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Encart
du B.O. n°40 du 30 octobre
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ORIENTATIONS POUR UNE POLITIQUE EN MATIÈRE D’ENSEIGNEMENTS ARTISTIQUES
ET D’ACTION CULTURELLE
C. n° 2003-173 du 22-10-2003
NOR : MENE0301998C
RLR : 501-6-; 435-0
MEN - DESCO A9
Les
termes actuellement utilisés sont nombreux qui désignent indifféremment,
et quel que soit le niveau considéré du cursus scolaire, les diverses
situations pédagogiques où les élèves sont mis en relation avec l’art.
Ainsi parle-t-on, par exemple, mais sans justification logique, de “pratiques
culturelles”, “d’éducation artistique”, de “sensibilisation
esthétique”, d’“arts et de culture”, d’“enseignements
artistiques”. Cette pluralité d’appellations, plus ou moins
pertinente et approximative, introduit depuis longtemps la confusion dans
l’esprit du lecteur et des usagers, élèves et parents.
L’expression, “enseignements artistiques et action culturelle”,
proposée ci-dessus, veut marquer clairement la hiérarchie et la corrélation
entre ce qui est central, fondateur et propre à l’éducation nationale
: les enseignements et ce qui vient les compléter : l’action culturelle.
Par ailleurs, cette expression a, contrairement aux autres, le mérite
de rester globalement opératoire de la “maternelle à l’université”
et dans tous les ordres d’enseignement : général, technologique,
professionnel, spécialisé.
Il est donc souhaitable qu’elle soit définitivement adoptée par
tous les acteurs du système éducatif.
I -
UN PAYSAGE CONTRASTÉ
Si l’on considère les
“enseignements artistiques et l’action culturelle” à
tous les niveaux du système éducatif, on constate, que tout ou presque
a été inventé au cours des vingt dernières années pour consolider et enrichir
le système ; que cela s’est fait dans la continuité, sans à-coups
majeurs et sans remise en question importante avec, au total, de réelles
améliorations dont on doit se féliciter.
Néanmoins, une analyse approfondie tempère cette impression favorable.
Elle fait notamment apparaître que si le bilan quantitatif est plutôt
satisfaisant (le nombre d’élèves concernés ne cesse de croître :
10 millions aujourd’hui), le bilan qualitatif reste plus mitigé
malgré de très nombreuses réussites, imputables aux équipes pédagogiques
et à la diversification des partenariats. À cela plusieurs raisons et
notamment celles-ci :
- l’écart entre les textes officiels - souvent très ambitieux -
et leur mise en œuvre sur le terrain, entre les principes et leur
application, entre un idéal projeté et la réalité même, est souvent trop
important ;
- le système est riche en offres de formations diversifiées mais l’empilement
des réformes successives a produit un ensemble complexe, le plus souvent
illisible pour les élèves et leurs familles à la recherche de repères
simples, rassurants, efficaces ;
- conséquence de ces deux points, le sens profond d’une mise en
relation des jeunes avec les arts s’est perdu faute d’une
position conceptuelle forte, claire et pérenne de l’institution,
concernant la politique des enseignements artistiques et de l’action
culturelle.
Cette note d’orientation (annoncée par la circulaire de rentrée
de la DESCO) fera l’objet de textes d’application, opératoires
et précis, relatifs aux points énoncés ci-dessous.
II - QUELQUES PRINCIPES MAJEURS
Ce diagnostic appelle évidemment remèdes. Il incite
à dégager un certain nombre d’orientations politiques qui doivent
trouver leur traduction technique dans une programmation appropriée.
Dorénavant, il ne s’agit plus d’ajouter sans fin des nouveautés,
parfois plus médiatiques qu’efficaces, mais de faire fonctionner correctement
le système actuel en remédiant à ses carences et dysfonctionnements comme
en valorisant et développant ses réussites.
Pour cela, il convient, au préalable, de formuler quelques principes majeurs
concernant d’une part les objectifs que l’éducation nationale
se doit d’atteindre, d’autre part les moyens dont elle dispose
pour remplir cette mission.
2.1 L’éducation nationale
se doit d’atteindre un double objectif
À savoir :
- optimiser le rôle décisif que peut jouer le système éducatif, notamment
à l’école primaire, dans la détermination des pratiques culturelles
en donnant réellement à tous les élèves une culture artistique, théorique
et pratique, intégrée à la culture générale et mobilisable à tout instant
dans une vie d’adulte réussie ;
- assurer à ceux d’entre eux, élèves et étudiants qui en ont le projet,
la formation nécessaire à l’exercice futur d’un métier artistique
ou pédagogique en relation avec l’art.
