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Choc des savoirs : une mobilisation générale pour élever le niveau de notre École

Lors de son discours de la Bibliothèque nationale de France, le 5 octobre 2023, Gabriel Attal, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a annoncé sa volonté de mettre en œuvre un Choc des savoirs pour élever le niveau de l’école. Découvrez les mesures de ce Choc des savoirs présenté lors d’une conférence de presse mardi 5 décembre.

Les constats

Des progrès au primaire depuis 2017, mais le collège ne fait plus assez progresser les élèves

  • Le niveau des élèves progresse au primaire grâce à l’effort d’investissement massif conduit depuis 2017.
  • Les résultats de PISA 2022 confirment la baisse du niveau des élèves français au collège.
  • Les évaluations nationales et internationales démontrent la nécessité d’une réforme du collège.

Télécharger le dossier de presse "Choc des savoirs : élever le niveau de notre école"

Axe 1 : Mieux soutenir les professeurs pour mener la bataille des savoirs 

  1. À partir de la rentrée 2024 - Des programmes articulés autour d’objectifs annuels.
  2. À partir de la rentrée 2024 - Les programmes de mathématiques aborderont plus tôt les fractions et les nombres décimaux en favorisant une approche concrète et imagée ("méthode de Singapour").
  3. Rentrée 2025 - Des programmes de langues plus précis pour un enrichissement linguistique, historique et culturel.
  4. Rentrée 2025 - Un socle commun réorganisé autour de compétences disciplinaires, de compétences psychosociales et de repères de culture générale.
  5. À partir de la rentrée 2024 - Des manuels labellisés, obligatoires en mathématiques et en français dans le 1er degré.
  6. À partir de la rentrée 2024 - Financer l’achat des manuels en mathématiques et lecture au CP et au CE1 afin que tous les élèves et leur professeur en soient dotés.

Des programmes articulés autour d'objectifs annuels et ancrés dans des pratiques pédagogiques efficaces

Les enseignants utilisent principalement les programmes comme guide pour structurer leurs cours. Cependant, ils expriment également le besoin d’avoir des indications précises pour organiser la progression de leur enseignement. La bataille des savoirs commence par l’exigence, la lisibilité et la qualité du cadre des apprentissages. Elle implique donc de revoir les programmes, dans leurs contenus et leur structuration.

Les programmes de la petite section de maternelle à la classe de 3e ont été modifiés en 2015. Élaborés selon une logique de cycles, ils ont été complétés, à partir de 2017, par des recommandations pédagogiques, des repères de progressivité, des guides pour enseigner les savoirs fondamentaux, ainsi que des réajustements demandés au Conseil supérieur des programmes, notamment pour renforcer leur dimension écologique.

Le Conseil supérieur des programmes est saisi dès aujourd’hui pour engager une révision de ces programmes afin qu’ils mentionnent ce qui doit être traité par les professeurs, comme il se doit, mais aussi les attendus qui doivent être maîtrisés par les élèves chaque année et leurs repères de progression en cours d’année. Ces attendus annuels éviteront que la maîtrise de notions fondamentales pour la progression des élèves, notamment à l’école élémentaire, ne soit repoussée à la fin des cycles.

Ces programmes s’appuieront sur des méthodes pédagogiques éprouvées par la science et la pratique (pédagogie explicite, évaluation au service des apprentissages, retours sur le travail des élèves, coopérations entre élèves, tutorat entre pairs, etc.). Ils permettront ainsi aux professeurs de retrouver, en un lieu unique, l’ensemble des ressources programmatiques nécessaires à l’élaboration de leur enseignement. L’exigence d’une pratique quotidienne de la lecture, de l’écrit et des mathématiques y sera réaffirmée. La fréquence et l’exigence des activités de lecture et de résolution de problème y seront explicitement énoncés.

Les programmes de mathématiques aborderont plus tôt les fractions et les nombres décimaux en favorisant une approche concrète et imagée

Dans les programmes actuels, l’apprentissage des fractions et des nombres décimaux est inscrit au cycle 3 (CM1/CM2/6e). Cet apprentissage est souvent abordé selon une approche abstraite, à la toute fin de l’école élémentaire. Les résultats de nos élèves révèlent logiquement une trop faible maîtrise de ces notions à l’entrée en 6e. Leur apprentissage trop tardif et la mécompréhension des nombres, et surtout des fractions, expliquent ces faibles performances des élèves en début de collège.

