Grenelle de l'Education [Compte-rendu d'atelier] Formation séance 4 - Coopération
L’incubateur du Grenelle de l’Éducation permet une concertation large avec la société civile, sous la forme d’ateliers associant des représentants de la communauté éducative. Consultez le compte-rendu de l'atelier formation séance 4, coopération, 7 décembre 2020.
Introduction et présentation du thème de la séance
Franck BRILLET accueille les membres de l’atelier pour cette dernière séance. Il signale qu’il a participé à la conférence de comparaisons internationales du CNESCO et au colloque de la semaine dernière sur le professeur du XXIe siècle. Les experts ont conforté les discussions menées jusqu’à présent au sein de l’atelier.
Il en ressort notamment la nécessité d’organiser un continuum de formation sur un temps long.
Le monde de l’éducation est confronté aux défis de l’incitation des enseignants à se former, de la bonne adéquation entre les besoins et l’offre de formation, de la définition d’objectifs concrets pour chaque formation et d’un plan de développement de la formation professionnelle continue. La durée de ses formations, souvent très courtes, les liens avec la recherche scientifique, encore insuffisants, et la valorisation de ces formations dans la carrière sont également des enjeux centraux. A l’analyse, il ressort que les formations sont plus informatives et nécessitent d’interroger les compétences du métier d’enseignant et donc leur référentiel.
Enfin, Franck BRILLET signale les contributions d’une représentante d’un opérateur sur les perspectives d’ERASMUS+, de l’Académie des sciences et technologies et de la Société des agrégés. En fin de semaine dernière, un point d’étape a été réalisé avec l’ensemble des secrétaires généraux. Selon les ateliers, les frontières peuvent se révéler poreuses. Il s’agit d’harmoniser les propositions. La formation est abordée dans plusieurs ateliers : collectifs pédagogiques, encadrement, etc. De la même manière, l’atelier aborde des sujets numériques et de mobilité, qui font chacun l’objet d’un atelier propre.
La représentante d’un opérateur demande si les secrétaires généraux ont pu identifier des angles morts dans les ateliers. Elle interroge également les conséquences de la non-participation aux ateliers de deux organisations syndicales.
Franck BRILLET indique qu’il n’a pas senti une difficulté de dialogue au sein de cet atelier. Tous les avis sont discutés. D’ailleurs, dans la matrice qu’il a transmise, il a pu préciser si certaines propositions avaient fait l’objet d’un consensus ou fait débat. Il rappelle que le Grenelle comporte quatre dispositifs, dont l’agenda social auquel participe tous les syndicats, et chacun a sa place. Cet exercice s’est déroulé dans un climat serein.
S’agissant des angles morts des ateliers, la dimension internationale semble pouvoir être encore développée. De la même façon, la dimension recherche apparaît, mais peut-être pas de façon suffisamment forte. Lors du colloque sur le professeur du XXIe siècle, ces deux dimensions sont en revanche fortement ressortie. Enfin, la recommandation sur le tutorat et le mentorat est encore assez peu développée. Elle mériterait sans doute d’être mieux circonstanciée.
Le ministre a bien réaffirmé aux présidents et secrétaires généraux que rien n’était écrit et que les ateliers étaient libres de faire remonter toutes les recommandations qu’ils souhaitaient. C’est de cette manière que l’atelier formation a travaillé. Plus de 25 experts issus de tous les métiers ont été interrogés par l’atelier pour être au plus proche du terrain.
Travail en sous-groupes
Les participants se répartissent en trois équipes pour travailler en sous-groupes durant 45 minutes.
Restitution du travail des sous-groupes et discussion
Groupe 1
Le groupe recommande d’ouvrir le compte personnel de formation aux acteurs du secteur public, avec une valeur exprimée en euro, abondée pour les enseignants en secteur REP/REP+. Cette monétisation se révélerait peut-être plus incitative, donnerait plus envie aux enseignants de se former, en donnant une valeur à la formation. Par cette évolution, les formés aurait une maîtrise de leur formation. Elle faciliterait la mise en place d’une formation à la carte, en complément des plans de formation ou des formations proposées par l’établissement ou l’académie.