2.2
Pour remplir cette mission, l’éducation nationale s’appuie
sur un dispositif opératoire : les “enseignements artistiques et
l’action culturelle”, qu’assurent des enseignants spécialisés,
associés, dans certains domaines, à des partenaires culturels.
2.2.1 Ce
dispositif résulte de l’articulation - pour l’enseignement
scolaire - de trois ensembles qu’il convient de différencier clairement
pour éviter les confusions sémantiques et leurs conséquences regrettables
: les “enseignements artistiques” proprement dits, les “dispositifs
transversaux”, les “activités complémentaires”.
Ces trois ensembles n’ont pas exactement la même configuration dans
le premier et le second degrés.
Dans le premier degré
Les enseignements artistiques
sont cadrés par les programmes nationaux et font
l’objet d’évaluations régulières. Compte tenu des objectifs
propres à ce niveau de la scolarité, ils intègrent des composantes qui
peuvent ensuite devenir optionnelles ou changer de statut. C’est
le cas, par exemple, de la chorale.
Divers dispositifs qui
s’appuient sur les programmes et privilégient l’interdisciplinarité,
le croisement des domaines, des méthodes et des approches, peuvent être
mobilisés par les enseignants pour mettre en œuvre certains éléments
des programmes. Ils ont tous en commun de faire appel à des artistes ou
professionnels de la culture, d’établir des liens entre pratiques
en milieu scolaire et pratique en milieux artistiques ou culturels. C’est
le cas des classes à projet artistique et culturel (PAC), des ateliers
de pratiques artistiques, des classes culturelles, d’opérations
liées au cinéma ou au patrimoine...
Les activités complémentaires,
inscrites par exemple dans les contrats éducatifs
locaux, (CEL), apportent un enrichissement pour les enfants volontaires
(1 500 000 actuellement) dans le temps péri ou extrascolaire. Ces activités
ne se substituent pas aux enseignements menés sous la responsabilité des
enseignants pendant le temps scolaire. De par leur caractère spécifique,
leur encadrement, leur finalité, elles s’inscrivent dans un contexte
non déterminé par les programmes même si la continuité éducative est recherchée.
Dans le second degré
Les enseignements artistiques proprement
dits
- Obligatoires, au collège et à certains
niveaux du lycée professionnel, ils sont optionnels au lycée d’enseignements
général et technologique (“enseignements de détermination”
en seconde, “enseignements de spécialité” en série L, options
facultatives dans toutes les séries, cursus spécialisés dans la voie technologique
et professionnelle...).
- Ils constituent le socle de la formation commune à tous les élèves jusqu’à
la fin de la classe de troisième. Au collège comme au lycée, ils sont
inscrits dans des horaires précis, cadrés par des programmes nationaux,
scandés par des examens, évalués périodiquement et assurés par des professeurs
spécialisés (d’arts appliqués, d’arts plastiques, d’éducation
musicale, d’EPS). Dans certains domaines (cinéma et audiovisuel,
danse, histoire des arts, théâtre), ils sont mis en œuvre par des
équipes associant professeurs de diverses disciplines, artistes et professionnels
de la culture. À eux seuls - et comme dans le premier degré - ces enseignements
apportent une contribution déterminante à la généralisation de la formation
artistique des élèves.
- Ils relèvent des trois grands champs artistiques actuellement reconnus
dans le monde de la création auxquels s’ajoute l’architecture
et que traversent l’histoire et l’esthétique des arts. À savoir
:
. “les arts visuels” : arts appliqués, arts plastiques, cinéma
et audiovisuel, photographie, vidéo et toutes les extensions récentes
;
. “les arts du son” : musique vocale et instrumentale, travail
du son portant sur l’enregistrement, la transformation, le montage,
le mixage et la restitution du matériau sonore... ;
. “les arts du spectacle vivant” : arts du cirque, danse,
marionnette, mime, théâtre...
- Ces trois grands champs, qui se recoupent fréquemment dans l’art
contemporain, trouvent au collège, et surtout au lycée, une traduction
plus resserrée en terme de disciplines : arts appliqués, arts du cirque,
arts plastiques, cinéma et audiovisuel, danse, histoire des arts, métiers
d’art, musique, théâtre...
Les dispositifs transversaux
Ils comprennent des classes à projet artistique
et culturel (PAC) et, toutes les fois que leur objet d’étude comporte
une dimension artistique, les itinéraires de découvertes (IDD) au collège,
les projets personnels à caractère professionnel (PPCP) au lycée professionnel,
les travaux personnels encadrés (TPE) au lycée d’enseignement général.
