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Grenelle de l'Education [Compte-rendu d'atelier] Formation séance 2 - Coopération

L’incubateur du Grenelle de l’Éducation permet une concertation large avec la société civile, sous la forme d’ateliers associant des représentants de la communauté éducative. Consultez le compte-rendu de l'atelier formation séance 2, coopération, du lundi 16 novembre 2020.

Franck Brillet rappelle que la séquence précédente était destinée à fournir un état de l’art sur ce qui se fait au sein de la politique ministérielle et avoir une visibilité sur les principaux systèmes européens. Le compte-rendu de la séance sera rendu public dans les prochaines heures sur le site du ministère de l’Education nationale pour assurer la transparence sur cette démarche. Depuis cette séance, quatre membres de l’atelier ont envoyé leur contribution aux différents thèmes de réflexion identifiés.

Ces thèmes sont au nombre de trois :

  • axe 1 : offre de formation
  • axe 2 : acteurs, lieux et espaces de formation
  • axe 3 : temps-moments, contenus et modalités d’organisation des formations

Le présent atelier vise à examiner l’axe 1, un axe extrêmement nourri, afin de générer des propositions et recommandations.

Première phase des sous-ateliers : sous-atelier 3

Un représentant du collège syndical estime que la base constitue le niveau d’expression des besoins le plus logique. Trop souvent, la verticalité de la démarche ne permet pas aux agents de s’exprimer sur leurs besoins. Des temps de concertation peuvent également être organisés, l’institution devant ensuite s’emparer de ces remontées.

Une représentante du collège professeurs observe que certains sujets ne sont pas du tout traités : les enfants en situation de handicap, les élèves au comportement perturbateur, etc. Tant que ces sujets ne seront pas traités, il sera difficile de ne faire que du pédagogique et du didactique. Les formations sur la prise en compte des enfants ayant des besoins différents sont peu nombreuses.

Une autre représentante du collège professeurs signale que dans son académie, des formations de ce type sont organisées systématiquement.

Une représentante de l’opérateur signale que Canopée vient en appui des formations proposées dans les plans académiques de formation et formule chaque année des propositions sur des thématiques transversales relatives notamment à la dimension humaine du métier. A cela s’ajoute son offre de formation propre sur des sujets transverses (relationnel, numérique, appui aux élèves à besoins éducatifs particuliers). Le recueil des besoins n’est pas organisé en termes d’horizontalité et de proximité avec l’enseignant.

Une représentante du collège monde associatif et économique estime que l’Education nationale n’est pas bien organisée sur ce plan. En entreprise, un échange annuel est institutionnalisé pour que le salarié exprime ses besoins. Elle se demande si le chef d’établissement pourrait effectuer un suivi annuel avec le recueil des besoins tant individuels que collectifs.

Une représentante du collège professeurs indique que les demandes de formation passent aujourd’hui par l’inspecteur et le chef d’établissement. Quand les enseignants ont un besoin de formation particulier pour une équipe, ils demandent une formation collective au chef d’établissement. Néanmoins, la démarche se fait au cas par cas en l’absence de chargé de formation.

Une représentante du collège monde associatif et économique souligne que l’enseignant est souvent mis en difficulté face à ses élèves lorsqu’il n’a pas la formation nécessaire sur une discipline par exemple. Il faudrait créer une ressource d’écoute, de recueil du besoin plus efficace qu’aujourd’hui pour que l’enseignant se sente accompagné dans son parcours.

Une représentante du collège professeurs ajoute qu’il faut coordonner les demandes individuelles et favoriser les formations en équipe. Or aujourd’hui ce temps de la formation collective, pourtant nécessaire pour renforcer la collégialité n’existe pas dans le premier degré.

Une représentante de l’opérateur estime qu’il faudrait renforcer le recueil des besoins au niveau de l’établissement.

Un représentant du collège syndical confirme que l’établissement représente le niveau le plus sain pour recueillir les demandes, les synthétiser et donner à l’institution une vision globale des besoins.

Une représentante du collège monde associatif et économique suggère de prévoir un rendez-vous annuel.

Une représentante du collège professeurs confirme qu’il faudrait au moins une remontée annuelle.

Une représentante du collège syndical remarque qu’au lieu d’organiser des temps institutionnels, chronophages et peu productifs, il faudrait prévoir une réunion annuelle par bassin pour faire émerger les besoins.

