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Grenelle de l'Education [Compte rendu d'atelier] Revalorisation : séance 3 - Reconnaissance

L’incubateur du Grenelle de l’Éducation permet une concertation large avec la société civile, sous la forme d’ateliers associant des représentants de la communauté éducative. Consultez le compte rendu de l'atelier Revalorisation, séance 3, Reconnaissance, 9 décembre 2020.

Introduction : programme de la séance et restitution des travaux des deux premières séances

Marie-Pierre LUIGI ouvre la troisième séance de l’atelier : après deux séances consacrées aux questions de rémunération, il est proposé d’aborder le thème des conditions d’exercice du métier d’enseignant et des métiers dans les établissements, avec un point sur les prestations sociales, dont le logement et les transports, puis les questions d’accès à la culture avec les prestations culturelles, et enfin les conditions matérielles d’exercice au sein des établissements scolaires. La question du temps de travail et de la disponibilité pourront être évoquées.

Deux nouveaux participants rejoignent l’atelier : Une élue au conseil départemental du Cantal, ancienne sénatrice et professeure agrégée d’anglais à la retraite ainsi qu’un représentant d’une fédération de parents d’élèves.

Sur la rémunération, les premières séances ont fait ressortir des éléments sur le socle de la rémunération et sur ses variables possibles.
Concernant le socle, les participants se sont accordés pour dire que l’éventuelle valorisation devrait être durable et concerner tous les personnels enseignants. Au-delà de cela, les priorités devraient porter sur les personnels qui entrent dans le métier, avec une accentuation des efforts pour renforcer l’attractivité du métier, avec une garantie de pouvoir d’achat tout au long de la carrière. Parallèlement, certains ont fait valoir les difficultés d’exercice dans le premier degré et ont revendiqué une comparabilité des salaires entre premier et second degrés. Enfin, il convient de mieux tenir compte de l’expérience professionnelle pour les collègues qui entrent par le biais du troisième concours, après une autre expérience professionnelle, et des contractuels.

Guy WAISS ajoute que, à partir de ce socle, un certain consensus semble apparaître sur les variables liées aux conditions d’exercice dans certains établissements (éducation prioritaire, avec un élargissement sur les contrats locaux d’accompagnement, par exemple) et certains lieux (indemnité de résidence plus étendue). Certaines fonctions peuvent également donner lieu à une rémunération complémentaire comme indemnités pour mission particulières, à généraliser dans le premier degré, ou en temps, avec des décharges, même si le point touche aux emplois. Les projets innovants, avec droit à l’erreur, et des expérimentations pourraient également donner lieu à une récompense, comme l’investissement dans la formation. Enfin, un point concerne le lien entre rémunération complémentaire et mérite qui existe déjà dans le cadre du PPCR – et tous les participants ne s’accordent pas sur ce point en raison de la difficulté d’objectiver le mérite.

La séance sera consacrée à l’environnement du travail.

Conditions d’exercice du métier : présentation de l’action sociale du ministère et des prestations sociales

Une experte de la DGRH, Mme MARTINEAU-GISOTTI, cheffe du bureau de l’action sanitaire et sociale, est présente pour ce point.

Mme MARTINEAU-GISOTTI précise que l’action sociale vise à accompagner les personnels et à améliorer les conditions de vie, à mieux concilier vie personnelle et vie professionnelle et à venir en aide aux plus démunis. L’action sociale est construite avec les partenaires sociaux.

Le bureau de l’action sanitaire et sociale pilote les mesures nationales, suit les partenariats nationaux et anime le réseau des correspondants académiques. Il organise des journées de rencontres et d’échanges de tous les partenaires de l’action sociale. Cette dernière est déconcentrée, gérée au niveau académique. Deux services sont en charge des prestations : le service d’action sociale et le service social du personnel. La politique est portée au niveau académique par les instances de dialogue social (CAAS et DAS).