Tous ces dispositifs s’appuient sur les textes officiels en privilégiant
l’interdisciplinarité, le croisement des domaines, des méthodes
et des approches.
Les activités complémentaires
Inscrites dans le temps scolaire, elles
ont pour objet la pédagogie de projet, les initiatives locales, l’autonomie
des acteurs. Ce sont les lieux privilégiés d’expérimentation de
nouvelles modalités pédagogiques et de partenariats. Une articulation
avec les activités conduites hors temps scolaire existe parfois.
Relèvent de ce troisième ensemble les ateliers artistiques dans douze
domaines (dont celui du livre et de l’écriture connaît un développement
original) ; les chorales, les ensembles instrumentaux, les classes culturelles,
les opérations liées au cinéma, à la poésie, etc.
2.2.2
Ces trois ensembles, “enseignements artistiques proprement dits”,
“dispositifs transversaux” et “activités complémentaires”
visent un objectif commun : l’éducation artistique des élèves. Pour
cela, ils mettent en œuvre trois composantes : pratique ; culturelle
; technique et méthodologique.
Ces trois composantes, ici dissociées pour la clarté de l’exposé
et agissant constamment en interaction sont le plus souvent imbriquées
lors de l’action pédagogique.
La composante pratique
Fondamentale et spécifique des domaines
artistiques, elle donne lieu à des pratiques individuelles ou collectives,
d’apprentissage, d’expérimentation, d’expression, de
création. C’est la composante du faire.
La composante culturelle
Elle est centrée sur l’histoire et
l’analyse des arts, des théories et des mouvements, la connaissance
des auteurs et l’approche des œuvres relevant du patrimoine
comme du contemporain. C’est la composante des savoirs.
La composante technique et méthodologique
Elle vise la maîtrise des gestes et des
outils, traditionnels et modernes (numérique), l’exploration des
procédures et des démarches de questionnement, d’expérimentation,
de communication, de mise en œuvre progressive de projets. C’est
la composante des savoir-faire.
Ces trois composantes sont opératoires, mais selon des modalités adaptées,
à tous les niveaux du système, “de la maternelle à l’université”.
III - DES ORIENTATIONS POUR UNE
POLITIQUE DURABLE
Appliquer ces principes majeurs
n’oblige aucunement à ajouter de nouveaux dispositifs d’enseignements
artistiques et d’action culturelle. Cela impose plutôt - et ce n’est
pas manque d’ambition - d’évaluer l’existant (notamment
pour ce qu’a apporté le “plan de cinq ans”), de préserver
et de développer les bons acquis, de combler les manques, de créer des
dynamiques nouvelles et de donner à l’ensemble la cohérence voulue
en prenant régulièrement appui sur l’expérimentation de terrain,
les initiatives locales et les réussites constatées.
Ainsi convient-il :
1) de travailler à une meilleure lisibilité du dispositif des enseignements
artistiques et de l’action culturelle ;
2) de compléter, de diversifier et de réactualiser régulièrement les programmes
d’enseignement à tous les niveaux ;
3) de stimuler le recrutement des maîtres du second degré et d’améliorer
la formation des maîtres des premier et second degrés ainsi que celle
des enseignants-chercheurs ;
4) de renforcer l’encadrement et le pilotage de l’enseignement
scolaire (corps d’inspection, conseillers pédagogiques, délégués
académiques et coordonnateurs départementaux à l’éducation artistique
et l’action culturelle, chargés de missions dans les domaines artistiques,
chefs d’établissement...) ;
5) de redéfinir et redynamiser les partenariats avec le ministère de la
culture, avec les collectivités territoriales et les associations qualifiées
;
6) de développer une nouvelle coopération culturelle européenne ;
7) de rénover et réactiver le “Haut Comité des enseignements artistiques”.
3.1 Travailler à une meilleure
lisibilité du dispositif des enseignements artistiques et de l’action
culturelle
3.1.1 C’est
spécifier nettement chaque étape de la scolarité pour mieux marquer la
progressivité des cursus.
- à l’école primaire, la sensibilisation et les premiers apprentissages
;
- au collège, la consolidation et une ouverture, progressive et raisonnée
sur la pluralité des arts ;
- au lycée, le choix d’un approfondissement à visée personnelle,
préprofessionnelle et professionnelle ;
- dans le supérieur, universitaire ou non, la spécialisation, soit vers
la recherche, soit vers les métiers.
Plus de répétitions inutiles donc, mais une progression par paliers, logique
et constructive, sans cloisonnements étanches et fondée sur des programmes
d’enseignement rigoureux et régulièrement mis à jour dans lesquels
s’ancrent les dispositifs transversaux et les activités complémentaires
(cf. point 2.2.1).
