix d'orientation irréversibles. Les
enseignements de détermination sont conçus pour permettre aux
élèves de tester leurs goûts et leurs aptitudes. Aucun de
ces enseignements ne peut être imposé en vue de l'accès
à une série de première déterminée. Pour les
élèves n'ayant pas suivi certains de ces enseignements en classe
de seconde, les horaires des disciplines correspondantes en classe de
première pourront être renforcés.
De manière générale, le
choix des enseignements de détermination est fonction de l'état
de maturité du projet d'études de chaque
élève. Deux cas de figure
peuvent se présenter :
- celui des élèves n'ayant pas de
projet particulier à l'issue de leur scolarité en collège
ou dont les choix ne sont pas encore fixés. Ces élèves -
qui constituent la majorité des élèves de seconde - ont
avantage à utiliser pleinement les enseignements de détermination
pour préciser progressivement le type de poursuite d'études vers
la série qui leur conviendra le mieux en première.
Il faut souligner à cet égard
l'intérêt d'un panachage entre un enseignement à dominante
technologique et un enseignement de détermination de LV2 dont il
convient de recommander le suivi à un maximum d'élèves
compte tenu du fait que cette dernière fait partie des enseignements
obligatoires en premières ES, L, S, STT. Ces combinaisons
présentent l'avantage, outre d'élargir l'horizon culturel des
élèves, de préserver des possibilités d'orientation
très variées à l'issue de la seconde.
- celui des élèves qui ont un
projet de poursuite d'études dès la fin de la troisième
:
a) s'il s'agit d'élèves
décidés à s'orienter vers la voie générale,
le choix de deux enseignements généraux dont la LV2 peut
être recommandé sans exclure des combinaisons du type de celle
précisée à l'alinéa précédent.
b) s'il s'agit d'élèves plus
portés à s'orienter vers la voie technologique, le choix de deux
enseignements technologiques peut s'avérer judicieux, notamment dans le
cadre de certains parcours (STI, STL, SMS...). Ces parcours sont
mentionnés à titre indicatif en note de l'arrêté sur
la classe de seconde.
Les couplages d'enseignements technologiques
significatifs de parcours particuliers ne doivent en aucun cas être
imposés aux élèves. Ceci pourrait laisser croire aux
élèves les moins bien informés que l'admission en classe
de première peut être automatiquement subordonnée à
la combinaison de deux enseignements de détermination
particuliers.
Le choix d'une LV2 en enseignement facultatif
est réservé aux élèves ayant choisi un couplage
d'enseignements technologiques. Les
élèves ayant choisi deux enseignements de détermination
technologiques peuvent être dispensés de l'enseignement de
sciences de la vie et de la Terre du tronc commun. Ils peuvent toutefois suivre
cet enseignement s'ils le souhaitent et si leur lycée peut le leur
proposer.
II - Dispositif d'accompagnement pédagogique des élèves
Un des axes forts de la réforme des
lycées consiste à centrer plus étroitement le lycée
sur les besoins des élèves afin de favoriser la réussite
de chacun. C'est pourquoi, les heures de cours stricto sensu ont
été réduites pour laisser plus de place aux
activités d'enseignement en petits groupes permettant de répondre
plus précisément aux attentes des élèves
grâce à des approches pédagogiques variées. Le
travail au CDI sous la responsabilité des documentalistes, en
laboratoire de langue, en atelier d'informatique doit permettre de
développer les capacités d'autonomie des élèves.
Les dédoublements lorsque les effectifs
le justifient, les modules, l'aide individualisée permettent à la
fois un accompagnement pédagogique de tous les élèves et
une aide complémentaire pour ceux qui en ont le plus besoin.
Le dispositif d'accompagnement
pédagogique implique l'ensemble de la communauté éducative
: il doit s'inscrire dans le projet d'établissement. Le conseil
d'administration arrêtera les modalités de ce dispositif
après avoir consulté le conseil de la vie lycéenne.
- l'enseignement modulaire
est organisé pour tous les élèves dans les disciplines
suivantes : français (0,5 h), LV1 (1h), histoire-géographie
(0,5h), mathématiques(1,5h).