Par principe, sont bénéficiaires les agents publics rémunérés sur le budget de l’État, actifs et retraités. Des conditions d’éligibilité existent pour certaines prestations et un guide recense les droits selon les prestations.
Les prestations interministérielles sont définies par le ministère de la Fonction publique : l’aide à l’installation des personnels (732 euros en moyenne), les chèques vacances et les CESU garde d’enfants entre 0 et 6 ans (503 euros environ). Des places en crèches, des logements et une aide dédiée aux retraités pour le maintien à domicile existent également.

D’autres prestations interministérielles financées par le ministère concernent l’aide aux enfants handicapés, l’aide à la restauration et l’aide aux vacances. Les enseignants représentent 72 % des bénéficiaires de ces aides.
L’action sociale d’initiative académique est définie localement pour répondre à des besoins spécifiques, pour 8 millions d’euros, et comprend l’aide à l’enfance et aux études, l’environnement professionnel et privé (aides pour

les agents nouvellement nommés ou dont le domicile est éloigné du lieu d’exercice), des aides pour les vacances, la culture et les loisirs, des aides pour le logement (financement d’une partie de la caution, frais d’agence, frais de déménagement, achat d’équipements de première nécessité) – sur ce point les académies franciliennes réalisent un effort particulier – des aides pour la restauration, et enfin l’accueil, l’information et le conseil. Les personnels enseignants représentent 62,8 % des bénéficiaires de ces prestations.

Le ministère attribue également des secours et des prêts pour le personnel en difficulté avec des secours urgents et exceptionnels (9 299 secours attribués en 2019 pour un montant moyen de 715 euros) et des prêts à court terme et sans intérêt gérés par la MGEN avec 833 prêts accordés pour un montant moyen de 1 708 euros.

Des prestations sont gérées en partenariat avec la MGEN en application d’un accord-cadre pour l’accompagnement social, la santé et le bien-être des personnels. Le ministère contribue à hauteur de 3,435 millions d’euros pour financer des équipements spéciaux pour le personnel en situation de handicap, des séjours de vacances… Le réseau Prévention, Aide et Suivi (PAS) vise à favoriser le maintien dans l’emploi et la réinsertion professionnelle avec des actions collectives dédiées à la prévention des risques psychosociaux, des troubles de la voix ou des troubles musculo-squelettiques. Des espaces d’accueil et d’écoute permettent aux agents de bénéficier d’entretiens individuels avec un psychologue. Ce dispositif a été très mobilisé au cours des derniers mois. Six centres de réadaptation permettent aux personnels en difficultés professionnelles de bénéficier de dispositif de « reconfrontation » au travail, après une orientation par les médecins du travail. Enfin, une convention finance des techniciennes d’intervention sociale et familiale.

Un autre partenariat existe avec l’association Les Fauvettes qui organise des séjours pour les enfants des personnels, avec 4 000 enfants bénéficiaires en 2019 et un financement du ministère de 2,9 millions d’euros.

Le ministère déploie depuis 2017 une mesure logement pour doter les académies accueillant de nombreux néo-titulaires : en trois ans, 300 logements sociaux ont pu être réservés dans les académies de Créteil et Versailles puis de Lille et Amiens. Des dispositifs de logement en colocation ont été expérimentés, ainsi que des logements temporaires meublés pour gérer les situations d’urgence sociale.

La communication pour informer les agents de leurs droits se fait par les guides de l’action sociale pour les nouveaux arrivants et les agents, le guide « bénéficiaires » de l’action sociale, la newsletter des personnels, les sites académiques et l’animation du réseau.

Echanges sur l’action sociale

Un représentant du collège encadrement observe que les crédits sont souvent assez limités, ce qui requiert de saupoudrer ou de toucher peu de personnels. Les aides aux logements sociaux présenteraient un intérêt dans d’autres académies, comme celle de Bordeaux, du moins dans les zones urbaines ou pour les personnels affectés loin de leur domicile.