Une représentante de l’opérateur observe que le recueil des besoins exige des outils. Or le digital facilite ce travail de remontée et de redescente.

Une représentante du collège professeurs convient que le digital est intéressant pour la formation individuelle. Elle appuie aussi l’idée d’un outil digital pour faire remonter les besoins.

Une représentante du collège monde associatif et économique estime qu’un personnel dédié à la formation paraîtrait important pour faciliter la démarche.

Une représentante du collège professeurs rappelle qu’il ne faut pas oublier la formation du personnel qui gravite autour des enseignants.

Un représentant du collège syndical considère que les formations en dehors du temps de travail ne peuvent être effectuées que sur la base du volontariat. Il ajoute qu’il est insultant de conditionner la rémunération des formations durant les vacances au fait d’y avoir assisté en entier. Il suggère par ailleurs de réaliser un bilan en fin d’année en demandant à l’agent ce qu’il a retiré des formations qu’il a suivies durant l’année.

Une représentante du collège professeurs ne voit pas d’inconvénient à suivre des formations dans sa discipline. Le volontariat constitue cependant un facteur de réussite, de même que le fait de suivre ces formations sur le temps de travail. Se former doit rester un plaisir. De fait, la formation doit faire partie du temps de travail de l’enseignant, comme la concertation.

Une représentante du collège monde associatif et économique remarque qu’en entreprise, les salariés se forment majoritairement durant le temps de travail avec leur compte personnel de formation. Il faut faire accepter que l’enseignant sera absent quelques jours par an pour se former.

Une représentante du collège professeurs ajoute que pour que plusieurs enseignants se forment ensemble, il faut nécessairement que les formations se déroulent durant le temps de travail.

Un représentant du collège syndical signale que le taux d’absence des enseignants est inférieur à 7 %, soit moins que dans les entreprises privées.

Une représentante du collège monde associatif et économique remarque que les compétences que les enseignants développent sont peu reconnues. Elle propose que les formations proposées aboutissent à une certification pour enrichir leur CV.

Une représentante de l’opérateur confirme que pour donner aux enseignants l’envie de se former, les formations doivent être valorisées. La formation à distance va se développer dans les prochaines années. Or elle peut permettre, en s’adossant à des organismes qui proposent des certifications, d’accéder à des diplômes complémentaires.

Une représentante du collège professeurs estime qu’il faut aussi s’interroger sur l’apport de ces certifications ou labellisations pour les enseignants. Les mobilités restent assez faibles et la démarche peut apparaître un peu scolaire. Il faut avant tout répondre aux besoins des enseignants.

Une représentante de l’opérateur précise qu’il faudrait intégrer ces labellisations dans la chaîne hiérarchique et faire en sorte qu’elles se traduisent dans la progression de l’enseignant.

Une représentante du collège professeurs doute que l’évolution de carrière constitue l’attrait principal pour les enseignants qui éprouvent surtout le besoin de se former pour se professionnaliser.

Restitution des sous-ateliers

Sous-atelier 1

Il ressort du sous-atelier 1 les points saillants suivants :

Le besoin doit être exprimé par celui qui a ce besoin. Il doit exprimer et non consommer dans un catalogue de formations pour trouver, dans les différentes structures, le contenu qui lui permettra de répondre à son besoin.
La formation peut se faire aussi par le tutorat et doit, dans ce cas, être valorisée. Il faut également bâtir une offre au plus près des besoins via une articulation entre les plans de formation national et local.
 
Le niveau d’implication dans la formation continue peut se révéler très aléatoire d’un enseignant à l’autre. En l’absence d’obligation, un enseignant peut ne jamais se former durant sa carrière. En outre, pour les formations au sein d’une académie, aucun défraiement n’est prévu et la démarche peut se révéler lourde financièrement pour l’enseignant.

L’enseignant formule son besoin, mais il doit aussi s’inscrire dans une vision systémique globale. LE chef d’établissement est partie prenante pour l’expression, voire la validation du besoin.

Dans l’enseignement privé, le personnel d’encadrement exprime un besoin et la cellule centrale de gestion de la formation identifie toutes les façons de répondre à ce besoin (session interne, prestataires externes), comme en entreprise. Il s’agirait pour l’enseignement public de s’inscrire dans ce droit commun.