Introduits dans le cadre de la réforme
des lycées de 1992, les modules ont été conçus pour
répondre à la fois aux exigences des apprentissages, notamment
méthodologiques, requis à ce niveau de l'enseignement scolaire et
à leur mise en uvre pour des élèves dont les besoins
sont naturellement hétérogènes.
Chaque professeur des quatre disciplines
concernées par un module a la charge d'enseigner à la fois en
cours et en module. Les professeurs peuvent enseigner à des
élèves d'autres classes si cela correspond à un projet
défini par l'équipe pédagogique.
Le récent rapport de l'inspection
générale sur les modules a bien montré
l'intérêt pédagogique, tant pour les élèves
que pour leurs professeurs, d'une mise en uvre du dispositif
complémentaire, cours et module, telle que la prévoient les
recommandations de la note de service du 25 mai 1992 qui restent pertinentes et
auxquelles les équipes pédagogiques pourront valablement se
référer.
Il a montré également l'importance
que revêt une organisation non pérenne des groupes, conduisant
à découpler les modules et à mettre en parallèle
les emplois du temps d'au moins deux classes pour conserver la fluidité
des groupes nécessaire au suivi des élèves dont "les
besoins en remédiation, méthodologie ou approfondissement ne sont
pas complémentaires à l'intérieur du groupe classe*".
- l'aide individualisée
est apportée à des élèves, constitués en
petits groupes (huit élèves au maximum), qui rencontrent des
difficultés ponctuelles ou présentent des lacunes plus profondes
que l'enseignement en module ne peut résoudre.
Cette aide doit permettre de redonner confiance
aux élèves en leur offrant la possibilité, avec l'appui de
leurs professeurs, de s'interroger sur leurs difficultés et sur les
méthodes qui leur sont proposées. De la sorte, ils sont ainsi mis
en situation d'acquérir peu à peu une autonomie et de nouvelles
compétences pour rentrer dans la logique du travail qui leur est
demandé.
Pour la mise en place de l'aide à la
rentrée 1999, la dotation horaire globale comprend deux heures
hebdomadaires pour toutes les divisions de seconde. Cette dotation de base est
affectée au français et aux mathématiques.
Des établissements,
sélectionnés par les autorités académiques en
fonction de critères sociaux et/ou scolaires, recevront une dotation
complémentaire de deux heures pour les divisions qui en ont le plus
besoin. Le volant d'aide supplémentaire peut être utilisé
soit pour créer davantage de groupes dans les deux disciplines
précitées, soit dans d'autres disciplines en fonction des besoins
des élèves.
La mise en uvre de l'aide
individualisée peut s'effectuer de la manière suivante :
- pendant le mois qui suit la rentrée
scolaire des groupes sont constitués à partir des
difficultés individuelles mises en évidence par
l'évaluation en classe de seconde organisée en début
d'année, complétée par un entretien de
l'élève avec ses professeurs :
- des objectifs et un plan de travail pour
quelques semaines sont proposés à chaque élève par
les enseignants qui procèdent ensuite à une analyse et un bilan
permettant de compléter ou de réorienter la nature de l'aide
apportée à chacun des élèves concernés. Ce
bilan interviendra plusieurs fois dans l'année scolaire selon une
périodicité définie par l'équipe
éducative.
Le dispositif sera évalué dans sa
première année de fonctionnement notamment au sein du conseil
d'administration et du conseil de la vie lycéenne.
Les heures d'aide sont incluses dans le service
obligatoire des enseignants ou éventuellement
rémunérées en heures supplémentaires.
III - Autres dispositions nouvelles de la réforme
1 - Éducation civique, juridique et sociale
Les établissements sont non seulement des
lieux d'acquisition de savoirs mais également des lieux d'apprentissage
de la citoyenneté. Les nouvelles instances de la vie lycéenne,
mises en place dans tous les établissements, favorisent des pratiques
plus responsables fondées sur les droits et les devoirs du
lycéen.
L'enseignement d'éducation civique,
juridique et sociale répond à une demande forte des
lycéens. Il vise à l'apprentissage de la citoyenneté et de
la démocratie ainsi qu'à la compréhension du monde
contemporain ; il est l'occasion de mettre en uvre des méthodes
pédagogiques associant étroitement les élèves au
travail effectué sur des thèmes de société et
d'actualité répondant aux préoccupations de jeunes adultes
(dossiers, exposés, débats).
