Grenelle de l'Education [Compte rendu d'atelier] Écoute et proximité : séance 5 - Reconnaissance
L’incubateur du Grenelle de l’Éducation permet une concertation large avec la société civile, sous la forme d’ateliers associant des représentants de la communauté éducative. Consultez le compte rendu de l'atelier Écoute et proximité, séance 5, Reconnaissance, 30 novembre 2020.
Retour sur les premières séances de l’atelier
Aziz JELLAB remercie les participants ayant transmis des propositions depuis la précédente séance, et souligne qu’ils pourront continuer de le faire, y compris à l’issue de la présente bien que ce soit la cinquième et dernière.
Les quatre premières séances ont été très riches et témoignent d’une progression : après une mise à plat des thématiques relevant de l’écoute et de la proximité, des réflexions, nourries par les points de vue et témoignages d’experts, se sont dégagées.
En premier lieu, la reconnaissance va de pair avec la reconnaissance, par l’Institution, des conditions de travail et de la qualité de vie au travail. Il s’agit de s’assurer que l’environnement de travail de l’ensemble des personnels est de nature à favoriser leur épanouissement personnel et de veiller à l’absence de « travail empêché ».
L’écoute doit être humaine et l’humanisation de la relation passe par la personnalisation. Les mots utilisés ne sont pas anodins. Cette écoute dans la proximité doit concerner tous les personnels (y compris les personnels administratifs et de santé).
Est également apparue la nécessité de repenser la GRH en la rendant plus horizontale, plus proche du conseil que de l’injonction, plus soucieuse d’instaurer la confiance, ce qui suppose que le regard porté ne soit pas – seulement – un regard qui juge. Il y a là un enjeu de formation des personnels : comment accompagner sans jugement de valeur ?
La GRH de proximité incombe d'abord à l’encadrement de proximité. Nombre de contributions des ateliers ont mis en évidence le besoin d’accompagnement créé par les rendez-vous de carrière, lesquels sont d'ailleurs jugés insuffisants.
Le premier degré appelle une attention particulière, compte tenu notamment du rôle et du statut particuliers des directeurs d’école, qui sont en discussion.
D'une façon générale, il faut aussi que l’Institution réfléchisse au temps disponible à chacun pour s’approprier telle ou telle démarche qu’elle lance.
L’écoute et l’accompagnement de proximité couvrent différentes thématiques. Il peut s’agir d’une aide face aux difficultés rencontrées, mais elle peut aussi être plus régulière. C'est alors le collectif professionnel en école et en EPLE qu’il faut promouvoir. La question de l’entraide et de la solidarité se pose alors avec acuité. La question des temps de concertation et des espaces permettant cette entraide ou à ces collectifs de fonctionner est revenue à plusieurs reprises. L’atelier a également montré que l’accompagnement à prodiguer devait inclure le développement professionnel, la mobilité géographique et la mobilité ascendante, dans ou en dehors de l’Education nationale.
Dans tous les cas, l’accompagnement de la carrière nécessite un double apprentissage, du côté de ceux qui accompagnent et du côté des personnels qui ont à développer des compétences (comment mettre en récit ses compétences et ses aspirations ?, bien se connaître pour se faire reconnaître).
En résumé, la personnalisation, la promotion des collectifs professionnels et pédagogiques et l’humanisation de la relation aux services sont manifestement au cœur de l’écoute et de la proximité.
Des personnels d’encadrement et directeurs d’école relatent des expériences qui valorisent les personnels et développent la confiance et la solidarité. Ce sont autant d’éléments qui augurent d’effets positifs sur la qualité de vie au travail et la réussite des élèves.
Un représentant du collège syndical fait part d’une certaine frustration. La première séance avait fait naître chez lui des espoirs, du fait d’échanges très riches qui ont eu lieu entre les différents acteurs et il espère que les propositions sur lesquelles débouchera l’atelier seront concrètes, sur des thèmes tels que le salaire, la médecine de prévention ou la formation des gestionnaires de ressources humaines de proximité (qui gagnerait à inclure un volet de formation à la psychologie).