3.1.2 C’est
redistribuer et recentrer les diverses situations pédagogiques par niveaux
pour rationaliser et clarifier le dispositif.
En toute logique, ce point étant la conséquence du précédent, c’est
renoncer à mettre “un peu de tout partout”, à saupoudrer le
cursus de situations pédagogiques répétitives.
Une redistribution progressive s’impose donc qui consistera, à concentrer
et éventuellement développer :
- les classes à projet artistique et culturel (PAC) :
. à l’école primaire où elles confortent la sensibilisation ;
. au lycée professionnel où elles aident à la professionnalisation (sous
réserve qu’elles ne fassent pas doublon avec les PPCP) ;
. éventuellement au collège (mais en classe de 6ème seulement, pour assurer
la transition avec le premier degré) ;
- les ateliers artistiques, au collège et au lycée professionnel, où ils
participent bien de l’ouverture aux divers arts ;
- les options artistiques au lycée, séries générales et technologiques
(sept domaines artistiques : “arts appliqués”, “arts
plastiques”, “cinéma et audiovisuel”, “danse”,
“histoire des arts”, “musique”, “théâtre”
et “arts du cirque”), où elles développent la capacité des
élèves à choisir leur mode d’investissement ultérieur dans les arts,
à titre personnel ou préprofessionnel.
3.1.3 C’est
se préoccuper de la continuité des cursus pour mettre fin à des interruptions
préjudiciables à la formation des élèves.
Les cursus se sont multipliés - c’est heureux -avec la diversification
des enseignements artistiques engagée dès le début des années quatre-vingt.
Cependant, la continuité nécessaire n’est assurée que pour les arts
plastiques et la musique; enseignés de l’école primaire au supérieur.
Elle fait défaut à d’autres enseignements (arts appliqués, cinéma
et audiovisuel, danse, théâtre par exemple), introduits à l’école
primaire, présents au lycée et dans le supérieur, mais absents du collège.
Dorénavant, il conviendra de corriger cette incohérence, en instaurant
une réelle continuité :
Au niveau de la classe de troisième - et dans le cadre strict et unique
du volontariat des équipes pédagogiques et de l’expérimentation
citée aux III et IV - en permettant à des collégiens de bénéficier d’une
diversité des parcours et des arts favorisant la prise en compte des aptitudes,
des talents et des projets de chacun. Dans ce cas, ils pourront choisir
parmi les composantes des grands champs artistiques (cf. point 2.2.1)
: “arts visuels” (2 heures) ou “arts du son” (2
heures) ou “arts du spectacle vivant” (2 heures), ou encore
transversaux : “histoire des arts” (2 heures). Ainsi la classe
de troisième remplirait bien son rôle de “cycle d’orientation”
et de transition avec le lycée.
Les enseignements artistiques, au choix mais toujours obligatoires, seront
assurés par les professeurs d’arts plastiques et d’éducation
musicale. Pour le cinéma, la danse, l’histoire des arts et le théâtre,
ils le seront selon les formules utilisées au lycée dans ces mêmes domaines
(associant équipes de professeurs et partenaires culturels).
Il va sans dire que les établissements non intéressés pourront en rester
au dispositif actuel : 1 heure d’arts plastiques + 1 heure d’éducation
musicale obligatoires pour tous les élèves sans exception.
Au niveau universitaire du DEUG “arts”, en ajoutant auprès
des cinq mentions existantes, “arts plastiques”, “arts
du spectacle”, “histoire des arts et archéologie”, “médiation
culturelle et communication”, “musique”, une sixième
mention : “arts appliqués-design”. Cette mention offrira une
suite d’études supplémentaire aux diplômés du niveau IV en arts
appliqués et métiers d’art qui ne sont pas toujours admissibles
en STS d’arts appliqués.
Le moment venu, on intègrera évidemment ces six mentions dans la logique
nouvelle du L/M/D, licence/master/doctorat, dont la mise en place débute
avec la contractualisation des établissements.
Au niveau des CPGE littéraires, en ouvrant auprès des anciennes options
en “arts plastiques” et “musique”, de nouvelles
options en “études cinématographiques et audiovisuelles”,
“histoire des arts”, “études théâtrales”, suites
logiques des études artistiques en lycée et préparant à l’entrée
de l’École normale supérieure (Paris-Ulm) et de l’École normale
supérieure de lettres et sciences humaines Fontenay - Saint-Cloud (Lyon)
dont les concours et les cursus seront modifiés progressivement dans ce
sens (cf. B.O. n° 26 du 26 juin 2003, p. 1351 à p. 1359).