Cet enseignement est obligatoire.
L'horaire hebdomadaire de 0,5 heure (en classe
dédoublée) peut être regroupé par quinzaine ou par
mois pour faciliter l'organisation de débats argumentés. Des
formules souples d'aménagement des horaires seront encouragées
afin de permettre la réussite de cet enseignement novateur.
En classe de seconde, l'éducation
civique, juridique et sociale est assurée prioritairement par les
professeurs volontaires d'histoire-géographie. Dans le cadre de
l'organisation pédagogique propre à l'établissement,
d'autres professeurs, compétents dans les domaines concernés,
peuvent y contribuer, en particulier les professeurs de sciences
économiques et sociales ou de philosophie.
L'éducation civique, juridique et sociale
fera l'objet d'une université d'automne ainsi que de stages inscrits au
plan national de formation et dans les plans académiques de formation.
En accompagnement des programmes, des fiches pédagogiques seront
diffusées.
2 - Langues vivantes
L'amélioration des compétences
linguistiques des élèves constitue un des objectifs de la
réforme des lycées. Celle-ci vise en effet à créer
les conditions d'un apprentissage plus efficace permettant en particulier de
développer les compétences de communication orale.
Deux types de mesures concourent à cet
objectif :
- d'une part, les modules en LV1 et
l'introduction de dédoublements en LV2 et LV3. Ce nouveau dispositif
doit permettre aux enseignants d'entraîner plus intensivement les
élèves à la pratique de la langue, de diversifier les
approches pédagogiques et d'avoir plus souvent recours aux technologies
de l'information et de la communication,
- d'autre part, la participation d'assistants
étrangers à l'apprentissage. Ils aident les élèves
à se familiariser avec la conversation courante.
Les séances qu'ils conduisent doivent
être en relation directe avec le cours de l'enseignant et
préparées avec celui-ci, à partir des recommandations
élaborées par le groupe technique disciplinaire. Le recrutement
de ces assistants se fera de manière progressive. S'agissant plus
particulièrement de la rentrée 1999, les assistants disponibles
seront prioritairement affectés en classe de seconde en LV1.
Pour compléter ce dispositif,
l'organisation, pour les élèves, de stages intensifs sur
plusieurs jours, dans le cadre de l'établissement, sera
encouragée.
3 - Ateliers d'expression artistique
La création et la mise en uvre des
ateliers d'expression artistique correspondent à une attente forte des
lycéens. À côté des enseignements artistiques
facultatifs qui sont maintenus, ils apportent une formation correspondant
à la volonté de donner aux élèves, dans une
exigence de démocratisation, l'accès pour tous aux arts et
à la culture.
Chaque atelier regroupe les élèves
volontaires, tous niveaux confondus et sans distinction de série.
Prioritairement implantés dans les
établissements où il n'existe actuellement aucune offre de
formation artistique, ils seront progressivement
généralisés à tous les lycées.
Les ateliers sont de soixante-douze heures qui
seront réparties sur l'année en fonction d'un projet conçu
et encadré par un enseignant (ou une équipe pédagogique
volontaire), spécialiste d'un domaine artistique ou ayant acquis une
compétence dans les domaines artistiques. Un professeur de
l'éducation nationale peut également être responsable de
l'organisation, du suivi et de l'évaluation du travail de plusieurs
ateliers conduits par des intervenants, notamment en théâtre et en
musique.
Des professeurs d'enseignement artistique de
collège pourront intervenir dans ce type d'enseignement en étant
rémunérés en HSE. Les ateliers d'expression artistique ont pour vocation d'être
des lieux d'ouverture, pour les établissements scolaires, à
l'environnement culturel et artistique et aux structures de formation et de
diffusion qui les animent en faisant largement appel à des intervenants
sélectionnés par des commissions mixtes rectorat et direction
régionale des affaires culturelles. Ce partenariat prendra appui sur des
conventions ou des accords de jumelage passés dans le cadre des
politiques conjointement conduites par les recteurs d'académie et les
directeurs régionaux des affaires culturelles.
Des crédits spécifiques seront
attribués pour financer l'intervention de ces partenaires.
L'atelier d'expression artistique s'inscrit
comme un élément essentiel du volet culturel du projet
d'établissement qui précise et justifie les conditions de son
renouvellement.