Se pose cependant la question de la réalisation et de son acceptabilité. La formation est indispensable pour tous les enseignants. L’une des pistes consisterait à sanctuariser un temps (une semaine) en fin d’année.
Le groupe a également proposé d’initier à la recherche les jeunes enseignants dès le début de leur carrière pour les placer dans une posture de questionnement. Dans les INSPE, un parcours spécifique pourrait être ajouté, à l’instar des PRAG.
Groupe 2
Le groupe recommande de mieux adosser recherche et formation, avec la nécessité d’interventions plus nombreuses d’enseignants chercheurs dans les formations initiales et continues, de moyens plus importants octroyés à la recherche quand elle est coordonnée avec la pratique, mais aussi la possibilité de diffuser ces éléments de recherche dans les revues pédagogiques destinées aux enseignants et dans EDUSCOL. Enfin, le groupe préconiserait de donner au mémoire une place centrale, comme un premier pas dans la démarche de chercheur.
Le groupe s’est également penché sur le temps de formation. Il est indispensable que les enseignants soient formés durant le temps de travail. Dans certains établissements privés, des journées peuvent être prises sur le temps de présence élève pour travailler dans l’établissement ou se former. Plutôt que de libérer les élèves, le groupe proposerait d’ouvrir les établissements aux partenariats (gendarmerie, infirmières, pompiers, etc.), notamment dans le cadre de parcours éducatifs. Hors temps de travail, en revanche, la formation pourrait rester sur la base du volontariat et être payée en heures supplémentaires.
Enfin, le groupe a évoqué brièvement les interventions des fonctionnaires stagiaires dans les classes, des étudiants en préprofessionnalisation et en alternance.
Une représentante du collège du monde associatif et économique souligne l’importance d’initier à la recherche dès les études universitaires. De la même manière, les étudiants pourraient prendre la classe en charge pendant que les enseignants titulaires se forment, ce qui leur permettrait de se familiariser progressivement.
Un représentant du collège syndical remarque que les congés de formation professionnelle ne sont que très rarement acceptés. En outre, ils ne sont rémunérés que durant 12 mois et ne sont disponibles que deux fois dans la carrière, ce qui exclut toute continuité.
Un autre représentant du collège syndical reconnaît que dans les freins à la formation figure aussi le fait que plusieurs années sont nécessaires pour obtenir ce congé.
Groupe 3
Le groupe a proposé la désignation d’un enseignant-référent formation au sein de l’établissement qui accompagne le pilotage pédagogique. Cette personne pourrait recueillir les besoins des équipes, proposer des pistes de formation, créer un plan de formation. Il pourrait disposer d’une décharge de temps de service et d’une rémunération.
Certains ont signalé qu’il existe déjà des référents et que ces personnes pourraient entrer en concurrence avec les coordonnateurs du second degré. Les acteurs sont nombreux dans la formation et il est difficile de repérer les missions de chacun. Il en ressort un besoin criant d’articulation. En outre, les chefs d’établissement peuvent jouer ce rôle de coordination, mais ils manquent de ressources sur l’offre.
Un représentant du collège encadrement indique qu’il faut institutionnaliser des temps pour débattre des besoins en formation, à l’image des conseils de perfectionnement en INSPE. Il importe aussi de ne pas confondre besoins individuels et besoins collectifs. Il faudrait que les équipes concernées soient formées pour effectuer ce recueil des besoins.
Franck BRILLET demande si les RH de proximité pourraient s’emparer de ce recueil.
Un représentant du collège encadrement estime que les RH de proximité peuvent recueillir le besoin individuel, mais ils ne sont pas formés pour le recueil des besoins collectifs.
Une représentante du collège des professeurs confirme qu’il faudrait un coordonnateur dans l’établissement qui ait une connaissance de l’offre de formation existante et apporte son aide pour la mise en place de l’offre la plus adéquate.
