I - LE DIAGNOSTIC DE L'EPLE
1 - Définition
Première
phase du dispositif d'évaluation le diagnostic consiste à
effectuer :
- une analyse
globale de l'établissement et de son fonctionnement (forces, faiblesses,
contraintes, tendances d'évolution) ;
- une définition
d'axes de progrès pour l'établissement, avec la volonté
de mettre en œuvre des actions, de développer des stratégies
de pilotage à moyen terme.
Ce n'est donc
pas un simple état des lieux ou un constat qui présenterait
les atouts, les points forts ou les difficultés d'un établissement.
Le diagnostic suppose non seulement une phase d'analyse contextuelle des
situations et des relations, mais également une réflexion
stratégique et prospective.
Le chef d'établissement
soumet au recteur, pour validation, ce diagnostic qui ne sera d'ailleurs
le plus souvent que la formalisation plus prospective d'une démarche
habituelle que conduit tout chef d'établissement, notamment à
l'occasion d'un changement de poste.
2 - La durée, le champ et la forme du diagnostic
2.1 La durée
Le diagnostic
de l'établissement peut et doit être réalisé
lors du premier trimestre de l'année scolaire, afin que la lettre
de mission puisse parvenir au chef d'établissement au plus tard
avant les vacances d'hiver (février).
2.2 Le champ
Ce diagnostic
doit permettre une vue globale de l'établissement . La façon
de mettre en œuvre la politique éducative nationale et académique,
d'élaborer et de conduire le projet pédagogique, de gérer
les ressources humaines et les moyens financiers, de conduire les relations
avec les usagers et partenaires, d'administrer l'établissement doit
être analysée.
Pour autant,
il ne s'agit pas de couvrir tous les champs de l'établissement de
façon exhaustive, mais au contraire, lors de la phase d'analyse,
de privilégier judicieusement certaines problématiques, de
façon à dégager et à hiérarchiser ensuite
quelques directions de travail.
Les informations
utiles, au sujet desquelles il convient de se poser des questions, appartiennent
principalement aux champs suivants :
- les élèves
:
. à leur
entrée dans l'établissement (cursus antérieur, résultats
aux évaluations initiales...) ;
. dans l 'établissement
(conditions de vie scolaire, performances scolaires, accueil pendant et
en dehors des heures scolaires, parcours, orientation, santé...)
;
. à leur
sortie (résultats aux examens, suite du parcours, insertion...).
- les personnels
titulaires et non titulaires :
. stabilité
dans le poste ;
. gestion des
carrières individuelles (promotions, évaluation, formation)
;
. organisation
des services ;
. état
des relations sociales et du dialogue social.
- l'établissement
:
. histoire et
culture de l'établissement ;
. le projet
d'établissement ;
. la gestion
(situation financière, choix budgétaires, crédits
pédagogiques...) ;
. la situation
matérielle.
- les modes
de communication :
. en direction
des personnels, des élèves, des parents d'élèves
;
. en direction
des partenaires extérieurs.
- l'environnement
de l'établissement :
. implication
dans le projet académique ;
. relations
entre établissements du GRETA, d'une même zone, d'un même
bassin ;
. environnement
sociologique, économique... ;
- les relations
avec les collectivités territoriales ;
- les modalités
de travail avec la collectivité territoriale de rattachement ;
- les interactions
entre tous ces éléments et les tendances d'évolution.
Certaines informations,
relatives notamment à la scolarité des élèves
(taux de réussite comparés aux taux attendus, âges,
PCS...) peuvent être traduites sous forme de données chiffrées.
D'autres, en revanche, touchant plus particulièrement à la
vie scolaire ou au domaine relationnel, ne peuvent être objectivées
de manière aussi précise. Il conviendra néanmoins
de les étayer par des faits, et non simplement par des impressions.
Le diagnostic
doit par ailleurs prendre en compte les actions passées, l'établissement
a une histoire et le service public une obligation de continuité.