Les lycéens seront étroitement
associés, notamment dans le cadre de la vie lycéenne, à la
conception des projets d'atelier et à leur fonctionnement.
Une note de service apportera des
précisions sur les contenus pédagogiques des ateliers qui
s'appuieront, chaque fois que possible, sur les acquis, les aspirations et les
pratiques des élèves.
4 - Enseignement de détermination
d'EPS
Un enseignement de cinq heures, dont une heure
dédoublée, est proposé en enseignement de
détermination ; il exclut, pour les élèves qui ont
opté pour cet enseignement, le choix de l'option facultative
d'EPS.
Les objectifs, les contenus et les conditions de
mise en uvre de cet enseignement qui pourra se prolonger en
première et en terminale en vue d'un baccalauréat technologique
EPS, seront précisés ultérieurement. Un programme sera
proposé à titre transitoire pour la rentrée 1999 dans
l'attente d'un programme définitif pour la rentrée 2000.
L'implantation de cet enseignement en seconde
à compter de la rentrée 1999, s'effectuera de manière
très progressive, à raison, dans un premier temps, de deux
établissements par académie volontaire pour l'assurer. Les
critères de choix des établissements d'accueil sont liés
aux équipements sportifs des lycées et à l'environnement
immédiat ainsi qu'aux possibilités d'accueil en internat pour les
élèves.
5 - Mise à niveau en informatique
Cet enseignement est à mettre en place
dans chaque établissement. Il ne concerne pas l'ensemble des
élèves de seconde mais un public ciblé insuffisamment
familiarisé avec la pratique de l'outil informatique au collège
pour suivre l'utilisation des nouvelles technologies dans toutes les
disciplines du lycée. Sa mise en place s'appuiera sur des informations
communiquées par les professeurs de collège en fin de
troisième selon des modalités qui seront précisées
prochainement. Son financement doit s'effectuer dans le cadre des moyens dont
disposent les établissements.
6 - Heures de vie de classe
Ces heures visent à permettre un dialogue
permanent entre les élèves de la classe, entre les
élèves et les enseignants ou d'autres membres de la
communauté scolaire, sur toute question liée à la vie de
la classe, à la vie scolaire ou tout autre sujet intéressant les
lycéens. Elles sont inscrites
à l'emploi du temps de tous les élèves. Si la
fréquence et les modalités d'organisation de ces heures peuvent
être variables selon les établissements, elles doivent cependant
avoir lieu au minimum tous les mois et être organisées sous la
responsabilité du professeur principal ou des conseillers principaux
d'éducation, avec le concours des enseignants de la classe, des
conseillers d'orientation-psychologues, des documentalistes et des personnels
de santé.
Selon les thèmes et les sujets
abordés au cours de ces heures, elles peuvent être animées
par des personnels de l'établissement ou par les
lycéens eux-mêmes. L'organisation et le contenu de ces heures sont
définis par le conseil d'administration après avis du conseil de
la vie lycéenne.
IV - Les programmes pour l'année scolaire 1999-2000
Des contenus de programmes nouveaux et des
aménagements de programmes actuellement en vigueur en classe de seconde
seront présentés au conseil supérieur de
l'éducation lors de la séance du mois de juillet 1999. Leur
publication interviendra peu après. Les enseignements suivants sont
concernés :
programmes des nouveaux enseignements :
- éducation civique, juridique et
sociale
- éducation physique et sportive
(enseignement de détermination)
- arts : domaine danse
aménagement de programmes
d'enseignements existants
- français
- mathématiques
- sciences économiques et sociales
- sciences et techniques
médico-sociales
- sciences et techniques biologiques et
paramédicales
- techniques des sciences physiques
- histoire-géographie
Les aménagements prévus par la circulaire n°98-212 du
27-10-1998 (B.O. hors-série n°12 du 9-10-1998) pour les
enseignements de physique-chimie et de sciences de la vie et de la Terre sont
reconduits.
Pour le ministre de l'éducation
nationale, de la recherche et de la
technologie
et par délégation,
Le directeur de l'enseignement scolaire
Bernard TOULEMONDE
* rapport de Marc Fort et Marc Baconnet de l'inspection générale de l'éducation nationale : "les modules en lycée", juin 1998.