Ce souci de continuité ne doit pas conduire à l’excès et à la mise
en place de cursus “tubulaires” n’autorisant ni les
entrées ni les sorties en cours de route, ni les passages d’une
filière à l’autre.
Pour éviter ces dangers et aider aux reconversions, quelques formations
de rattrapage : “classes de mise à niveau arts”, seront installées,
notamment entre les diplômes de niveau IV (baccalauréats et autres) et
le début des études supérieures. Ainsi les élèves pourront se réorienter
à tous moments en fonction de leurs goûts, de leurs aptitudes et de leurs
projets.
3.2 Compléter, diversifier
et réactualiser régulièrement les programmes d’enseignement à tous
les niveaux
3.2.1 C’est
poursuivre et mener à bien le travail engagé à l’école primaire
et au lycée professionnel pour disposer de textes efficaces.
l
À l’école primaire - qui reste la priorité - en complétant les nouveaux
programmes par la publication de documents d’accompagnement ;
Au lycée professionnel, en étendant à trois autres diplômes (brevet d’études
professionnelles, brevet des métiers d’arts, baccalauréats professionnels
à spécialités artistiques) la rénovation déjà achevée au niveau du certificat
d’aptitude professionnel avec le programme “arts appliqués
et cultures artistiques” et son document d’accompagnement
;
Dans les deux cas, en soutenant programmes et documents d’accompagnement
par des outils pédagogiques fabriqués à cet effet.
3.2.2 C’est
remédier à certaines carences concernant le collège et le lycée d’enseignement
général pour ouvrir vers d’autres solutions.
Au collège :
- en réajustant certains contenus et objectifs, d’une part pour
prendre en compte les propositions du groupe d’experts en charge
de la relecture des programmes du pôle des humanités, d’autre part
pour permettre la mise en œuvre de la diversification des enseignements
artistiques expérimentée en classe de troisième (cf. point 3.1.3) ;
- en étudiant, dans la continuité de l’école élémentaire, la possibilité
d’étendre à d’autres arts le dispositif des classes à horaires
aménagés, jusqu’ici réservé à la seule musique.
Au lycée d’enseignement général et technologique :
- en poursuivant l’élaboration des programmes concernant les “arts
du cirque” (enseignement de série L en cours d’installation)
;
- en rénovant la série du baccalauréat technologique “techniques
de la musique et de la danse” (F11/F11’) ;
- en dressant une carte nationale précise des enseignements optionnels,
outil de pilotage indispensable pour notre système mais aussi outil d’aide
à l’orientation, précieux pour les élèves ;
- en étudiant des dispositifs expérimentaux pour que des lycéens volontaires
des sections scientifiques puissent accéder à une formation artistique
plus substantielle, réclamée depuis longtemps par eux, et convenablement
validée au baccalauréat. Il s’agit là de mieux les préparer à certains
métiers où arts et sciences se conjuguent efficacement (architecture,
professions techniques du cinéma et du son, pratiques émergentes liées
au numérique, au multimédia, etc.) ;
- en ouvrant le concours général aux domaines nouveaux : cinéma et audiovisuel,
danse, histoire des arts, théâtre.
3.3 Stimuler le recrutement
des PLC et améliorer la formation des PE, des PLC et des enseignants-chercheurs
3.3.1
Stimuler les candidatures aux concours de recrutement du second degré.
Prendre appui sur les concours de recrutement récemment rénovés (CAPET
d’arts appliqués et agrégation arts, option arts appliqués ; CAPES
d’arts plastiques et agrégation arts, option arts plastiques ; CAPES
d’éducation musicale et chant choral et agrégation de musique) pour
rénover la formation initiale des futurs PLC et stimuler les candidatures
dans les domaines où il y a déficit (CAPES externe d’éducation musicale
et chant choral notamment).
3.3.2
Améliorer la formation des professeurs des écoles (PE) pour rendre partout
effective la sensibilisation des élèves aux divers arts.
C’est moduler la formation des professeurs de telle sorte :
- que tous les futurs PE puissent acquérir une aptitude à initier les
élèves aux apprentissages fondamentaux, à les sensibiliser à la richesse
des pratiques artistiques et culturelles, à travailler en partenariat
;
- que certains d’entre eux démontrent une maîtrise suffisante pour
qu’ils deviennent des “professeurs des écoles à compétences
artistiques renforcées”. Ces maîtres, toujours polyvalents, interviendront
comme formateurs-ressources de leurs collègues et comme enseignants opérant
dans le cadre d’échanges de services dans leur école.