D’autres pays ont fait le choix d’aborder plus tôt l’étude des fractions simples et des fractions décimales. C’est le cas de plusieurs de nos voisins européens et de la méthode de Singapour (voir encadré ci-contre).

Le Conseil supérieur des programmes veillera dans le programme de mathématiques de l’école élémentaire à anticiper les apprentissages des fractions et des nombres à virgule dès le CE2, voire en assurer une première découverte concrète et imagée dès le CE1. La notion de probabilité sera introduite dès le CE2, avec un travail permettant de renforcer la maîtrise des fractions et des décimaux en contexte tout au long du cours moyen. La manipulation et l’approche concrète et imagée des notions mathématiques avant d’aborder l’abstraction, ainsi que la résolution de problèmes, seront renforcées.

Chaque semaine, les élèves seront confrontés à la résolution de problèmes contextualisés. Les professeurs pourront sélectionner ces problèmes au sein d’une banque nationale constituée par des laboratoires de recherche, avec des propositions pour tous les niveaux.

Des programmes de langues plus précis pour un enrichissement linguistique, historique et culturel

Les programmes de langues vivantes étrangères se caractérisent par une structuration répétitive et une focalisation sur des enjeux sociétaux très généraux. L’approche insuffisamment marquée par la culture propre à l’univers de chaque langue enseignée, le faible capital de vocabulaire et de structures
grammaticales, pourtant indispensables pour une expression diversifiée et complexe, conduisent parfois à une lassitude chez les élèves et à une maîtrise limitée de la langue.

En anglais, la moitié des élèves n’atteint pas le niveau minimum attendu A2 à la fin de la 3e. Près d’un sur sept n’atteint pas le niveau A1. Ces résultats nous obligent à agir tant la maîtrise de cette langue est devenue incontournable dans le parcours futur des élèves.

Les programmes de langues vivantes étrangères présenteront de la 6e à la terminale des indications claires sur les domaines étudiés, les points grammaticaux et le vocabulaire à maîtriser chaque année. Il s’agira du vocabulaire essentiel, y compris en matière scientifique et technique, des repères culturels indispensables à une bonne connaissance de l’aire géographique et de l’histoire des sociétés qui parlent ces langues.

Les programmes de langues vivantes contribueront ainsi à forger une culture générale ancrée dans des réalités culturelles et constituée de repères identifiables et partagés par tous les élèves.

Pour augmenter l’exposition aux langues vivantes et permettre un apprentissage complémentaire mobilisant les outils d’intelligence artificielle, chaque enseignant du CP au CM2 disposera d’un accès gratuit à l’application de langue Captain Kelly et au parcours de formation en ligne associé.

Un socle commun réorganisé autour de compétences disciplinaires, psychosociales et de repères de culture générale

Le socle commun de connaissances, de compétences et de culture institué en 2013 entendait rassembler toutes les compétences à acquérir au cours de la scolarité obligatoire. S’il constitue le cadre de référence des programmes, force est de constater que son appropriation demeure relative. La moitié des professeurs considère ainsi que ce socle commun n’est pas un cadre utile à leur pratique professionnelle car insuffisamment articulé avec les disciplines.

Une refonte du socle sera donc engagée pour structurer son contenu autour de quatre familles de compétences :

  • compétences fondamentales en mathématiques travaillées dans toutes les disciplines ;
  • compétences fondamentales en français travaillées dans toutes les disciplines ;
  • compétences psychosociales telles que la confiance en soi, l’organisation du travail personnel, la persévérance ou la capacité de travail en groupe ;
  • connaissances de culture générale qui valident l’acquisition des repères mentionnés dans les programmes.

Ces repères devront faire l’objet d’évaluations aux moments clés du parcours de l’élève. On s’assurera qu’à la fin de l’année de 3e ces repères de culture générale soient suffisamment maîtrisés par les élèves.