Discussion des pistes de propositions
1. Présentation générale
Aziz JELLAB livre à la discussion, sur la base du bilan des premières séances qu’il a rappelé, les pistes de propositions suivantes :
- développer l’accompagnement de la carrière de tous les personnels ;
- créer du lien et construire des collectifs professionnels pérennes sur fond de coopération (thème traité par l’atelier « collectifs pédagogiques » dans le cadre du Grenelle) ;
- renforcer la formation et développer les compétences (thème traité par l’atelier « formation » dans le cadre du Grenelle) ;
- prévenir les risques psychosociaux en veillant à la qualité de vie au travail ;
- mieux informer les enseignants pour les aider à construire leur parcours professionnel ;
- professionnaliser l’écoute à travers une formation de qualité ;
- revaloriser l’image des enseignants à travers des campagnes de communication sur les métiers et les réalisations.
Un représentant du collège syndical indique que son organisation fera part d’un ensemble de propositions globales et cohérentes, en écho au Grenelle de l'éducation.
Une représentante des familles juge important de s’entendre sur les axes des propositions. Elle en distingue trois :
- l’écoute dès le premier niveau au quotidien (car une politique RH se transmet à tous les niveaux) ;
- le climat scolaire et la confiance réciproque qui doit exister entre les acteurs (personnels, instances, etc.) ;
- la carrière (qui repose sur les instances académiques départementales, ce qui suppose notamment, pour les personnels, de connaître leurs interlocuteurs en la matière), qui doit être pensée sur toute sa durée et non seulement pour les personnels de moins de 45 ans.
Un enseignant observe que l’écoute de proximité n’implique pas seulement les RH ni une dimension individuelle : l’usure peut naître du manque de moyens et d’outils. Dans le lycée où il travaille, l’absence de taxe professionnelle créée de grandes difficultés car l’établissement manque même du matériel de base.
Un représentant du collège Encadrement s’interroge quant à l’attitude de l’Institution vis-à-vis des collectifs de travail en réseau qui se développent à un rythme soutenu. Il note aussi que les témoignages d’entreprises dites « libérées » montrent que le souci consistant à donner du pouvoir d’agir à l’ensemble des acteurs de l’entreprise s’étend aujourd'hui à toutes les organisations.
Un représentant des élus et collectivités souligne qu’au-delà de la confiance, il faut féliciter les enseignants qui essaient de faire des choses nouvelles en dehors de la classe. Ayant participé également au Grenelle sur les violences conjugales, il constate qu’il n’est pas toujours aisé, pour des personnels de l’Education nationale, de participer à ce type d’évènements externes. Un pas en avant pourrait être fait en encourageant cette participation.
2. Développer l’accompagnement de la carrière de tous les personnels
En s’appuyant sur les travaux de l’atelier, Aziz JELLAB propose notamment, dans cette visée, de :
- installer les conditions d’un accompagnement durant la carrière ;
- valoriser la diversité des profils des enseignants et en faire un appui pour la mise en œuvre de leurs compétences (ce qui passe notamment par un meilleur accueil dans la fonction, en valorisant les compétences acquises, mises en récit et formalisées) ;
- accompagner les cycles de vie professionnels en instaurant des rendez-vous réguliers (et augmenter le nombre de rendez-vous de carrière) ;
- accompagner les personnels dans la pratique quotidienne ;
- créer des écosystèmes, entre le niveau académique et le niveau local, de façon à permettre des synergies entre acteurs ;
- collaborer avec les acteurs de bassins d’emploi locaux afin d’ouvrir des horizons aux personnels qui le souhaitent.
Evoquant l’allongement des carrières, un représentant des enseignants note que deux tiers des professeurs des écoles souffrent de troubles musculo-squelettiques, ce qui devrait nous inviter à repenser complètement la limitation du départ des enseignants. Il juge nécessaire une réflexion sur la pénibilité des fins de carrière et considère qu’il faudrait faire en sorte que les enseignants présents devant les élèves aient moins de 50 ans, en évitant l’existence de nécessités de service au-delà de cet âge. L’accompagnement de carrière devrait, en conséquence, se concentrer sur les personnels ayant 20 à 45 ans. Ce participant déplore aussi les trop grandes rigidités du système, alors que des allers et retours entre la fonction d’inspecteur et celle d’enseignant, par exemple, devraient être possibles.
