Bulletin Officiel
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ENSEIGNEMENTS
ÉLÉMENTAIRE ET
SECONDAIRE
HORAIRES
Aménagement des temps et des
activités de l'enfant : mise en place du contrat éducatif local
et des rythmes périscolaires
NOR : SCOB9801882C
RLR : 514-3 ; 524-0
CIRCULAIRE N° 98-144 DU 9-7-1998
MEN
DESCO
MCC-MJS
Texte adressé aux préfets
de région ; aux recteurs d'académie ; aux préfets ; aux
inspecteurs et inspectrices d'académie, directeurs et
directrices des services départementaux de l'éducation
nationale
o La
manière dont un enfant met à profit son temps en dehors des
heures de classe est importante pour sa réussite scolaire,
l'épanouissement de sa personnalité et son apprentissage de la
vie sociale. Il convient donc de prévoir - en particulier pour
ceux qui ont le plus de difficultés à accéder aux différentes
formes de culture - une organisation de ce temps propre à
favoriser leur développement harmonieux.
L'enfant ou l'adolescent tirera
d'autant mieux parti de son temps scolaire et de son temps libre
que ceux-ci seront mieux articulés et équilibrés. Le désir de
connaître et d'être ensemble se nourrit volontiers d'activités
culturelles, sportives ou ludiques, menées dans le cadre du
temps libre, qui peuvent être l'occasion pour chaque enfant de
se découvrir des talents et contribuer à la réussite de sa
scolarité. La fatigue, le désoeuvrement, l'offre d'activités
trop éparpillées ou trop coûteuses, sont autant d'obstacles à
l'égalité d'accès de tous au savoir, à la culture, au sport.
Face à ce véritable enjeu de
société, l'État a la volonté de mobiliser tous les
partenaires qui, à divers titres, sont responsables de
l'éducation et des jeunes : les administrations et les
établissements de l'État (éducation nationale, culture,
jeunesse et sports, ville), les collectivités territoriales, les
associations, en particulier sportives, culturelles et
éducatives, les organismes à vocation sociale (CAF, FAS) et
naturellement les familles. Tous ceux et celles qui ont en
charge, à un titre ou à un autre, la formation des enfants et
des adolescents, ont vocation à participer à la définition
d'un projet éducatif qui, en respectant la diversité des
rythmes de vie et d'apprentissage et des centres d'intérêt,
favorise leur accès à la diversité des connaissances, des
lieux de savoir et des pratiques. Ils devront s'engager à
coordonner leurs moyens et mettre en commun leurs compétences
pour élaborer des contrats éducatifs locaux.
La présente note a pour objet
d'encourager les activités offertes aux enfants et aux
adolescents en dehors des heures scolaires.
I - Le projet éducatif local
1.1. Le public visé
Sont concernés par ces projets
les enfants et adolescents scolarisés à l'école maternelle et
élémentaire et au collège. Ces projets pourront être
proposés sur l'ensemble du territoire, mais devront être
élaborés en priorité dans les zones sensibles et en
difficulté urbaines et rurales. On veillera à ce qu'ils
puissent concerner des secteurs géographiques aussi larges et
cohérents que possible (communes, groupements de communes,
arrondissements ou quartiers de grandes villes), afin d'éviter
les disparités parfois observées et de renforcer le lien
social.
1.2. L'aménagement des
différents temps
La politique d'aménagement des
temps et des activités de l'enfant implique une réflexion
globale sur l'équilibre entre temps scolaire, périscolaire et
extra-scolaire. En dehors du temps des apprentissages scolaires,
qui relève de la responsabilité de l'éducation nationale, on
peut en effet distinguer deux temps pour l'organisation
d'activités :
- le temps périscolaire,
immédiatement avant ou après l'école, c'est à dire :
. le temps du transport scolaire,
. la période d'accueil avant la
classe,
. le temps de la restauration à
l'école,
. après la classe, les études
surveillées, l'accompagnement scolaire, les activités
culturelles ou sportives,
. le mercredi après-midi ;
- le temps extra-scolaire situé
en soirée, le mercredi lorsqu'il n'y a pas classe, en fin de
semaine et pendant les vacances.
Le contrat éducatif local a
vocation à fixer l'organisation des activités périscolaires et
à indiquer le cadre juridique dans lequel elles s'inscrivent. Il
inclut aussi, autant que possible, les activités extra-scolaires
organisées par les collectivités territoriales, des
associations ou par d'autres intervenants, notamment les
structures artistiques et culturelles relevant du ministère de
la culture et de la communication, les services des ministères
de la jeunesse et des sports et de la ville. Les personnels de
l'éducation nationale pourront s'y associer, par exemple dans le
cadre des opérations " Ecole ouverte ".
La mise en cohérence des
activités de l'enfant durant ces différents temps suppose une
articulation entre le projet éducatif local et les projets des
écoles et des collèges de son secteur d'application, ce que
permet le contrat éducatif local.