En particulier, notre pays ne peut se résigner à ce que l’accès à une culture générale commune demeure socialement marquée. C’est au contraire en ayant l’ambition de donner à chaque élève une culture humaniste et scientifique que l’École pourra jouer tout son rôle pour lutter contre les inégalités de destin et doter chacun des élèves d’un regard critique et éclairé sur le monde.

Des manuels labellisés obligatoires en mathématiques et en français dans le premier degré et co-financés par l'état au CP

Les données de la Depp ou de l’IGÉSR sont confirmées par la consultation des professeurs : aujourd’hui, plus d’un tiers des classes à l’école primaire ne disposent pas de manuels de français ou de mathématiques. En CP, cette proportion monte jusqu’à 60 %.

Pourtant, il est démontré par les comparaisons internationales, les expérimentations et les analyses conduites en France que l’usage de manuels fondés sur des méthodes pédagogiques efficaces et éprouvées améliore significativement les résultats des élèves (Dehaene et alii, 2018). Ils apportent aux professeurs une progression du simple au complexe, un rythme d’apprentissage et des repères exigeants qui sont indispensables pour élever le niveau de nos élèves.

Si l’École de la République veut faire progresser tous ses élèves, alors tous ses élèves doivent disposer de manuels en français et en mathématiques à l’école élémentaire. L’État investira dès la rentrée 2024 pour financer aux côtés des communes l’achat d’un manuel de lecture et de mathématiques pour chaque élève de CP et de CE1.

Par ailleurs, contrairement à d’autres pays comme le Portugal ou le Japon, la France ne dispose d’aucun mécanisme permettant de certifier la qualité des manuels. Une procédure de labellisation sera mise en place pour certifier les manuels scolaires tout en respectant la liberté éditoriale des éditeurs et la liberté pédagogique des professeurs. Cette procédure associera laboratoires de recherche, professeurs et inspecteurs généraux. Les certificateurs analyseront les manuels édités et proposeront leur labellisation dès lors que les critères définis dans le cahier des charges national seront respectés.

Axe 2 : Adapter l’organisation des enseignements aux besoins de chaque élève

  1. À partir de la rentrée 2024 - Organiser les cours de mathématiques et de français en groupes de niveaux flexibles tout au long du collège, avec des effectifs réduits à une quinzaine d’élèves pour les groupes les plus fragiles .
  2. Rentrée 2024 - Généraliser le "8 h – 18 h" à tous les collèges de REP et REP+ avec de l’aide aux devoirs, de l’éducation artistique et culturelle et de l’éducation physique et sportive.
  3. Rentrée 2024 - Renforcer substantiellement le volume horaire des enseignements généraux en terminale professionnelle.
  4. Rentrée 2024 - Enseigner les mathématiques et le français en 2de et en 1re professionnelles en groupes à effectifs réduits.
  5. Rentrée 2024 - Généraliser à tous les élèves de 2de l’usage de l’intelligence artificielle pour personnaliser les exercices à la maison en mathématiques et en français.
  6. Expérimentation à la rentrée 2024 - Expérimenter un renforcement dans certaines disciplines pour les élèves en très grande difficulté en 6e et en 5e.

Le niveau des élèves présente dès l’entrée en 6e une forte hétérogénéité. La part des élèves en REP+ en difficulté en français à l’entrée en 6e est deux fois plus élevée que dans les collèges publics hors éducation prioritaire. Or, au collège, le parcours peu différencié des élèves, avec seulement quelques choix d’enseignements optionnels, ne permet pas de tirer tous les élèves vers le haut.

À la différence de ses voisins européens, la France propose une grande variété d’enseignements. Les marges de manœuvre laissées aux établissements demeurent toutefois insuffisantes pour mieux prendre en compte l’hétérogénéité des élèves, renforcer le suivi de ceux qui présentent le plus de difficultés, sans renoncer à élever chaque élève au plus haut niveau de ses capacités.

Une grande majorité de professeurs aimerait pouvoir mieux différencier leurs enseignements. 80 % soulignent la nécessité de trouver une organisation des enseignements différente pour gérer l’hétérogénéité des élèves. La nouvelle organisation de la classe de 6e introduite à la rentrée 2023, avec une heure de soutien ou d’approfondissement en mathématiques et en français, constitue un point d’appui pour des transformations plus structurelles.

