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La lutte contre le décrochage scolaire

Faire que chaque jeune puisse construire son avenir professionnel et réussir sa vie en société : la lutte contre le décrochage scolaire est une priorité nationale et un enjeu dans le cadre de la "Stratégie Europe 2020".

 

La lutte contre le décrochage scolaire est une priorité nationale et un enjeu dans le cadre de la "Stratégie Europe 2020". Elle articule prévention et remédiation autour d’un objectif central : faire que chaque jeune puisse construire son avenir professionnel et réussir sa vie en société.

Cependant, le décrochage scolaire n’est pas un phénomène uniforme et homogène. Il se matérialise par autant de trajectoires individuelles et d’histoires de vie et s’explique par une combinaison de facteurs de risques internes et externes à l’École. La réponse ne peut donc être univoque.

C'est la raison pour laquelle notre pays s'est engagé à mettre en œuvre une véritable politique partenariale de lutte contre le décrochage scolaire regroupant l'ensemble des acteurs et structures mobilisés pour la formation et l'insertion des jeunes. L'éducation nationale a porté des évolutions importantes notamment sur le plan législatif : le droit au retour en formation pour tous les jeunes sortis du système éducatif sans diplôme ni un niveau suffisant de qualification ( article L-122 du code de l'éducation ) et l'obligation de formation pour les jeunes âgés de 16 à 18 ans (article L-144 du code de l'éducation ).

Vaincre le décrochage, un enjeu de cohésion sociale et une politique portée par l’Europe

La lutte contre le décrochage constitue un enjeu majeur humain, social et économique. L'Union européenne s'est engagée dans la lutte contre le décrochage scolaire car ce dernier représente un obstacle majeur à la réalisation de la stratégie Europe 2020. Le conseil européen du 17 juin 2010 a réaffirmé l'enjeu pour les systèmes éducatifs européens de réduire le taux d'abandon scolaire, améliorer les niveaux d'éducation et favoriser l'inclusion sociale. L'objectif fixé consiste à faire passer en 2020, le taux d'abandon scolaire moyen dans l'Union européenne sous la barre des 10 %. Dans ce cadre, la France a atteint les objectifs qu’elle s’était fixée et le taux d’abandon scolaire est de 8.2% en 2019 (12,6% en 2010).

Il s'agit de réduire les inégalités concernant l’accès au savoir tout en élevant le niveau de qualification et de compétences de l'ensemble de la population scolarisée. 

La politique de prévention et de lutte contre le décrochage scolaire menée depuis plusieurs années, produit aujourd’hui des effets avec la baisse sensible du nombre de jeunes qui sortent chaque année sans qualification (95 000 jeunes environ - source Depp) et de ceux qui, ayant abandonné leurs études sans diplôme, ne se retrouvent en situation de NEETS (not in employment, education or training). Si le décrochage scolaire n’est en effet pas endigué, cette baisse sensible est due à un meilleur repérage des jeunes et à la mobilisation de l’ensemble des acteurs.

Les mesures de lutte contre le décrochage scolaire vont être renforcées à la rentrée scolaire 2020 par la mise en œuvre de l’obligation de formation qui vise à ce "qu’aucun jeune de moins de 18 ans ne se trouve sans solution et soit scolarisé, en formation, ou en emploi", comme annoncé par le Président de la République le 13 septembre 2018 à l’occasion du lancement de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté, 

L'article 15 de la loi n°2019-791 du 26 juillet 2019 "pour une école de la confiance" concrétise l'engagement du Gouvernement de lutter contre la pauvreté et le décrochage des jeunes les plus fragiles. La loi prévoit le droit, pour chaque jeune entre 16 et 18 ans, de pouvoir intégrer un parcours adapté à ses besoins. L'obligation de formation va au-delà du droit au retour en formation ou du droit à une formation professionnelle : elle inclut d'autres situations comme l'emploi, le service civique et l'engagement dans un dispositif 

Dans le contexte de la crise sanitaire actuelle, la lutte contre le décrochage scolaire au niveau national s’est adaptée afin de prendre en compte la situation des élèves les plus fragiles qui ont pris leur distance avec l’école. Des plans d’action académiques opérationnels se sont déployés afin d’organiser le maintien du lien avec chaque élève, des propositions de soutien et d’appui se sont développées (tutorat, remise à niveau, remobilisation scolaire). L’ONISEP a mis à disposition des établissements scolaires des ressources pédagogiques liées au contexte actuel. Dans le cadre des Quartiers Prioritaires de la politique de la Ville (QPV), un tutorat spécifique est d’ores est proposé aux jeunes fragilisés par le confinement. Le recueil d’indicateurs précis permet un pilotage au plus près des contextes locaux, la mobilisation de l’ensemble des partenaires renforce le maillage territorial. Enfin, une campagne de communication est active sur les réseaux sociaux et dans les médias afin de rappeler aux jeunes qu’il faut "s’accrocher" et les incite à recontacter leur établissement scolaire.