Prolongements
Boris CYRULNIK note que tout le monde s’accorde à dire que les enseignants sont devenus tellement importants dans la société qu’ils doivent bénéficier d’une formation continue. Pour ce faire, les enseignants doivent pouvoir choisir la formation qui leur convient. Les métiers de la relation sont épuisants. Il faut en tenir compte et permettre aux enseignants de suivre une formation de chercheur et de devenir à leur tour formateur pour leurs pairs.
Il apparaît également nécessaire de mettre en place une revue professionnelle. Les enseignants veulent apprendre à mieux exercer leur métier pour se sentir à l’aise et être ainsi plus sécurisants et valorisants pour les enfants. Ces revues professionnelles auraient pour objet de combler les lacunes, ajouter des choses nouvelles et dispenser des conseils pratiques pour donner aux enseignants l’envie d’enseigner. Enfin, les étudiants en Master 2 ou les doctorants pourraient suppléer les enseignants titulaires le temps que ceux-ci se forment.
Franck BRILLET invite les membres de l’atelier à envoyer leurs recommandations d’ici le 8 décembre au soir. Il reviendra vers eux pour valider le fait que les recommandations correspondent bien au travail collectif.
Retour d’expérience sur le déroulement de l’atelier Formation
Un représentant du collège syndical remercie Franck BRILLET pour la manière dont il a organisé l’atelier, son souci d’allier les apports de la recherche, mais aussi les remontées des différents acteurs présents. La liberté de parole a permis des échanges assez inédits. Parfois, cependant, il a eu l’impression que la dimension psychologique était largement mise en avant et que l’on perdait l’objectif premier de la transmission. Or il ne faut pas sortir de cette vertu première de l’éducation.
Un autre représentant du collège syndical salue la convivialité du groupe. Néanmoins, les recommandations sont encore très générales. Il aurait souhaité que se dégagent des propositions très pratiques, profession par profession, pour tenir compte des spécificités. Enfin, la formation participe de la sécurisation des enseignants et il aurait fallu plus d’interventions sur cette dimension.
Une représentante du collège des professeurs souligne elle aussi la liberté totale de parole de l’atelier. Le distanciel a cependant représenté une limite, ne permettant pas les temps d’échange informel.
Une représentante du collège syndical se joint aux remerciements, mais s’interroge sur la finalité de ce travail qui arrive entre autres après les Assises de la formation, la réforme des INSPE ou les Assises de la maternelle, etc.
Une représentante du collège du monde associatif et économique souligne qu’elle a beaucoup appris de ces ateliers extrêmement riches et se dit très impatiente de voir les conséquences concrètes de cette démarche et de voir s’opérer des changements effectifs pour tous les personnels de l’éducation.
Un représentant du collège encadrement indique qu’il a participé à l’exercice avec beaucoup de plaisir. Pour lui, l’éducation ne dépend pas que des enseignants. Il veille donc à ce que les entreprises et les associations participent aussi à l’éducation des élèves.
Une représentante du collège du monde associatif et économique partage elle aussi les remerciements sur l’organisation de cet atelier, sur un sujet extrêmement complexe. Elle exprime cependant une certaine frustration, car les échanges se sont révélés plus complexes dans cette configuration.
La représentante d’un opérateur souligne la nécessite de produire des mesures les plus concrètes possibles pour une mise en œuvre rapide. Il faut également que ces propositions soient chiffrables pour que le ministère puisse s’en emparer, la formation ne pouvant être dissociée de son organisation et de son financement.
Franck BRILLET souligne qu’il a pris beaucoup de plaisir à co-présider cet atelier avec Boris CYRULNIK. Il a également beaucoup apprécié la liberté de ton et la transparence des échanges. Dans la multiplicité des collèges représentés, tous les membres ont fait part d’un même engagement et d’un même enthousiasme. Il assure qu’il portera très haut les recommandations et fera en sorte qu’elles trouvent une application concrète. Le coût de ces recommandations sera évalué et tous les éléments seront portés à l’attention du pouvoir politique pour arbitrage.
Mise à jour : janvier 2021
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