L'organisation de groupes de niveaux flexibles en mathématiques et en français tout au long du collège

Pour permettre à tous les élèves de progresser dans des classes et des collèges hétérogènes, une organisation en groupes de niveaux sera mise en place à compter de la rentrée 2024 en mathématiques et en français ; c’est-à-dire pour environ un tiers des heures de cours des élèves. Pour les autres enseignements, le groupe classe demeurera, permettant de combiner les apports de la mixité scolaire et des pédagogies différenciées pour les élèves.

Ces groupes de niveaux seront constitués en fonction des besoins identifiés par les professeurs ainsi que par les résultats aux tests de positionnement de début d’année et pourront évoluer en cours d’année pour tenir compte de la progression des élèves. Les groupes les plus en difficulté seront dédoublés, avec des effectifs réduits, permettant aux professeurs de disposer des conditions d’enseignement les plus favorables pour faire progresser leurs élèves.

Faire du collège un lieu qui accueille, qui protège et qui élève

Depuis la rentrée 2023, près de 200 collèges en réseaux d’éducation prioritaire ont mis en œuvre l’accueil de 8h à 18h en proposant des activités variées aux élèves : aide aux devoirs, éducation artistique et culturelle, éducation physique et sportive, sorties scolaires.

En élargissant les horaires d’accueil, y compris le mercredi après-midi, et en développant des partenariats, ces collèges se sont dotés de réponses supplémentaires et efficaces aux problématiques des emplois du temps discontinus des élèves. Ils garantissent ainsi une prise en charge des jeunes pour éviter qu’ils ne se retrouvent seuls chez eux ou livrés à eux-mêmes.

Avec l’aide d’enseignants volontaires, dans le cadre du dispositif Devoirs faits qui met en œuvre un véritable service public de l’aide aux devoirs, avec l’appui d’intervenants culturels et d’associations qui sont parties prenantes des cités éducatives, ces 200 collèges contribuent à lutter contre les inégalités de destin et à œuvrer pour la réussite de leurs élèves.

Y sont aussi intégrés les actions d’éducation à la santé, à la citoyenneté, ainsi que les ateliers artistiques mis en place sur la pause méridienne. Cette généralisation s’articulera avec les dispositifs existants, comme les programmes de réussite éducative ou les contrats locaux d’accompagnement à la scolarité.

Renforcer le volume horaire des enseignements généraux au lycée professionnel et dispenser une partie des enseignements de mathématiques et de français en seconde et en première professionnelles en groupes à effectifs réduits

Les tests de positionnement montrent qu’à l’entrée en 2de professionnelle, près de deux-tiers des élèves présentent des fragilités en mathématiques et en français.

Les élèves de la voie professionnelle bénéficieront de toutes les transformations engagées à l’école primaire comme au collège. Il n’en demeure pas moins nécessaire de prolonger cet effort d’élévation du niveau à partir de la 2de professionnelle.

C’est pourquoi, dans la voie professionnelle, les enseignements généraux de mathématiques, de français et d’histoire-géographie seront renforcés dès la rentrée 2024.

Un usage raisonné du numérique et de l'intelligence artificielle pour personnaliser les apprentissages et individualiser la progression des élèves

C’est au coeur de la classe et dans les interactions entre le professeur et ses élèves, ainsi qu’entre les élèves, que se construisent les apprentissages. Les outils numériques sont utiles pour simplifier certaines tâches des professeurs et pour favoriser la différenciation pédagogique par des travaux en groupes autonomes, qui permettent aux professeurs de se consacrer davantage aux élèves en difficulté. Les usages numériques facilitent également le lien entre l’école et les familles et le suivi de la progression de chaque élève par ses professeurs. Ce sont aussi des leviers de soutien scolaire efficaces dans le cadre de devoirs faits ou à la maison.