Sous-atelier 2

Il ressort du sous-atelier 2 les points saillants suivants :

Les enseignants doivent être entendus sur leurs besoins, avec la possibilité de faire émerger ces besoins à deux ou trois reprises dans l’année. Il faudrait également sanctuariser les formations sur quelques jours par an (5) pour assurer les remplacements.

Il faut repenser la formation initiale, qui doit être liée à la pratique de l’enseignement. La formation internationale devrait être facilitée et validante.

Il faudrait rémunérer les formations en dehors du temps de travail pour les publics volontaires. Aujourd’hui, la formation sur le temps d’enseignement reste assez complexe et l’offre est relativement réduite. Il faudrait également valoriser les temps de formation sur le temps d’enseignement pour favoriser les rencontres et la motivation. La diplomation des formations pourrait aussi permettre des changements de carrière.

Une représentante du collège monde associatif et économique souligne que la formation initiale doit préparer l’enseignant à l’exercice du métier. Au-delà des savoirs académiques disciplinaires, les universités doivent intégrer les questions de transmission des connaissances et les compétences associées.

Un représentant du collège encadrement constate la très grande hétérogénéité d’accès au métier qui trouble toute l’analyse autour de la formation. Il conviendrait donc d’imaginer un parcours complet de la L1 au M2.

Franck BRILLET demande si la réforme des maquettes dans les INSPE ne compense pas ces deux écueils.

Une représentante du collège monde associatif et économique précise qu’il faut adosser la formation aux domaines dans lesquels la recherche a son mot à dire. L’évolution du concours, avec la prise en compte plus importante des compétences, devrait permettre de faire évoluer aussi la formation qui reste malgré tout pilotée par les concours de recrutement aujourd’hui. Pour l’heure, de nombreux vacataires exercent sans avoir été préparés au métier. Créer une filière de formation digne de ce nom, comme d’autres pays l’ont fait, constitue un vrai enjeu pour la France.

Un représentant du collège encadrement remarque que ce n’est pas tant la formation elle-même qui doit être interrogée que la possibilité d’accéder au métier avec seulement une partie très ténue de cette formation.

Un représentant du collège syndical signale que la filière STAPS prépare bien mieux les personnes au métier d’enseignant que d’autres disciplines.

Une représentante du collège monde associatif et économique le confirme. En France, un poids très fort est accordé à la discipline académique, avec l’idée que la personne diplômée dans cette discipline est censée pouvoir l’enseigner.

Sous-atelier 3

Il ressort du sous-atelier 3 les points saillants suivants :

Il faut faire adhérer les enseignants à l’offre de formation. Pour cela, il faut les écouter. Il existe plusieurs outils pour faire remonter les besoins de formation : un outil digital, des réunions par bassin, des rendez-vous de carrière avec les chargés de formation pour faire un point annuel sur les besoins de formation comme dans le secteur privé.

Les formations sont mieux acceptées lorsqu’elles s’effectuent sur le temps de travail.

Aujourd’hui, certaines académies ont mis en place des « open badges » pour rendre ces formations certifiantes, mais la démarche n’est peut-être pas suffisante. Ces formations devraient donner lieu à des certifications reconnues pour enrichir le CV de l’enseignant au fur et à mesure de son parcours. Les enseignants n’ont pas forcément l’habitude d’évoluer en dehors de la sphère éducative. Il faudrait donc que ces formations contribuent à l’évolution de leur carrière.

Franck BRILLET note une volonté du passage de la logique de l’offre à la logique de la demande. Il s’interroge sur la manière de rendre visible l’offre de formation. Aujourd’hui, le catalogue est large, mais tous les personnels n’ont pas forcément conscience de tout ce qui s’offre à eux.

Boris CYRULNIK estime que la formation continue devrait être obligatoire et diplômante, avec une certification reconnue pour une promotion ou une bifurcation de carrière. L’enseignant doit se former tout au long de la vie pour coller à l’évolution de la société. La neuroscience montre en effet que les manières d’apprendre des enfants ont grandement changé au cours des dernières années.

Deuxième phase des sous-ateliers : atelier 3

Une représentante du collège professeurs considère que passer un concours au début du parcours, avant de se former se révélerait plus pertinent pour assurer la formation de l’enseignant sur le temps long et se préparer à un métier plutôt qu’à un concours.

Un représentant du collège syndical souligne que placer le concours à la sortie du M2 constitue une grave erreur. Il plaiderait donc pour une révision de cet aspect de la réforme.