Une gouvernance partagée Etat/Région

La loi n 2014-288 du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie sociale a confié aux régions, en lien avec les autorités académiques, la mise en œuvre et la coordination des actions de prise en charge des jeunes sortis du système scolaire sans diplôme ou sans un niveau de qualification suffisant.

Un protocole d’accord entre l’Etat et l’association des régions de France (ARF) relatif à la lutte contre le "décrochage" scolaire a été signé en juillet 2015. Il s’est décliné en 24 conventions "Décrochage", de type Etat-région, signées dans les territoires à la fin 2015. Ces conventions sont en cours de révision du fait de la constitution des nouvelles régions.

L’évolution de l’organisation territoriale des ministères chargés de l'Éducation nationale et de la Jeunesse et de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'innovation vise à améliorer la gouvernance territoriale des politiques publiques dont ils ont la charge, pour assurer un meilleur service aux usagers. Les objectifs recherchés sont une meilleure articulation entre tous les niveaux d’administration territoriale (régional, académique, départemental et infra départemental), une cohérence renforcée avec la carte des régions administratives et une meilleure prise en compte des spécificités des territoires. La région académique constitue l’échelon de mise en cohérence des politiques éducatives régionales en particulier pour les questions requérant une coordination avec la région ou le préfet de région dans les domaines suivants : formation professionnelle, apprentissage et orientation tout au long de la vie professionnelle, définition du schéma prévisionnel des formations des établissements publics d’enseignement du second degré, enseignement supérieur et recherche, lutte contre le décrochage scolaire, service public numérique éducatif, utilisation des fonds européens, contribution aux contrats de plan État-Région. Dans ce cadre, sont nommés auprès des recteurs de région, des délégués régionaux académiques à l'information et à l'orientation (Draio) qui impulsent, coordonnent et accompagnent la politique régionale en matière d'orientation, d'affectation et de lutte contre le décrochage scolaire.

Le repérage des jeunes en situation de décrochage 

Le repérage des jeunes en risque de "décrochage" scolaire repose sur la vigilance et la mobilisation de l’ensemble de l’équipe éducative de l’établissement scolaire ("groupes de prévention du décrochage scolaire" et "référents décrochage scolaire") et sur une intervention coordonnée des acteurs qui la constituent. 

Ainsi, des "alliances éducatives" se développent regroupant les équipes pluri professionnelles des établissements en lien avec les parents et les partenaires extérieurs de l’école. Des outils de repérage de ces élèves décrocheurs, parfois "silencieux" ont été utilisés (LYCAM, Motiv-action). 

Une plateforme en ligne TITAction (projet Européen) met à disposition des  équipes éducatives des ressources réalisées à partir de l'observation filmée du travail des "groupes de prévention du décrochage scolaire" dans les EPLE. Elle rend compte des modalités de ce travail collaboratif afin de proposer aux personnels un espace de réflexion sur leur propre pratique ainsi que des outils de formation au travail collaboratif. 

L’ensemble de ces actions de prévention, menées en lien avec les parents et les partenaires extérieurs, sont valorisées au niveau académique dans le cadre de la "semaine de la persévérance scolaire". 

Par ailleurs, un programme de formation se poursuit pour mobiliser, autour de l’objectif de la prévention, l’ensemble des personnels intervenant dans la lutte contre le décrochage scolaire (enseignants, corps d’inspection, chefs d’établissement, responsables des réseaux "Formation qualification emploi" et "référents décrochage scolaire" en établissement). La formation vise l’amélioration du climat scolaire, l’évolution des pratiques pédagogiques et la sensibilisation des enseignants aux signes précurseurs du décrochage (absentéisme, évolution soudaine du comportement, baisse des résultats scolaires, etc.). 