1.3. Les activités
Les activités proposées aux
enfants et aux jeunes visent, en particulier, à compenser les
inégalités qui subsistent encore dans l'accès à la culture et
aux savoirs et qui se creusent souvent pendant les temps où ils
ne sont pris en charge ni par l'école, ni par leur famille. Ces
activités, dont la conception et la mise en oeuvre relèvent de
la responsabilité des partenaires locaux, respecteront quelques
principes et préalables essentiels :
- éviter la dispersion des
activités tout en consacrant à chacune d'elle un temps
suffisant de pratique et en envisageant une progression de ces
activités ;
- vérifier la qualification des
intervenants, conformément à la réglementation en vigueur ;
- encourager l'implication des
enfants et des jeunes en les aidant à élaborer des projets ;
- être vigilant sur la place des
temps de repos et de jeux et des activités plus spontanées qui
ponctuent et enrichissent la journée afin d'éviter tout effet
d'accumulation ;
- associer étroitement les
parents à la mise en place des projets et à leur réalisation.
Ces activités par ailleurs
pourront répondre aux objectifs suivants, entre autres :
- le développement de
l'inventivité, des aptitudes logiques notamment par la pratique
de jeux individuels et collectifs ;
- le développement de la
curiosité et de l'esprit scientifique par l'expérimentation ;
- l'aptitude à la communication,
en particulier par l'utilisation des technologies de
l'information et de la communication ;
- la connaissance de son corps et
sa maîtrise par diverses activités physiques et sportives et
d'éducation à la santé ;
- le développement de la
sensibilité, de la curiosité et de la créativité par l'accès
aux pratiques artistiques et culturelles ;
- l'amélioration des résultats
scolaires grâce à des actions respectant les principes de la
Charte de l'accompagnement scolaire ;
- l'apprentissage de la vie
collective et de la citoyenneté.
II - Mise en uvre du contrat éducatif local
2.1. L'appel à projets
Dans chaque département, les
administrations de l'Etat concernées par la mise en oeuvre de ce
dispositif se constitueront en groupe de pilotage et devront,
sous la responsabilité conjointe du préfet et de l'inspecteur
d'académie, sensibiliser les partenaires et travailler en
concertation, notamment avec les organismes et collectivités
susceptibles de participer au financement de ces opérations,
afin :
- d'élaborer une stratégie
d'intervention à partir d'un diagnostic commun, prenant en
considération l'existence de projets déjà contractualisés
(CARVEJ, sites pilotes ...) ;
- de déterminer conjointement les
objectifs, les stratégies de la politique départementale, les
critères de validation des projets qu'elles feront connaître ;
- d'établir un document fixant
les modalités et les échéances ;
- de mettre en place une
information commune et adaptée auprès des collectivités
territoriales et des partenaires.
Un appel à projets est adressé
à tous les partenaires susceptibles de s'engager dans un contrat
éducatif local : services et établissements de l'Etat,
collectivités territoriales, associations.
Cet appel à projets s'accompagne
d'un cahier des charges, élaboré par le groupe de pilotage, qui
doit rester suffisamment souple pour permettre aux initiatives
locales de se développer librement.
2.2. L'élaboration du projet
au plan local
En réponse à cet appel,
l'initiative peut être prise par l'un quelconque des partenaires
intéressés. Afin de pouvoir mettre en place les collaborations
nécessaires sur le territoire retenu, un groupe local de
pilotage est formé, composé des partenaires locaux et animé
par le ou les maire(s) et des représentants des services
déconcentrés.
Il lui appartient de désigner un
coordonnateur, d'élaborer le projet de contrat éducatif local
et d'en assurer le pilotage et le suivi.
2.3. La validation du projet au
plan départemental
Le groupe départemental de
pilotage examine chacun des projets locaux, s'assure qu'ils ont
bien recueilli l'assentiment de tous les partenaires et valide
ceux qui feront l'objet d'un contrat éducatif local.
2.4. Le contrat
Le contrat éducatif local associe
toutes les parties prenantes au projet. Prévu pour une durée de
trois ans renouvelables, il est signé entre l'Etat, la (ou les )
collectivité(s) locale(s) et, s'il y a lieu, les EPLE et les
associations concernés. Il peut être complété ou adapté
chaque année par avenant.
Sont notamment précisés dans le
contrat la localisation des activités proposées, (soit dans les
locaux scolaires, soit à l'extérieur) et le ou les
responsable(s) de l'organisation de ces activités : ce peut
être, selon le cas, une collectivité territoriale, l'EPLE ou
une association. Sont précisées également les conditions dans
lesquelles des personnels employés par les EPLE, notamment les
aides éducateurs, peuvent être mis à disposition du
responsable et les personnels de l'Etat peuvent concourir à ces
activités.
