Le développement de la dimension internationale de l’enseignement supérieur est un enjeu crucial pour notre pays. La France doit jouer un rôle moteur au sein de l’Europe pour la création d’institutions et de réseaux efficaces pour la recherche et l’enseignement en tenant compte des évolutions liées à la mondialisation. Elle doit mieux coordonner ses forces intellectuelles pour l’analyse des relations internationales et de l’évolution des sociétés des diverses régions du monde.
S’agissant du continent américain, nous devons pleinement tirer les conséquences de réalités nouvelles comme l’existence d’une minorité latino-américaine très importante aux États-Unis, le développement du commerce à l’échelle continentale et des phénomènes multiples d’interpénétration entre les deux Amériques.
La France et l’Europe doivent renforcer leur connaissance et leurs relations avec ces deux pôles selon une logique de l’équilibre et du multilatéralisme. Les départements français des Amériques sont pleinement concernés par de telles mutations, notamment par le rôle d’interface qu’ils peuvent jouer, en particulier sur le plan universitaire.
Par ailleurs, il me semble très important d’accorder toute sa place à l’Amérique latine dans une approche renouvelée de la relation transatlantique.
Au cours des dernières années, vous avez été le promoteur, avec d’autres universitaires, de l’idée d’un “Institut des Amériques” qui serait une institution centrale en Europe pour l’étude du continent américain, par l’enseignement, la recherche et la documentation. Vous avez déjà été en mesure de fédérer plusieurs universités autour de cette idée et de parvenir collectivement à plusieurs réalisations scientifiques.
Le rapport que vous avez remis en novembre 2001 indiquait les enjeux du projet, définissait ses contenus et proposait des schémas institutionnels et d’implantation.
Je souhaite vous confier la mission d’actualiser et de réviser ce rapport à la lumière des évolutions et des dynamiques nouvelles que le concept même d’Institut des Amériques a suscitées.
Il me paraît essentiel en particulier que soit définie une politique scientifique commune, réellement transversale pour les spécialistes des différentes zones linguistiques concernées et susceptible d’emporter l’adhésion de tous et notamment des “nord-américanistes”.
Les conditions de la direction de ce projet fédérateur sont également primordiales.
Vous veillerez, en liaison avec le recteur de l’académie de Paris et le président de l’université Paris III, à définir les conditions logistiques de mise en œuvre dans le cadre patrimonial existant et hors CPER de cet institut.
Vous vous attacherez aussi à mener une réflexion sur l’implication des départements français des Amériques dans un tel projet et, en tant que recteur de la Guyane, à l’implantation éventuelle d’une antenne de cet institut dans le futur pôle universitaire guyanais (PUG).
Je souhaite également que vous proposiez un modèle de fonctionnement de cet Institut.

Fait à Paris, le 31 janvier 2005

Le ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche
François FILLON