Pour un représentant du collège syndical, ce sont des moments d’entretien qu’il faut, davantage que des rendez-vous de carrière, de même qu’il faut dissocier la réflexion sur la carrière et l’évaluation.
3. Créer du lien et construire des collectifs professionnels pérennes sur fond de coopération
En s’appuyant sur les travaux de l’atelier, Aziz JELLAB propose notamment de :
- installer la première écoute au niveau des écoles et des EPLE ;
- développer des collectifs professionnels au sein des établissements en promouvant des projets cultures, l’entraide et la solidarité ;
- valoriser les réalisations collectives, notamment quant à leurs effets sur la réussite et le parcours des élèves ;
- instaurer un tutorat par les pairs en désignant des professeurs ou professionnels-référents ;
- mettre en place une médiation qui puisse prendre en charge des situations de tension ;
Pour un représentant des enseignants, chaque agent devrait pouvoir participer à une mission complémentaire à son exercice professionnel, lui donnant l’occasion de se sentir impliqué dans le collectif.
Une représentante du collège syndical craint que la prolifération de missions, pour des postes à profil, ne privilégie les hommes (qui seront sans doute plus nombreux à accepter de telles missions) et ne soit peu à peu dévoyée en devenant à terme une couche bureaucratique supplémentaire. Elle juge plus urgent de travailler à la simplification du métier et à l’allègement de la pression qui pèse sur les enseignants.
Un représentant du collège syndical va dans le même sens : il faut décharger les enseignants de ce qui leur pèse plutôt que de « charger la mule ». Une piste pourrait consister, par exemple, à reconnaître officiellement un temps de réunion hebdomadaire, qui serait déduit du nombre d’heures d’enseignement à effectuer.
Certains enseignants ont le désir d’apporter des compétences personnelles à l’Education nationale et sont demandeurs de missions, constate tout de même un représentant de l’encadrement. Ces missions n’ont lieu que sur la base du volontariat et il ne saurait être question de remettre en cause ce principe à ses yeux.
4. Renforcer la formation et développer les compétences
En s’appuyant sur les travaux de l’atelier, Aziz JELLAB propose, sur ce point, de :
- faciliter l’accès au Compte personnel de formation (CPF) et son utilisation, en instaurant un système de « points de formation » attribués aux enseignants en fonction de leur implication dans leur établissement scolaire à l’appréciation du chef d’établissement ou de l’IEN de circonscription ;
- argumenter le refus d’une formation par une nécessité de service ;
- donner priorité aux formations en école et en EPLE ;
- renforcer le développement professionnel des personnels ;
- conforter et développer les liens entre la recherche et les compétences disciplinaires ou professionnelles des personnels à travers la promotion de conférences, de recherches-actions.
Un représentant des élus se dit assez réservé devant ces propositions. Le CPF doit être entièrement personnel, sans droit de regard extérieur (en particulier de la hiérarchie) sur les choix effectués par chacun pour l’utilisation de ce crédit d’heures. Il s’étonne aussi qu’il soit proposé de relier ce dispositif à l’implication de l’enseignant, ce qui ferait de la formation une « carotte » et introduirait des inégalités d’accès alors qu’elle doit bénéficier à tous.
Un directeur d’école fait part de son plein accord avec la proposition visant à donner priorité à la formation en école, en donnant une part d’initiative aux équipes de ce point de vue (même si certaines formations sont nécessairement décidées de façon descendante). L’Institution pourrait par ailleurs montrer l’exemple, en matière de création de liens, vis-à-vis des personnels de direction et directeurs d’école, qui peuvent se sentir isolés.