2.3 La forme
Instrument de
pilotage, aide pour l'action au service du chef d'établissement,
le diagnostic doit être court et synthétique, comprendre l'essentiel
des résultats de l'analyse et l'identification des principaux axes
de progrès.
Chaque fois
qu'ils le jugeront utile, les chefs d'établissement pourront solliciter
l'aide des corps d'inspection et plus particulièrement des IA-IPR-EVS.
3 - Place et usage des indicateurs
Les indicateurs se distinguent de simples "données" ou "informations", dans la mesure où ils donnent sens à une évolution et où ils permettent de distinguer les leviers sur lesquels les chefs d'établissement et leurs équipes peuvent agir. En nombre forcément limité, ils relèvent nécessairement d'un choix, effectué par le chef d'établissement et son équipe parmi les indicateurs déjà disponibles, et notamment ceux d'IPES.
4 - Le rôle et les responsabilités des équipes académiques
La responsabilité
formelle de l'évaluation a été confiée aux
recteurs et aux inspecteurs d'académie (DSDEN et adjoints).
Toutefois, pour
mettre en œuvre à ces différentes étapes le processus
d'évaluation, le recteur mobilise les compétences des collaborateurs
de son choix auxquels les chefs d'établissement pourront faire appel
afin de les aider à réaliser le diagnostic sous la forme
de mise à disposition d'informations, de visites, d'apport d'expertise
et de conseil.
5 - La montée en charge des diagnostics d'établissement
Les personnels
qui, suite à une mutation, prennent leurs fonctions dans un établissement
à la rentrée 2001 seront sollicités les premiers pour
réaliser les diagnostics. En fonction de la taille des académies,
les recteurs pourront également amorcer le mouvement en intégrant
d'autres chefs d'établissement ou adjoints (notamment les personnels
de direction exerçant en ZEP ou les volontaires) dans le panel des
personnels de direction évalués.
Dans trois ans
(c'est-à-dire à la fin de l'année scolaire 2003-2004),
l'ensemble des établissements et des personnels de direction devront
avoir bénéficié de la procédure de diagnostic
et avoir été destinataires d'une lettre de mission. Ce qui
signifie que le critère de performance (atteinte des objectifs fixés)
basé sur la lettre de mission ne sera pas pris en compte pour tous
dans les évaluations avant quatre ans au moins.
II - LA LETTRE DE MISSION
1 - Nature et objectifs de la lettre de mission
À partir
du diagnostic initial, le recteur établit une lettre de mission
par laquelle il fixe au chef d'établissement quelques objectifs
d'action qui serviront de base à l'évaluation, à terme
de trois ou quatre ans.
Cette lettre
établie par l'autorité rectorale, à partir de laquelle
le chef d'établissement engage formellement et personnellement son
action, n'est pas un document de type contractuel. Le degré de réalisation
des objectifs fixés doit pouvoir être apprécié
indépendamment d'une éventuelle attribution supplémentaire
de moyens.
Elle repose
bien évidemment sur le diagnostic et les directions de travail identifiées
lors de cette phase sans qu'il y ait nécessairement recouvrement
entre les axes retenus par le chef d'établissement et les objectifs
fixés par le recteur.
Il revient en
effet au recteur d'apprécier, de choisir, de hiérarchiser
ou d'introduire de nouveaux objectifs liés à la politique
académique, au fonctionnement de l'établissement ou à
la dynamique du bassin de formation. C'est en cela que la lettre de mission
et plus largement le processus d'évaluation constituent un moyen
d'améliorer l'ensemble du pilotage du système éducatif,
aussi bien au niveau de l'établissement qu'à celui de l'académie.
2 - Rôle et responsabilités du niveau académique
L'équipe
que les recteurs mobiliseront sur ce dispositif doit pouvoir jouer un véritable
rôle de conseil, notamment pour fixer des objectifs pertinents.
La rédaction
de la lettre de mission ne peut et ne doit intervenir qu'à l'issue
d'un entretien approfondi avec le chef d'établissement, destiné
justement à intégrer les éléments relatifs
à la place et au rôle de l'établissement dans le cadre
plus large d'un bassin et d'une académie.
