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Enseignements élémentaire et secondaire
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ACTIVITÉS
ÉDUCATIVES
Journée mondiale sans tabac
NOR : MENE0401016C
RLR : 554-9
CIRCULAIRE N°2004-083 DU 18-5-2004
MEN
DESCO B4
Texte adressé aux rectrices et recteurs d’académie
;
aux inspectrices et inspecteurs d’académie, directrices et directeurs
des services départementaux de l’éducation nationale ; aux chefs d’établissement
; aux directrices et directeurs d’école
Le
décret n° 91-410 du 28 avril 1991 fixe au 31 mai la date de la “journée
sans tabac”.
Cette journée revêt une importance particulière cette année car la lutte
contre le tabac constitue, dans le cadre du “plan cancer”,
l’une des priorités du Président de la République.
Cette manifestation, placée sous l’égide de l’Organisation
mondiale de la santé, a pour thème en 2004 “Tabac et pauvreté”.
Cette journée devra, dans le cadre d’une action continue de prévention,
constituer un temps fort et symbolique.
Il convient tout d’abord de rappeler un ensemble de données convergentes
concernant les comportements qui doivent être portées à l’attention
des équipes éducatives et des élèves.
L’enquête ESPAD (European School survey Project on Alcohol and other
Drugs), menée conjointement par l’OFDT (Observatoire français des
drogues et toxicomanies) et l’INSERM (Institut national de la santé
et de la recherche médicale) fait le point sur l’évolution des consommations
de substances psychoactives des élèves de 12 à 18 ans, entre 1993 et 2003.
La très grande majorité des élèves a expérimenté (1) les substances psychoactives
les plus diffusées (alcool, tabac, cannabis) : cela concerne 88 % des
garçons et 84 % des filles âgés de 12 à 18 ans.
En ce qui concerne l’usage quotidien à 17 ans, ils sont 39 % des
filles et 40 % des garçons à avoir une consommation quotidienne et, à
18 ans, 43,2 % des filles et 43,1 % des garçons (source ESCAPAD 2002,
OFDT) ( 2).
Les niveaux de consommation augmentent au milieu de l’adolescence,
qui constitue une période charnière en la matière. Les élèves les plus
jeunes sont surtout expérimentateurs de substances licites ; l’augmentation
de cannabis augmente principalement après 14 ans.
(1) “expérimenté”
désigne le fait d’avoir déjà consommé une substance au moins une
fois dans sa vie ; ce terme rassemble donc ceux qui ont consommé sans
renouveler et ceux qui consomment plus régulièrement.
(2) ESCAPAD : enquête
sur la santé et les consommations lors de l’appel de préparation
à la défense.
La consommation de cannabis
a fortement augmenté au cours de la décennie 1993-2003 et le niveau d’expérimentation
des 14/15 ans et des 16/17 ans a plus que doublé. Les garçons consomment
davantage que les filles ces produits psychoactifs (sauf en ce qui concerne
le tabac et les somnifères).
En ce qui concerne plus précisément la consommation de tabac, les données
à retenir sont les suivantes : les enquêtés de 18 ans ont fumé leur première
cigarette à 13,7 ans pour les filles et à 13,6 ans pour les garçons. Ces
âges moyens restent proches de ceux obtenus en 2000 et 2001. On note une
légère baisse de la consommation de la proportion de fumeurs quotidiens,
puisqu’à 17 ans, ils sont passés de 41,1 % à 39,5 % entre 2000 et
2002.
Le tabac occupe une place prédominante dans la consommation des élèves.
En effet, après 14 ans, une majorité des jeunes scolarisés interrogés
déclarent avoir fait l’expérience du tabac. Ce produit est aussi
celui dont la consommation régulière (une cigarette par jour) progresse
le plus rapidement et est de très loin la plus forte. Cette consommation
concerne les deux sexes, le tabac étant le produit pour lequel la différence
entre les garçons et les filles est la moins marquée.
Cet usage régulier concerne 1 garçon sur 10 à 15 ans et 1 sur 5 à 16 ans
(21 %) ; pour les filles, la proportion est de 14 % à 15 ans à près du
quart des effectifs à 16 ans (24 %).
Après un mouvement de hausse entre 1993 et 1999, les usages quotidiens
de tabac des élèves sont en léger recul.
Ces données sont d’autant plus inquiétantes qu’elles sont
étayées par :
- l’augmentation de la consommation et la généralisation du phénomène
chez les élèves.
L’évolution de la consommation du tabac, considérée au même titre
que celle de l’alcool, comme une des entrées dans la polyconsommation
de produits psychoactifs par les jeunes, et ce, malgré les mesures et
instructions mises en place depuis de nombreuses années dans les établissements
scolaires, doit alerter et mobiliser la communauté scolaire ;
- l’application encore inégale de la réglementation dans les établissements
scolaires.
En effet, 4 collégiens sur 5 n’ont pas entendu parler de la loi
Évin, et près de la moitié des lycéens sont dans le même cas. Cette situation
démontre que l’interdiction de fumer dans les lieux publics ne fait
pas encore l’objet d’une application systématique.