Une enseignante souligne que les initiatives locales présentent d’autant plus intérêt qu’elles partent généralement d’un besoin local. L’égalité de tous les personnels y participant, autour d’un personnel extérieur apportant son expertise propre, contribue à la réussite de ces projets. Il faut éviter tout ce qui peut introduire une hiérarchisation parmi les participants. Il faut être vigilant car certaines recherches imposent parfois des thématiques qui ne répondent pas aux besoins des enseignants.
Un représentant de l’encadrement juge également nécessaire de s’interroger à propos des personnels qui devraient suivre certaines formations pour pallier certaines carences professionnelles alors qu’ils refusent de le faire. Il peut exister des personnels qui refusent d’être aidés par leur chef d’établissement alors qu’ils en ont besoin. Il plaide enfin pour des formations qui soient qualifiantes (voire diplômantes), valorisées par une attestation et peut-être utilisables hors de l’Education nationale dans le cadre d’une carrière.
Aziz JELLAB souligne aussi l’importance de la mise en récit des expériences.
A ce sujet, Daniel PENNAC se souvient d’un professeur qui a su exploiter le caractère parfois dissipé de l’élève qu’il était alors. « Vous avez beaucoup d’imagination ! », lui disait l’enseignant. « Investissez-la dans quelque chose de rentable. Ecrivez-moi chaque semaine dix pages d’n roman qui sera achevé à la fin du trimestre ! » « Cet homme m’a sauvé la vie, scolairement », assure Daniel PENNAC, faisant de lui le professeur qu’il est devenu par la suite. Il a enseigné durant 27 ans à près de 3 000 élèves, tous en difficulté, voire en grande difficulté scolaire. Il en a tiré deux livres, l’un ayant pour thème la réconciliation des enfants avec la lecture, l’autre traitant des dommages provoqués par la peur à l’école (peur des élèves, peur des adultes). Cette peur peut être alimentée par le climat d’évaluation générale et perpétuelle qui règne au sein de l’Education nationale. Dans le même temps, l’expression « créer du lien » est revenue à maintes reprises au cours de l’atelier. Pour lutter contre les échecs individuels de ses élèves, Daniel PENNAC n’a pas cessé de les évaluer mais ne les envisageait jamais seulement sous l’angle de l’évaluation. Pour ce faire, il les recrutait en vue d’une création collective (pièce de théâtre, spectacle, etc.) instaurant au sein de l’établissement un rapport dans lequel tous, élèves et enseignants, étaient impliqués. Ce projet créatif modifie radicalement le rapport entre les élèves et les professeurs de même que vis-à-vis des familles, venues assister à un concours d’éloquence ou à un spectacle de la chorale des élèves. Partout où il a vu ce principe s’appliquer, assure Daniel PENNAC, les résultats sont au rendez-vous. Il invite chacun à se demander ce que serait aujourd'hui l’Europe si nous avions, dès les années 80, par exemple au moment de la chute du mur de Berlin, eu à cœur de bâtir une éducation européenne en échangeant tous nos élèves, permettant à ceux-ci de passer un mois par an dans un autre pays, chaque année différent, à un âge où l’on apprend spontanément les langues et où le désir de nouer des amitiés est à son plus haut.
5. Prévenir les risques psychosociaux en veillant à la qualité de vie au travail
En s’appuyant sur les travaux de l’atelier, Aziz JELLAB propose, sur ce thème, de :
- veiller à instaurer un cadre de travail convivial mais aussi matériellement approprié
- mettre en œuvre une politique RH qui instaure la confiance, de sorte que les difficultés rencontrées par les enseignants puissent être exprimées et accompagnées (en les reconnaissant toujours comme des difficultés d’ordre professionnel) sur le plan individuel et collectif ;
- conduire des enquêtes régulières sur le bien-être des personnels et systématiser les enquêtes de « climat scolaire », en s’inspirant de l’enquête « conditions de travail » de la DARES ;
- s’appuyer sur une réelle synergie entre les personnels d’encadrement, d’une part, les personnels de santé et du social d’autre part (et augmenter le nombre de médecins de prévention).