3 - La lettre de mission de l'adjoint
Il est de la
responsabilité du chef d'établissement d'établir le
service des personnels de l'établissement (décret du 30 août
1985) et en particulier celui de ses adjoints. Sur la base du diagnostic
de l'établissement et des objectifs de la lettre de mission qu'il
a reçue du recteur, il rédige donc la lettre de mission de
ses adjoints qui comporte explicitement les domaines de délégation
définie en concertation avec eux. Toutefois, comme pour tout personnel
de direction, l'évaluation des adjoints relève de la responsabilité
du recteur. Ce dernier doit donc viser la lettre de mission qui leur est
destinée. Cette procédure permet d'assurer la cohérence
entre la politique académique et l'action conduite au niveau de
chaque établissement.
En cas de désaccord,
une réunion d'arbitrage sera présidée, par le recteur,
ou l'IA-DSDEN. Cette régulation possible doit également permettre
d'éviter, le cas échéant, une exigence démesurée
dans les missions ou les responsabilités déléguées
à l'adjoint.
Ce dispositif
doit permettre à la hiérarchie de mieux connaître l'adjoint,
le travail qu'il fait et de prendre en compte dans la poursuite de sa carrière
les qualités qu'il révèle dans l'accomplissement de
ses missions.
III - L'ENTRETIEN D'ÉVALUATION
À l'issue
d'une période de trois ans, les recteurs seront conduits à
faire le bilan, avec les personnels de direction, des actions qui auront
été mises en œuvre à partir des objectifs définis
dans la lettre de mission. Ce n'est pas simplement le degré de réalisation
des objectifs assignés mais également les stratégies
déployées pour atteindre ces objectifs qui permettront d'apprécier,
en fonction du contexte spécifique de l'établissement et
de son évolution, l'action personnelle du chef d'établissement
ou de l'adjoint et de procéder ainsi à leur évaluation.
Cette "phase
finale" n'est qu'un moment du dispositif qui s'appuie sur trois éléments
qui font partie intégrante de l'évaluation de l'action personnelle
des chefs d'établissement et de leurs adjoints : diagnostic initial,
lettre de mission et bilan d'évaluation. C'est également
l'aboutissement d'un processus plus continu de suivi et de régulation
de cette action. C'est pourquoi, à la fin de chaque année
scolaire, le chef d'établissement établit un rapport d'étape.
Ces bilans réguliers, en fonction des évolutions qui ont
pu intervenir dans le fonctionnement de l'établissement ou dans
la composition des équipes, pourront aboutir à une inflexion
des objectifs de la lettre de mission ou à la mise en place d'actions
spécifiques de formation.
IV - LA MISE EN PLACE DU DISPOSITIF
Les recteurs
associeront le groupe académique permanent et les représentants
des personnels de direction à la mise en place et au suivi de ce
dispositif d'évaluation.
Au niveau national,
c'est à travers un dialogue permanent entre les académies
et l'administration centrale, une démarche itérative continue,
mais aussi par un dialogue entre les académies elles-mêmes
que le dispositif prendra tout son sens et donnera sa mesure.
Pour amorcer
et nourrir ce dialogue, un dispositif léger permettra de rendre
très opérationnelles les réponses aux questions nées
de la mise en œuvre du dispositif, de son pilotage, de sa montée
en charge ;des réunions périodiques regroupant un représentant
par académie faciliteront les échanges et l'amélioration
des méthodes. La mise en place d'un forum intranet, facilitera le
dialogue et l'échange de documents entre les différents acteurs.
Pour le ministre
de l'éducation nationale
et par délégation,
La directrice
des personnels administratifs, techniques et d'encadrement
Béatrice
GILLE
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B.O.
spécial n° 1 du 3 janvier 2002
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© Ministère de l'Education nationale - Ministère de la Recherche |
http://www.education.gouv.fr/bo/2002/special1/texte.htm
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