Face à cet état de fait, il convient de mener une politique de prévention
volontariste dans les établissements scolaires et de faire respecter la
réglementation.
La circulaire n° 2003-210 du 1er décembre
2003, relative à la santé des élèves “programme quinquennal de prévention
et d’éducation” rappelle que la prévention des comportements
à risque et la lutte contre la consommation de produits illicites ou dangereux
doit être intégrée dès l’école primaire et tout au long du cursus
scolaire, particulièrement au collège.
Elle repose d’abord sur un rappel systématique des dispositions
de la loi n° 91-32 du 10 janvier 1991 dite loi Évin. Il incombe en conséquence
aux directrices et directeurs d’école et aux chefs d’établissement
de veiller strictement au respect des dispositions prévues par ce texte.
Il importe que, dès la rentrée 2004, l’interdiction de fumer s’applique
à tous les élèves dans les établissements scolaires (lieux couverts et
non couverts) et que les dispositions concernant les personnels fumeurs
soient strictement mises en œuvre.
Il convient également qu’une signalétique claire soit mise en place.
Par ailleurs, je vous rappelle que les règles organisant la vie de l’établissement,
définies et acceptées collectivement par les membres de la communauté
éducative doivent être inscrites au règlement intérieur, conformément
à la circulaire ministérielle n° 2000-106 du 11 juillet 2000. Elles doivent
préciser le cadre des mesures de prévention, de surveillance et les sanctions
encourues en cas d’infraction. Elles doivent être connues, appliquées
et respectées de tous, faute de quoi le règlement perd sa valeur éducative
et sa valeur de repère.
Il appartient au chef d’établissement d’exercer son pouvoir
disciplinaire face à toute transgression.
Afin de modifier durablement les comportements dans le contexte général
de l’évolution de la société par rapport au tabac - augmentation
du coût des cigarettes, interdiction de la vente aux moins de 16 ans (3),
une première expérimentation a été initiée dès la rentrée 2003 concernant
22 lycées pilotes qui se sont portés volontaires pour s’engager
dans une démarche “établissements non fumeurs”. Un bilan d’étape
a été établi, faisant état d’un réel engagement sur plusieurs années
par rapport aux objectifs fixés, malgré les difficultés qui restent encore
à résoudre.
L’expérimentation devrait être étendue à 100 autres établissements,
pour la rentrée scolaire 2004.
Pour l’ensemble des écoles et des établissements scolaires, des
actions pourront être mises en place, autour des programmes de prévention,
Classes non fumeurs, École sans tabac, Jamais la première (Fédération
française de cardiologie), Pataclope (club à destination des 9-12 ans),
pour :
- développer l’aide à l’arrêt du tabac, en s’appuyant
sur les professionnels de santé et les consultations d’aide au sevrage
tabagique.
Les équipes éducatives pourront bénéficier d’informations et d’outils
pédagogiques diffusés sur les sites télématiques spécialisés de l’Institut
national de prévention et d’éducation pour la santé
www.inpes.sante.fr, de la Caisse
nationale d’assurance maladie
www.cnamts.fr
et du Comité national des maladies respiratoires
www.lesouffleclavie.com
;
- informer les élèves et les personnels sur les conséquences du tabagisme
sur leur santé.
Dans les collèges, le concours initié en décembre 2003 par l’association
Classes non fumeurs
www.classesnonfumeurs.org
revêt un intérêt particulier. Cette opération est menée en partenariat
avec le Comité national contre le tabagisme, la Ligue contre le cancer,
la Fédération française de cardiologie et la Mission interministérielle
de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Elle est conduite auprès
des collégiens des classes de 6ème, 5ème, 4ème et 3ème, se terminera,
pour les classes finalistes, par un tirage au sort de nombreux cadeaux,
lors de la journée mondiale sans tabac, fin mai 2004. Elle concerne 3
500 classes et 100 000 élèves.
Le comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté, parce qu’il
associe l’ensemble des partenaires de la communauté éducative et
donne un rôle actif aux élèves, constitue un dispositif privilégié pour
conduire une prévention qui a un double objet : d’une part, modifier
les représentations associées au tabac dont l’usage entraîne une
dépendance psychologique, physique et sociale, et d’autre part,
apprendre aux élèves à mieux gérer leur santé.
Enfin, même si cette journée met plus particulièrement l’accent
sur la consommation de tabac, j’insiste sur le fait qu’elle
ne doit pas constituer une action isolée, mais qu’elle s’inscrit
dans le cadre du plan gouvernemental de lutte contre la drogue, la prévention
des dépendances et des conduites à risques.
Je vous remercie de tout mettre en œuvre pour que les écoles et les
établissements respectent les dispositions de la réglementation et s’engagent
dans une démarche de prévention et de lutte contre le tabagisme.
Pour le ministre de l’éducation nationale,de l’enseignement
supérieur et de la recherche
et par délégation,
Le directeur de l’enseignement scolaire
Jean-Paul de GAUDEMAR
(3) Cf. loi n° 2003-715
du 31 juillet 2003 visant à restreindre la consommation de tabac chez
les jeunes.
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