Pour une représentante du monde associatif et économique, la prévention des risques psychosociaux renvoie à la fois aux conditions de travail, à la confiance, à la place de la personne et au bien-être qui naît des relations entre les parties prenantes. Le bien-être au travail peut constituer un facteur d’attractivité du métier et de développement de la personne. Il existe de nombreuses ressources au sein des territoires et une base de données de bonnes pratiques potentiellement utile aux uns et aux autres pourrait être créée. Il faut « abaisser le centre de gravité de l’initiative et de l’innovation » en partant des démarches de terrain pour proposer des méthodologies au bénéfice de l’ensemble de la communauté éducative. Il peut s’agir par exemple d’identifier précocement le risque de Troubles Musculo Squelettiques (TMS) pour un enseignant en maternelle ou de travailler sur les difficultés liées à la posture de l’enseignant face à des parents d’élèves. Il importe également d’accompagner les personnes pour identifier un nouveau parcours professionnel ou un nouveau parcours de vie. C’est particulièrement important pour les personnes ayant connu des problèmes de santé, ayant une fonction d’aidant ou souhaitant se reconvertir.
Un représentant des élus se rallie à cette proposition de base de données des bonnes pratiques, qui pourrait favoriser l’horizontalité et les échanges entre acteurs. La méditation de pleine conscience présente aussi de nombreux intérêts. Elle commence à faire son chemin dans les entreprises mais est pratiquée ailleurs dans le monde éducatif, notamment au Canada, où ce participant a eu l’occasion de visiter une « communauté apprenante » (CAP). Face au constat d’une anxiété supérieure à la moyenne, parmi les élèves comme parmi les enseignants, la communauté éducative de l’école de Montréal qui l’avait accueilli avait mis en place cette pratique, avec succès. En France, une étude de l’Inserm, conduite par le professeur Grégory Michel à l’université de Bordeaux, montre que cette pratique contribue à réduire les inégalités à l’école en améliorant les capacités de concentration des élèves ayant des difficultés dans ce domaine.
6. Mieux informer les enseignants pour les aider à construire leur parcours professionnel
En s’appuyant sur les travaux de l’atelier, Aziz JELLAB propose, sur ce thème, de :
- rendre visible les interlocuteurs et ressources existant au niveau académique sur la GRH ;
- compléter l’organigramme administratif par un organigramme des personnes-ressources (sans que la GRH de proximité ne se réduise à cette dimension) ;
- faire en sorte que le premier contact avec les services donne lieu à un suivi à moyen et long terme ;
- rendre plus explicites les règles et décisions prises par les services académiques.
7. Professionnaliser l’écoute à travers une formation de qualité
En s’appuyant sur les travaux de l’atelier, Aziz JELLAB propose, sur ce thème, de :
- veiller à ce que les personnels assurant une écoute de proximité soient au fait des métiers et de leur contexte d’exercice, en s’appuyant sur les bonnes pratiques issues d’autres mondes professionnels ;
- mailler le territoire par des professionnels de l’écoute disponible, en privilégiant un fonctionnement en réseau associant les personnels d’encadrement ;
- humaniser davantage la relation entre les personnels et les services académiques de GRH, en veillant à la qualité de la communication, des réponses et du suivi dans la durée. L’humanisation de la relation passe par la création d’espaces d’échanges qui ne soient pas soumis à des jugements de valeur ni à une appréciation d’ordre hiérarchique, souligne Aziz JELLAB.
Un représentant du collège syndical observe que l’administration pourrait se donner pour objectif (hors du cadre des décisions soumises à des voies de recours) de répondre dans un certain délai, ce qui serait sans impact financier pour l’Institution.
Les psychologues de l’Education nationale pourraient constituer un appui pour l’écoute de proximité à mettre en place vis-à-vis des enseignants, considère une représentante du collège syndical. Cela favoriserait la création d’une écoute sans jugement et la recherche de solutions avec des partenaires internes à l’Institution tels que les directeurs d’école.