3.3.3 Améliorer
la formation initiale et continue des professeurs de lycées et collèges
(PLC) pour favoriser l’émergence d’une culture artistique
partagée.
C’est agir pour irriguer l’ensemble du système et plus particulièrement
les niveaux du collège et du lycée. C’est faire en sorte que les
professeurs stagiaires intéressés - et pas seulement les spécialistes
des arts dont le statut et la fonction ne sauraient être remis en question-puissent
acquérir et faire valider en IUFM la formation nécessitée par cet objectif.
C’est faire en sorte que ces professeurs, munis d’une “certification
complémentaire”, dont il conviendra d’étudier avec attention
les modalités possibles, puissent :
- à tous les niveaux du cursus scolaire, enrichir leurs cours de lettres,
histoire, langue ou autres disciplines, de références au cinéma, à l’histoire
de l’art, au théâtre ou à d’autres arts. L’interdisciplinarité,
dimension toujours évoquée mais trop rarement mise en pratique, prendrait
alors tout son sens ;
- au collège, s’impliquer dans le cadre des IDD, dans la mise en
œuvre de nouveaux enseignements artistiques expérimentaux en 3ème
ou d’ateliers artistiques de cinéma, patrimoine, théâtre... ;
- intégrer le vivier des formateurs-ressources disponibles pour la mise
en œuvre des politiques académiques artistiques et culturelles.
3.3.4 Améliorer
la formation initiale et continue des professeurs de lycée chargés des
enseignements de spécialité en série L et des options facultatives pour
lesquels n’existe aucun concours de recrutement spécifique (cinéma
et audiovisuel, histoire des arts, théâtre notamment).
C’est pour les professeurs stagiaires en IUFM concernés, développer
et valider des “certifications complémentaires” (cf. point
3.3.3) en s’appuyant sur les expériences réussies actuellement menées
dans plusieurs IUFM.
Ces personnels seront particulièrement bien placés pour intégrer les équipes
enseignant dans les options citées ci-dessus.
(Les formateurs en exercice bénéficieront à titre rétroactif de ces “certifications
complémentaires”).
3.3.5 Améliorer la formation et le recrutement
des enseignants-chercheurs de l’université pour prendre en compte
l’ouverture des territoires de recherche et d’enseignement.
C’est - en prenant acte des pratiques en vigueur - compléter et
réactualiser le champ d’expertise du Conseil national des universités
(CNU), 18ème section arts, en l’ouvrant, à l’architecture
(ses théories et ses pratiques), aux arts appliqués et à l’épistémologie
des enseignements artistiques.
Cet ajout officiel devrait avoir des effets directs sur la spécialisation
vers la recherche des architectes et autres professionnels du cadre bâti,
(formés par l’éducation nationale et par la culture), sur l’enseignement
universitaire, sur la préparation aux concours de recrutement des disciplines
artistiques et des effets indirects sur l’enseignement des options
artistiques en lycée.
3.4 Renforcer l’encadrement
et le pilotage de l’enseignement scolaire
3.4.1
C’est, dans le premier degré, resserrer le réseau des compétences
et des responsabilités.
Pour cela :
- assurer une continuité pédagogique entre les IGEN du premier et du second
degrés en désignant un correspondant “enseignements artistiques
et action culturelle” dans le groupe de l’enseignement primaire
;
- redéfinir le profil et les missions des conseillers pédagogiques en
tenant compte des nouveaux programmes ;
- mettre en place un pilotage national et une formation continue de l’ensemble
de ces conseillers ;
- impliquer fortement, en les responsabilisant individuellement, les inspecteurs
chargés de circonscription sans lesquels toutes les autres mesures seront
de peu d’effet.
3.4.2 C’est
au collège et au lycée, renforcer le réseau des inspecteurs et des animateurs.
Pour cela :
- compléter le groupe des IA/IPR d’arts plastiques et d’éducation
musicale ainsi que celui des IEN-ET d’arts appliqués, actuellement
trop sollicités (cumul de domaines, d’académies, de fonctions, de
chantiers...) ;
- renforcer la formation disciplinaire des IA/IPR chargés du cinéma et
audiovisuel, de la danse, de l’histoire des arts, du théâtre, en
leur assurant des stages spécifiques ;
- sensibiliser les IA/IPR d’autres disciplines (lettres, histoire...)
aux enjeux et aux modalités de la transversalité dans le domaine des arts
et de la culture ;
- partout où cela sera nécessaire, charger un professeur d’animer
la politique de chaque collège ou lycée en matière d’enseignements
artistiques et d’action culturelle, toujours en relation avec les
projets d’établissement et l’équipe de direction.