Depuis la rentrée scolaire 2017, un "certificat de professionnalisation en matière de lutte contre le décrochage scolaire" (CPLDS) (Décret n° 2017-791 du 5 mai 2017) atteste la qualification des personnels d’enseignement et d‘éducation appelés à participer aux missions mises en place dans les services académiques et départementaux, dans les établissements scolaires pour prévenir le "décrochage" scolaire et accompagner les jeunes qui bénéficient du droit au retour en formation initiale.

L’accompagnement et la prise en charge des jeunes sortant sans diplôme ni qualification

Mise en œuvre par l’Éducation nationale

Le développement des dispositifs et des "structures de retour à l’école" (SRE) tels que le "micro-lycée", ou le lycée "seconde chance", s’est accéléré  avec pour résultat un total de 71 SRE dans la voie générale technologique et professionnelle pour plus de 2600 élèves scolarisés dans ces structures dédiées.

Les réseaux "Formation Qualification Emploi" (FOQUALE) de l’éducation nationale travaillent en appui des "plates-formes de suivi et d’appui aux décrocheurs"  (PSAD) pour être en capacité d’offrir aux jeunes décrocheurs des parcours de formation alternatifs par rapport à la scolarité traditionnelle et d’accompagner les jeunes dans le cadre de l’obligation de formation (16/18 ans) et du droit au retour en formation initiale : 

  • accompagnement et affectation des jeunes sur places disponibles ;
  • SRE dans chaque académie ;
  • actions combinées avec le service civique ;
  • "clause sociale de formation" sous statut scolaire inscrite dans les cahiers des charges des marchés publics au bénéfice des jeunes "décrocheurs".

Le développement des structures de retour à l’école présentes dans la plupart des académies (les micro-lycées) permettent à des jeunes d’être rescolarisés selon des modalités adaptées et d’accéder à une qualification. Mises en place dans 28 académies, ces structures sont appelées à se multiplier, notamment pour contribuer à la mise en œuvre de l’obligation de formation pour les jeunes âgés de 16 à 18 ans. 

Mises en œuvre par des partenaires

Les Écoles de la deuxième chance (E2c)

Les Écoles de la deuxième chance (E2c) proposent une offre spécifique aux décrocheurs de niveau infra-V avec des parcours de 6 mois pour une remise à niveau en fin de collège et une intégration à la fois sociale et professionnelle avec des périodes importantes de stages en entreprise. Les E2c accueillent 15 000 jeunes avec un taux de 56 % de sorties positives et forment un réseau de 46 écoles sur 110 sites répartis dans l'ensemble du territoire.

L’Epide

L'Epide, établissement public d'insertion dans l'emploi, accueille 3 000 jeunes décrocheurs sans aucune qualification ni diplôme et leur propose des cessions d'une durée moyenne de 8 mois en internat où la resocialisation est l'objectif principal. Cet organisme possède 20 centres en France métropolitaine. Les stagiaires y suivent des cours de remise à niveau et les valeurs de type militaires y sont importantes même si peu d’entre eux  intègrent l'armée.

Le service militaire adapté (SMA) et le service militaire volontaire (SMV)

Relevant du ministère des Outremer, le service militaire adapté (SMA) est un dispositif militaire d'insertion socioprofessionnelle des jeunes ultramarins, de 18 à 25 ans, éloignés du marché de l'emploi. Le service militaire volontaire est une contribution du ministère des Armées dans le domaine de l’insertion citoyenne et professionnelle de jeunes Français de métropole et de l’étranger âgés de 18 à 25 ans exclus du marché de l’emploi. Il s’agit de proposer aux jeunes un parcours d’insertion vers l’emploi, de 6 à 12 mois, au sein d’unités militaires spécifiques. Cette durée variable permettra d’offrir à tous les volontaires stagiaires un parcours individualisé qui s’organisera autour de deux piliers : formation à la vie collective et formation professionnelle.

Nouvelles-chances.gouv.fr : prévenir le décrochage scolaire et accompagner l’obligation de formation des 16-18 ans, le site d'information de l'Onisep

Ressources pour les professionnels de l’éducation et partenaires de l’École 

Les outils de prévention du décrochage scolaire et de continuité pédagogique réalisés par l’ONISEP

La clause sociale de formation sous statut scolaire dans les marchés publics de l'Éducation nationale

Agir contre le décrochage scolaire : alliance éducative et approche pédagogique repensée (rapport de juin 2013)

Mise à jour : mars 2021