Les locaux scolaires seront
ouverts au maximum pour accueillir les enfants et adolescents au
cours des activités périscolaires prévues par le contrat
éducatif local. Ce contrat comporte, autant que de besoin,
autorisation d'utiliser les locaux scolaires conformément aux
dispositions des circulaires du 22 mars 1985 et du 15 octobre
1993, prises en application de l'article 25 de la loi n° 83-663
du 22 juillet 1983. Préalablement à la signature du contrat
éducatif local, d'une part le conseil d'école ou le conseil
d'administration, selon le cas, doit être consulté pour avis,
d'autre part le maire doit obtenir l'accord de la collectivité
propriétaire ou attributaire des bâtiments.
Le contrat éducatif local a
vocation à intégrer les contrats d'aménagement des rythmes de
vie des enfants et des jeunes (ARVEJ) dans des conditions et à
un rythme définis par le groupe départemental de pilotage et
les dispositifs d'accompagnement scolaire Animations éducatives
périscolaires (AEPS), Réseaux solidarité école (RSE),
Contrats locaux d'accompagnement scolaire (CLAS), ainsi que les
actions d'accompagnement scolaire financées dans le cadre des
contrats de ville. D'autre part, la cohérence avec les contrats
" temps libre " des caisses d'allocations familiales
sera recherchée.
III - Moyens et financement
Chaque projet retenu pourra
bénéficier des moyens et des financements de l'État. Le
ministère de l'éducation nationale offrira le concours des
personnels enseignants volontaires, ainsi que des aides
éducateurs employés dans les écoles et les collèges dans le
cadre des dispositions de la circulaire régissant leurs
conditions d'emplois : dans ce dernier cas, une convention
relative à l'exercice des fonctions d'aide éducateur en dehors
du temps scolaire sera signée entre l'employeur et la
collectivité locale ou l'association organisatrice des
activités. En outre, une partie des crédits pédagogiques
déconcentrés pourra être engagée dans ce dispositif.
Le ministère de la jeunesse et
des sports y consacrera les compétences de ses personnels,
notamment pour l'accompagnement des projets, et les crédits
incitatifs accordés aujourd'hui aux contrats ARVEJ, aux
sites-pilotes et à divers autres contrats locaux. Le ministère
de la culture mobilisera l'ensemble de ses structures et
participera au financement de certains projets. Le ministre
délégué à la ville apportera son soutien financier à ces
projets en fonction de ses compétences.
Les autres contributeurs seront
les collectivités locales qui apporteront des personnels
compétents, des équipements, des moyens financiers, le cas
échéant les caisses d'allocations familiales, le fonds d'action
sociale pour les travailleurs immigrés et leur famille et des
départements ministériels concernés par des activités
spécifiques (agriculture, industrie, environnement...).Tous les
financements devront être identifiés dans le projet de budget.
On veillera à ce qu'aucun enfant ne soit écarté, pour des
raisons économiques, des activités proposées, l'objectif
étant de tendre vers la gratuité.
IV - Suivi et évaluation
Pour atteindre une pleine efficacité, ce dispositif doit être suivi et évalué au plus près du terrain, aux plans local et départemental. Au niveau du département, le groupe de pilotage s'adjoindra le concours d'élus, de représentants des enseignants et des parents d'élèves et de toutes les personnes-ressources concernées (notamment des représentants des associations sportives, culturelles et éducatives et des organismes à vocation sociale) pour assurer le pilotage, le suivi et l'évaluation du dispositif. Par ailleurs, au plan national, un groupe de suivi interministériel ouvert aux différents partenaires évaluera la validité et l'efficacité du dispositif, en liaison avec les groupes de pilotage départementaux. Il dressera un bilan annuel.
V - Calendrier
Certaines actions pourront débuter dans le courant de l'année scolaire 1998-1999 en fonction des délais nécessaires à l'élaboration du projet local et à l'évolution des contrats en cours.
VI - Conclusion
L'aménagement des temps et des
activités de l'enfant constitue un enjeu de société important.
Les principes et les objectifs énoncés dans cette circulaire
traduisent la volonté du gouvernement de promouvoir la réussite
et l'épanouissement des enfants et des jeunes, en particulier
des plus défavorisés d'entre eux, et de franchir une étape
supplémentaire dans la cohérence de l'action publique. Les
contrats éducatifs locaux constitueront ainsi un moyen
privilégié pour contribuer à garantir l'égal accès des
enfants et des jeunes aux savoirs, à la culture et au sport dans
toutes leurs dimensions.
(Les dispositions prévues par la
circulaire n° 95-243 EN et n° 95-179 JS du 31 octobre 1995
seront abrogées à compter du 1er septembre 1999).
La ministre déléguée
chargée
de l'enseignement scolaire
Ségolène ROYAL
La ministre de la jeunesse et des
sports
Marie-George BUFFET
La ministre de la culture et de la
communication
Catherine TRAUTMANN
Le ministre délégué à la ville
Claude BARTOLONE