8. Revaloriser l’image des enseignants et des métiers de l’éducation
En s’appuyant sur les travaux de l’atelier, Aziz JELLAB propose, sur ce thème, de :
- promouvoir, à travers des campagnes de communication, une image positive et attractive des métiers de l’enseignement et de l’éducation ;
- montrer les belles réussites associant les élèves, les parents et les personnels (ce qui serait l’occasion de reconnaître l’existence d’autres missions importantes, à côté de la transmission des savoirs et des valeurs) ;
- construire les conditions favorables à une mobilité interne et externe à l’Education nationale (ce qui doit aussi renforcer l’attractivité des métiers de celle-ci).
Un représentant du collège syndical note que les classements d’établissements produits par l’Education nationale, sur la base des résultats aux examens, ne sont ni accompagnés ni compris. Un mauvais classement renvoie au collectif de l’établissement une image particulièrement négative et il faut a minima accompagner la diffusion de ces informations, par exemple par des décisions en termes de formation ou de dotation horaire pour des personnels de vie scolaire.
Aziz JELLAB convient de la nécessité de cet accompagnement et d’une communication différente. C’est peut-être par ce biais que l’on partagera autrement ces indicateurs mais également en travaillant à l’appropriation de questions éducatives ou pédagogiques.
Un représentant de l’encadrement souligne qu’il existe de belles réussites, que l’Institution ne connait pas – et ne prend pas le temps – de valoriser. Ce peut être aussi l’occasion de tordre le cou à des représentations caricaturales et de renforcer la fierté d'appartenance des personnels à un groupe.
Une représentante du collège enseignant rappelle également que les écoles se trouvent dans des territoires. C’est à cette échelle qu’il faut travailler, aux côtés des collectivités locales, d’entreprises, d’associations de quartier, d’associations intervenant dans les établissements (santé, prévention du décrochage, etc.) et en conviant à ces initiatives d’anciens élèves, sur lesquels l’Institution ne s’appuie pas suffisamment.
Une représentante des parents d’élèves confirme l’importance de ces partenariats locaux : il existe une multitude d’acquisition qui ne sont visibles quasiment que des personnes qui y participent. Peut-être les services de communication des rectorats pourrait-il valoriser les équipes et faire connaître ces initiatives lorsqu’un inspecteur est invité à ce type de manifestation.
Rappelant que les collectivités locales financent partiellement les établissements, une enseignante estime qu’une mission de coordination de ces moyens pourrait être chargées notamment d’une mutualisation des moyens et des efforts de communication à l’échelle d’un territoire.
Conclusion
L’atelier arrivant à son terme, Aziz JELLAB propose d’adresser aux participants des diapositives à partir desquelles ils pourront faire des suggestions complémentaires.
Daniel PENNAC dit avoir été très heureux de participer à cet atelier durant plusieurs semaines. Il remercie les participants de lui avoir fait toucher l’extrême complexité de la grande Maison que constitue l’Education nationale. Il est toujours scandalisé par les classements d’établissements que publient régulièrement des journaux, ignorant tout des mérites réels des professeurs, souvent dans des situations difficiles, voire impossibles. Les enseignants sont victimes d’une société marchande qui les relègue parfois au concept global « de service rendu » et Daniel PENNAC s’en dit très peiné. Il suggère que le stage obligatoire en classe de 3ème soit mis à profit pour en apprendre davantage aux élèves de 3ème sur la nature de la société dans laquelle ils vivent, en s’appliquant à leur faire faire leur stage dans des institutions qui sont au cœur de cette société, par exemple à l’hôpital, dans la police, en prison voire, au ministère de l’Education nationale.
Nous ne sommes plus au temps où « l’école ne saurait être le monde » (Hannah Arendt), souligne Aziz JELLAB.
L’école est tendue entre sa nécessaire ouverture sur le monde et l’attachement à ses fondements. Elle doit assurer la transmission des savoirs tout en éduquant au monde d’aujourd'hui. L’atelier a été particulièrement vivant et Aziz JELLAB salue l’honnêteté et le franc-parler de tous les participants. Il remercie également Daniel Pennac d’avoir accepté de le présider en y apportant son regard singulier.
Mise à jour : décembre 2020
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