Ces technologies sont à utiliser de manière raisonnée et avec un accompagnement adapté. Certains logiciels et outils numériques, incluant ou non de l’intelligence artificielle, ont fait la preuve de leur efficacité dans des situations pédagogiques spécifiques, en complément du cours délivré par les professeurs.

Les outils numériques permettent en effet d’augmenter l’attention et l’engagement de chaque élève par le biais de contenus ludiques, et de délivrer pour chaque élève des contenus adaptés à ses besoins et à son niveau. Aujourd’hui, des outils d’intelligence artificielle peuvent entretenir un dialogue avec les élèves et leur permettre de progresser à l’oral grâce à la reconnaissance vocale, mais leur proposent aussi des exercices de grammaire, de syntaxe ou de traduction adaptés à leur niveau.

De tels outils permettent également d’individualiser la progression des élèves en français ou en mathématiques, avec une méthode basée sur la répétition ludique d’exercices pour maîtriser les fondamentaux en grammaire, conjugaison, écriture, calcul, géométrie ou logique. Basés sur les enseignements des sciences cognitives, ils offrent aux élèves une flexibilité d’usage qui les rendent d’autant plus attractifs, et complémentaires de l’enseignement du professeur.

Après ce succès dans les usages, de nouveaux partenariats d’innovation en intelligence artificielle seront lancés dès le 8 janvier 2024 en lien avec des laboratoires de recherche, le programme France 2030 et la Caisse des dépôts et des consignations pour déployer de tels outils aux cycles 3 et 4 (CM1 – 3e) en français, en mathématiques et en langues vivantes (anglais, espagnol, italien et allemand).

La France sera ainsi le premier pays au monde à généraliser à titre gratuit l’usage d’une intelligence artificielle à tous les élèves d’une classe d’âge pour accompagner leur progression scolaire. Elle sera utilisée en dehors des heures de cours et en complément de l’accompagnement en classe pour approfondir les notions fondamentales, en lien avec les évaluations nationales de 2de.

Enfin, un guide pédagogique des usages du numérique en classe sera édité par le ministère au printemps 2024 à destination de tous les enseignants, afin d’accompagner leur pratique sur le terrain, tout en prenant en compte les transformations induites par l’arrivée des IA génératives, notamment dans le rapport à l’évaluation.

Un renforcement dans certaines disciplines pour les élèves en très grande difficulté

Certains élèves ont besoin de plus de temps, d’une pédagogie adaptée et de pratiques renforcées pour maîtriser les attendus fixés par les programmes.

Dans l’esprit du parcours aménagé de formation initiale (Pafi), qui constitue une mesure efficace de prévention du décrochage scolaire, une réponse personnalisée aux difficultés de l’élève sera expérimentée.

Les conseils de classe pourront proposer aux élèves en grande difficulté un renforcement dans les enseignements fondamentaux jusqu’à 2 à 3h par semaine. La durée du parcours sera individualisée selon les besoins des élèves. Le parcours pourra débuter à tout moment de l’année et sera formalisé par un contrat d’objectifs individualisé proposé par l’établissement en lien avec l’élève et sa famille.

Déployé notamment au début du collège, ce dispositif  pédagogique de remise à niveau, rendu possible par la marge d’autonomie des établissements, permettra aux élèves les plus en difficulté de rattraper leur retard dans les apprentissages pour poursuivre plus sereinement leur parcours.

Axe 3 : Rehausser le niveau d’exigence et d’ambition pour tous les élèves

  1. Supprimer les correctifs académiques des notes au brevet et au baccalauréat - Session 2024
  2. Refondre le contrôle continu pour le brevet : ce sont les notes qui compteront (pour 40 % de la note finale et 60 % pour les notes d’examens) et non plus les tranches de compétences - Session 2025
  3. Le brevet deviendra obligatoire pour passer directement en 2de : les élèves qui n’auront pas le brevet seront scolarisés en "prépa-lycée" pendant un an - Rentrée 2025
  4. Des mentions AB, B, TB, TB avec félicitations seront aussi décernées pour le CAP - Session 2025
  5. Session 2026 - Introduire une nouvelle épreuve anticipée de culture mathématique et scientifique au baccalauréat en fin de 1re générale et technologique (comme le "bac de français").
  6. Rentrée 2024 - À l’école élémentaire, sortir d’une doctrine de passage quasi systématique en classe supérieure et promouvoir les dispositifs de remédiation (stages de réussite, accompagnement personnalisé, tutorat) avant redoublement.
  7. Début 2024 - Rendre le dernier mot aux professeurs pour la prescription de dispositifs de remédiation et le redoublement des élèves.
  8. Rentrée 2024 - Donner aux professeurs les résultats de leurs élèves aux évaluations nationales, mais aussi les résultats au niveau de l’établissement et de l’académie pour leur permettre de les situer.