Il va sans dire que ces améliorations, indispensables, notamment dans
le premier degré, nécessiteront des regroupements interacadémiques des
divers acteurs pour information, formation, échanges et rédaction de protocoles
de travail et d’expérimentation.
3.5 Redynamiser les partenariats
avec le ministère de la culture, avec les collectivités territoriales
et les associations qualifiées
3.5.1
C’est rénover et stimuler le partenariat liant l’éducation
nationale et la culture.
Pour cela :
- organiser des assises nationales du partenariat concernant tous les
domaines artistiques (et plus particulièrement ceux où la relation au
secteur culturel est obligatoire : cinéma et audiovisuel, danse, histoire
des arts, théâtre et arts du cirque), afin d’associer à la réflexion
l’ensemble des acteurs ;
- relancer, en réactualisant les textes fondateurs, les commissions nationales
d’orientation et de suivi en cinéma (COSEAC), en histoire des arts
(COSEHA), en théâtre (COSEAT) ; en créer une en danse (COSEAD) et poursuivre
éventuellement cette dynamique dans d’autres domaines.
Redonner efficacité et légitimité à leurs déclinaisons académiques (CASEAC,
CASEHA, CASEAT) ; en instaurer une en danse (CASEAD) ;
- resserrer les liens avec les partenaires essentiels que sont les directions
régionales des affaires culturelles (DRAC).
3.5.2 C’est
mieux structurer et rendre plus visibles les partenariats entre l’éducation
nationale et les collectivités territoriales afin de resserrer le maillage
sur le terrain.
Pour cela, s’appuyer sur le dynamisme et les possibilités de la
décentralisation en contractualisant à tous les niveaux des collectivités
territoriales (communes et communautés de communes, villes et communautés
urbaines, départements, régions). Ces contrats porteront, dès la conception
des projets artistiques, sur le fonctionnement, les équipements et les
contenus de projets (conçus dans le respect des programmes nationaux et
sous la responsabilité de l’enseignant quand ils se déroulent dans
le temps scolaire).
Si l’objet de ces contrats consiste d’abord à mieux ancrer
les établissements dans leur contexte en exploitant toujours davantage
les ressources locales, ils gagneront à s’inscrire dans le cadre
d’un pilotage national et/ou académique et de chartes de développement
visant à atténuer décalages et inégalités entre établissements.
3.5.3 Continuer
à passer des conventions- cadres avec des associations engagées dans des
actions régulières de formation d’élèves, d’enseignants et
de partenaires,
Pour cela, prendre appui sur la méthodologie de “conventionnement
pluriannuel sur objectifs” engagée en novembre 2002, lors du Salon
de l’éducation, pour les arts plastiques, le cinéma, la danse, le
théâtre (et l’utiliser prochainement pour la musique et d’autres
domaines artistiques et culturels).
3.5.4 Valoriser
et rendre plus visibles ces actions en s’appuyant sur de grands
événements artistiques nationaux.
Cette dynamique partenariale se manifestera au cours d’événements
artistiques emblématiques : festivals tels celui de Cannes pour le cinéma
(cf. le premier Prix de l’éducation, attribué par un jury d’enseignants
à un film de la sélection officielle en 2003), Avignon pour le théâtre,
Aix pour la musique, Bordeaux pour l’architecture. En ces occasions,
l’éducation nationale, la culture et les villes impliquées s’associeront,
sous des formes diverses et adaptées, pour promouvoir leur politique en
matière d’enseignements artistiques et d’action culturelle.
3.6 Développer une nouvelle
coopération culturelle européenne
Que la France n’ait pas
à rougir de ses enseignements artistiques (non sans défauts mais considérés
parmi les meilleurs d’Europe) ne la dispense pas de se tourner vers
ses voisins pour concevoir avec eux des projets communs innovants. L’enseignement
supérieur, et plus particulièrement universitaire, est en mesure de le
faire en prenant appui sur le nouveau dispositif européen licence/master/doctorat
(LMD).
Il pourra en résulter une “Université européenne des arts hors les
murs”. Cette université associera en réseau plusieurs pays qui pourront
être, dans une phase de préfiguration, la France, l’Allemagne et
l’Espagne. Dans chacun de ces trois pays, deux établissements, l’un
universitaire, l’autre relevant du secteur culturel supérieur, croiseront
leurs programmes d’enseignement et de recherche. Ils délivreront
des diplômes nationaux de même niveau (diplômes actuels ou diplômes conçus
spécialement à cet effet utilisant le système des crédits et correspondant,
au moins, à bac + 3).