S’agissant du recueil des besoins, une représentante de l’opérateur suggère la mise en place, au sein de l’ENT, d’un outil permettant l’inscription d’un besoin de formation et en assurer la visibilité par le chef d’établissement, voire l’inscription à des formations extérieures, à l’image des outils développés autour du compte personnel de formation.

Une représentante du collège monde associatif et économique propose aussi de mieux informer les enseignants sur les formations, notamment extérieures, sous une forme peut-être moins rébarbative que la liste du PAF.

Une représentante de l’opérateur précise que l’outil web permet de proposer une formation personnalisée, adaptée au profil de chacun tout en évitant l’effet catalogue.

Un représentant du collège syndical souligne que les RH de proximité devraient jouer le rôle de référent en matière de formation, mais aujourd’hui ils n’ont pas le bon positionnement.

Une représentante du collège professeurs ajoute qu’ils restent très peu connus.

Une représentante du collège monde associatif et économique estime qu’il faudrait réaffirmer leur rôle et faire en sorte qu’ils rencontrent chaque année les enseignants de leur bassin.

Une représentante du collège syndical observe que la dimension culpabilisante n’est pas suffisamment prise en compte. Dans le système actuel, les enseignants sont constamment jugés et remis en cause par rapport à leur pratique. Il n’est pas évident pour tout le monde de formuler une demande, car un besoin peut signifier un manque. Pour l’instant, les enseignants se rapprochent des RH de proximité parce qu’ils sont convoqués.

Une représentante du collège monde associatif et économique estime qu’il faudrait faire en sorte que cette rencontre devienne naturelle et régulière.

Une représentante de l’opérateur précise que grâce à l’opérateur, l’enseignant doit pouvoir bénéficier d’un accompagnement personnalisé à côté de l’encadrement.

Un représentant du collège syndical s’interroge sur la notion de formation obligatoire.

Boris CYRULNIK précise qu’en médecine, la formation est obligatoire et continue.

Un représentant du collège monde associatif et économique estime que pour que cela fonctionne, l’enseignant doit y trouver un intérêt en termes d’évolution de carrière ou de rémunération.

Franck BRILLET propose de collecter tous les tableaux blancs et d’en faire une synthèse dans les prochains jours. Il invite les membres de l’atelier à envoyer leurs contributions, comme ils l’ont fait la fois précédente.

Retours sur la méthode

Une représentante de l’opérateur souligne que la matinée s’est révélée très dense, surtout dans un contexte de sur-sollicitation et d’agendas très contraints. Cet après-midi, les discussions en atelier sont très riches et les participants manquent un peu de temps.

Un représentant du collège syndical confirme que la matinée s’est avérée très dense, alors que les intervenants ont peut-être eu le sentiment de manquer de temps. Dans les ateliers, en revanche, la parole circule bien. Les échanges sont libres et mériteraient sans doute plus de temps.

Un représentant du collège syndical considère qu’il faudrait consacrer plus de temps au travail en ateliers avec la consigne de formuler des propositions concrètes dès le départ par exemple.

Une représentante du collège syndical partage ces points de vue. Elle s’interroge sur la valeur des témoignages de la matinée. L’ATSEM, par exemple, a livré un témoignage personnel qui ne reflète pas la situation de toutes les Atsem en France.

Franck BRILLET propose, lors des prochaines matinales, de préciser que ces propos n’engagent que les personnes qui les tiennent. Les intervenants n’avaient pas la vocation de représenter un métier dans son ensemble.

Une représentante du collège monde associatif et économique a apprécié la diversité des témoignages de la matinée. Elle a également trouvé intéressant de réaliser des ateliers en deux temps, avec un travail de synthèse et de proposition lors de la seconde séquence.

Franck Brillet propose de limiter à 15-20 minutes les interventions de chaque expert, avec un temps de questions de 10-15 minutes. L’atelier Formation est le seul à proposer ce type de format, avec une ouverture large. Il a d’ailleurs reçu de nombreux retours sur la richesse et la diversité apportées par cette démarche.

Boris Cyrulnik précise que la matinée a pour fonction de poser les problèmes. L’école prend une part de plus en plus importante dans les sociétés. Il est donc essentiel de poser les problèmes. L’après-midi, les ateliers ont vocation à formuler des propositions précises.

 

Mise à jour : novembre 2020

Le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports engage en 2021 une évolution profonde du système éducatif et des métiers des personnels de l'Éducation nationale.

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