La volonté d’élever le niveau de tous les élèves est au coeur du projet de l’École de la République. Elle passe par la fixation d’un niveau d’exigence pour les élèves
par leurs professeurs et par l’institution scolaire. Cette exigence est facteur d’ambition et de motivation pour les élèves, soutenus par la confiance de leurs professeurs et de l’institution scolaire en leur réussite possible.

L’exigence des savoirs suppose ainsi de renouer avec la fiabilité de l’évaluation. Le diplôme national du brevet et le baccalauréat doivent dire la vérité sur les acquis des élèves et redevenir un étalon de mesure fiable de cette exigence. Elle suppose aussi de doter les équipes éducatives de tous les leviers pour adapter leurs pratiques pédagogiques à la progression de leurs élèves.

Renforcer l'exigence globale du brevet et du baccalauréat

Le diplôme national du brevet est un rite de passage et une préparation aux examens ultérieurs. Son obtention demeure sans incidence sur la suite du parcours de l’élève puisqu’un élève qui n’obtient pas son brevet peut néanmoins passer en 2de. En outre, les modalités d’attribution des points en fonction du degré de maîtrise du socle, sur une échelle de 4 niveaux, ne permettent pas de rendre compte fidèlement du niveau réel des élèves.

Il faut donc redonner au diplôme du brevet la valeur d’un véritable examen national qui atteste effectivement d’un niveau et d’une culture générale commune. La crédibilité des examens nécessite, au brevet comme au baccalauréat, la sincérité et la fidélité de la notation. Les professeurs, par leur compétence et leur expertise en matière d’évaluation, sont les mieux placés pour rendre compte du niveau réel des élèves.

Reconnaître la réussite et l'excellence des jeunes diplômés du CAP 

Certains examens nationaux bénéficient de la possibilité de valoriser la réussite des jeunes lauréats avec l’attribution de mentions. C’est le cas du brevet et des baccalauréats général, technologique et professionnel.

Cette récompense reconnait les efforts fournis par les candidats tout au long de leur parcours scolaire. Elle
est gratifiante pour les élèves qui ont bien travaillé et se sont investis avec régularité tout au long de la préparation du diplôme. Jusqu’à présent, les candidats lauréats du certificat d’aptitude professionnelle (CAP) n’étaient toutefois pas concernés.

Il est essentiel dans un souci de justice scolaire que l’engagement, la réussite et l’excellence de ces élèves puissent aussi être soulignés et valorisés.

Une évaluation de la culture mathématique et scientifique avec une épreuve anticipée en fin de classe de première générale et technologique

Le baccalauréat général compte aujourd’hui trois épreuves terminales communes à tous les élèves, toutes relevant des humanités, avec l’écrit de français, l’oral de français et la philosophie. L’absence d’épreuve commune permettant de certifier le niveau des élèves en mathématiques en fin de classe de 1re n’est pas satisfaisante.

Une nouvelle épreuve anticipée de culture mathématique et scientifique sera instaurée en fin de 1re générale et technologique. Elle permettra de tester la capacité des élèves à comprendre les principaux objets mathématiques indispensables à tous, à résoudre des problèmes fondés sur des données et à construire un raisonnement logique.

Cette épreuve, qui pourra présenter des adaptations pour tenir compte du parcours des candidats (choix de la spécialité mathématiques ou suivi de l’enseignement scientifique et mathématiques), vise à affirmer des attendus en termes d’exigence collective du niveau de tous les lycéens généraux. Cette épreuve nouvelle nécessitera de revoir la pédagogie des mathématiques au collège et au lycée.