Des étudiants volontaires ainsi diplômés, puis sélectionnés par les pays
impliqués, seront admis à préparer un master puis un doctorat, tous deux
internationaux.
L’architecture, les arts plastiques, le cinéma, le design, la musique,
le théâtre seront concernés dans un premier temps ; l’esthétique,
l’histoire de l’art, la littérature pourront venir un peu
plus tard.
Un conseil d’orientation international pilotera ce dispositif, en
accord avec les autorités de tutelle de chacun des pays partenaires.
Ainsi, les arts contribueront-ils puissamment à l’émergence de cette
Europe de la culture tant espérée et si délicate à mettre en œuvre.
3.7 Rénover et réactiver
le "Haut Comité des enseignements artistique"
Créé par la loi n° 88-20 du
6 janvier 1988 relative aux enseignements artistiques, le “Haut
Comité des enseignements artistiques [est] chargé de suivre la mise en
œuvre des mesures administratives et financières relatives au développement
des enseignements artistiques”... “Il établit et publie chaque
année un rapport sur son activité et sur l’état des enseignements
artistiques” (chapitre III ; art.15).
Interministériel, ce haut comité sera rénové, réactivé, sa composition
revue pour qu’il puisse assumer l’ensemble des missions qui
lui sont confiées par la loi.
Il contribuera notamment à ce que “le Gouvernement présente chaque
année au Parlement, en annexe au projet de loi des finances, un état récapitulatif
des crédits affectés au développement des enseignements artistiques”
(chapitre III ; art. 16).
IV - CALENDRIER ET MODALITÉS DE
MISE EN ŒUVRE
La mise en œuvre de ces principes majeurs aux différents niveaux
du système se déroulera sur deux années, scolaires et universitaires,
à partir de la rentrée 2003. Elle se fera avec le souci constant et prioritaire
de la qualité.
l
Elle sera suivie au niveau interministériel par le “Haut Comité
des enseignements artistiques” (cf. point 3.7).
Elle sera assurée pédagogiquement et administrativement par les directions
concernées du ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale
et de la recherche et du ministère de la culture et de la communication
travaillant en concertation avec les inspections générales et prenant
appui, le cas échéant, sur les travaux de groupes d’experts.
Conformément au principe consacré par la Constitution et précisé par la
Loi organique, l’expérimentation, confiée par les recteurs à des
équipes volontaires, sera privilégiée pour tout ce qui concerne les mesures
pédagogiques les plus innovantes :
a) Au collège
- diversification des parcours artistiques
en classe de troisième ;
- ouverture de classes à horaires aménagés de divers arts (cf. point 3.2.2).
b) Au lycée
Offre artistique adaptée pour les élèves
volontaires des séries scientifiques (cf. point 3.2.2).
c) Au niveau postbaccalauréat (universitaire
ou non)
- classes de mise à niveau arts ;
- mention “arts appliqués-design” dans le DEUG arts (cf. point
3.1.3).
- en IUFM, “certifications complémentaires” (cf. point 3.3.2)
;
- en fin de cursus, “Université européenne des arts hors les murs”
(cf. point 3.6).
À l’issue de la période d’expérimentation, un bilan sera dressé
qui permettra d’évaluer les résultats obtenus, d’apporter
les modifications souhaitables, de stabiliser les points positifs et de
conforter par les textes tout ce qui aura contribué à améliorer la formation
des élèves et des étudiants.
Cet apport irremplaçable des enseignements artistiques et de l’action
culturelle doit trouver un prolongement et un renforcement dans une offre
plus développée et structurée de loisirs éducatifs de qualité hors du
temps scolaire : des initiatives seront prises à cet égard dans le cadre
de la politique de jeunesse du ministère.
Ces orientations pour une politique durable conforteront les enseignements
artistiques et l’action culturelle.
Elles leur permettront d’atteindre l’objectif premier : donner
à tous les élèves et étudiants une culture solide et préparer certains
d’entre eux à exercer un métier artistique ou pédagogique en relation
avec l’art.
Elles faciliteront aussi leur entrée dans le monde des adultes par la
rencontre sensible, réfléchie et active avec l’art, sa permanence
et ses variations, les grandes questions qu’il pose, son aptitude
inégalée à évoquer les cultures disparues, à expliquer celles qui se constituent
aujourd’hui, peut- être même, à annoncer celles qui émergeront demain.
À faire réfléchir sur la condition humaine et ses relations au monde.
Le ministre de la jeunesse,
de l’éducation nationale et de la recherche
Luc FERRY
Le ministre délégué à l’enseignement scolaire
Xavier DARCOS
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