À l'école élémentaire, sortir d'une doctrine de passage quasi systématique en classe supérieure

Par le passé, notre système éducatif a eu recours massivement au redoublement. À la fin des années 1980, un tiers des élèves arrivant en fin de CM2 avaient redoublé au moins une classe. Aujourd’hui, c’est le cas de seulement 4,5 % des élèves. En particulier, le choix a été fait en 2014 de rendre le redoublement exceptionnel et de le conditionner à l’accord écrit des parents, sans pour autant développer de véritables alternatives de remédiation.

Pourtant, durant la même période, le niveau global des élèves ne s’est pas amélioré. Si 98 % des élèves passent aujourd’hui chaque année du CP au CE1, 15 % ne maîtrisent pas la compréhension des textes à l’oral et 8 % ne lisent pas correctement des nombres entiers.

Le choix réalisé en 2014 s’appuyait sur l’idée que le redoublement ne serait pas efficace. Toutefois, la recherche scientifique montre que le redoublement peut être efficace s’il intervient dès les petites classes, de même que les alternatives telles que les stages de réussite proposés durant les vacances scolaires, l’accompagnement personnalisé ou le tutorat.

C’est aussi le constat que font les professeurs : certains élèves ont besoin de plus de temps pour acquérir certaines connaissances ou compétences. Loin d’être un choix social, promouvoir un passage quasisystématique en classe supérieure peut condamner des élèves à l’échec scolaire durant toute leur scolarité.

Au contraire, consacrer une année d’enseignement supplémentaire ou des dispositifs de remédiation et de rattrapage à des élèves en difficulté permet d’investir plus pour ceux qui en ont le plus besoin. Mieux vaut réussir sa scolarité élémentaire en six ans plutôt que demeurer en difficulté après cinq années.

L’équipe pédagogique identifiera les élèves ayant besoin d’un rattrapage sur la base des tests de positionnement réalisés en début d’année et à mi-année et en se référant aux évaluations de classe. Dès le mois de février, les professeurs pourront proposer à ces élèves un parcours renforcé en temps scolaire et des stages de réussite durant les vacances scolaires. Sera également expérimentée l’organisation de tutorats entre pairs, dont la recherche a montré que les effets étaient positifs pour les tuteurs comme pour les tutorés.

Si ces périodes de remise à niveau sont suffisantes, le principe du "passage sous conditions" permettra à l’élève de passer en classe supérieure. Si au contraire
cette remise à niveau s’avère insuffisante, l’élève ne maîtrisant pas la lecture en fin de CP redoublera son année dans le cadre d’un parcours adapté, par exemple dans une classe à deux niveaux ou avec des aménagements horaires.

Si l’accord des familles doit être recherché, l’équipe pédagogique est la seule en mesure de déterminer si les difficultés d’un élève lui font courir un risque excessif d’échec en cas de passage dans le niveau supérieur.

La performance des élèves en situation de handicap ne sera pas jugée uniquement sur la base des résultats scolaires ou des évaluations nationales. Ainsi, la possibilité de redoublement ne s’appliquera pas à tous de manière automatique, chaque cas fera l’objet d’une appréciation particulière.

Permettre aux professeurs de situer les résultats de leurs élèves pour mieux les faire progresser

Enfin, pour identifier les besoins de leurs élèves, les professeurs doivent connaître leurs résultats aux évaluations mais aussi les résultats de leur école ou de leur établissement, de leur circonscription, et plus largement de leur département ou de leur académie.

Cette contextualisation est indispensable à l’adaptation de leurs pratiques et à l’amélioration des résultats dans le contexte spécifique de leur école ou de leur établissement. Les professeurs doivent aussi être régulièrement informés des travaux menés au sein des conseils académiques des savoirs fondamentaux. Les académies organiseront donc une communication des feuilles de routes académiques et transmettront régulièrement la synthèse des travaux engagés.

Dès la rentrée 2024 et à chaque rentrée scolaire (en novembre, après les évaluations), tous les professeurs se verront adresser individuellement l’ensemble des informations permettant de situer les résultats de leurs élèves.

Mise à jour : novembre 2024