Un autre représentant du collège encadrement confirme la problématique de l’éloignement : sur les 85 enseignants de son établissement, 5 habitent à plus de 200 kilomètres de l’établissement : les emplois du temps sont alors établis sur trois jours, pour améliorer la qualité de vie au travail. Ces situations ne sont souvent connues qu’en septembre, quand les enseignants arrivent. Des places à l’internat ont été réservées pour ces enseignants ou des logements de fonction peuvent être mutualisés. Le ministère ne communique pas suffisamment sur les aides proposées et les conditions d’éligibilité, peut-être pour éviter de dépenser trop d’argent. Les enseignants pensent souvent qu’ils n’ont pas droit à ces aides puisqu’ils sont cadres A.

Une représentante du collège encadrement considère également qu’un problème se pose au niveau de la communication. Les enseignants s’adressent souvent à l’inspecteur qui les oriente vers d’autres interlocuteurs. Dans l’académie de Créteil, les enseignants peuvent arriver de loin et n’ont pas de logement le jour de la prérentrée, dormant parfois dans leur voiture. Compte tenu du nombre de contractuels en Seine-Saint-Denis, il est difficile de les aider. Un problème se pose également pour les étudiants intervenants en langue. Une chaîne plus directe pour accompagner les personnels présenterait un intérêt pour les inspecteurs.

Pour les personnels en situation de handicap, un accompagnement est nécessaire pour le retour au travail. Les agents à mobilité réduite ne peuvent bénéficier d’un transporteur pour se rendre au travail ou d’équipements informatiques particuliers et le retour au travail s’organise souvent grâce à la bonne volonté des collègues.

Une représentante du collège des professeurs constate que des enseignants se trouvent en situation financière difficile et que les établissements méconnaissent les aides possibles. Des aides existent dans les entreprises, notamment pour les vacances des enfants, mais pas au sein du ministère. La paupérisation du métier explique la volonté de revaloriser les salaires. Les aides ne sont sans doute pas suffisamment connues et sollicitées.

Un représentant du collège associatif et économique juge le sujet important, comme élément de rémunération et de reconnaissance. De nombreuses associations proposent des prestations, mais localement, dans les académies. A ce jour sur la plateforme de concertation en ligne, 21,5 % des propositions demandent un Comité d’Entreprise et des prestations sociales contre 12 % la semaine précédente. Le nombre de bénéficiaires potentiels, au niveau national, permettrait de bénéficier de réductions auprès de voyagistes. Une structure nationale qui négocierait avec les enseignes prestataires, y compris pour la billetterie, obtiendrait des offres intéressantes et permettrait donc aux enseignants de réaliser des économies. Pour les Armées, l’IGESA est un EPIC qui joue un rôle similaire à un Comité d’Entreprise.

Marie-Pierre LUIGI confirme que les associations du personnel existent, au sein de l’Education nationale, mais au niveau académique ou dans les services.

Un représentant du collège encadrement rejoint l’intérêt de bénéficier de la masse du personnel pour obtenir des prestations pour tous, mais émet une réserve pour éviter la lourdeur des marchés publics ou un dispositif de type UGAP.

Un représentant du collège familles et élèves se déclare choqué qu’un enseignant puisse vivre dans des conditions précaires, voire dormir dans sa voiture à la rentrée, et que les faibles rémunérations nuisent à l’attractivité du métier.

Une représentante du collège des élus et collectivités considère que les prestations ne sont pas suffisamment connues et qu’il convient de mieux communiquer, dès la rentrée. Les problèmes de logement existent partout, y compris dans les départements ruraux, faute de logements disponibles notamment pour les remplacements. Dans tous les départements, des conventions pourraient être établies avec les bailleurs sociaux. Les liens manquent entre enseignants et élus qui pourraient les orienter vers des logements vacants. Les indemnités de résidence devraient être ajustées en fonction des départements, pour tenir compte des différences de prix : seules trois zones existent, ce qui ne permet pas de procéder à une analyse fine. Dans les zones denses, les jeunes professeurs qui prennent leurs fonctions ne parviennent pas toujours à se loger.

Une autre représentante du collège des élus et collectivités estime que des réponses doivent être apportées, pour éviter que les jeunes enseignants ne se retrouvent dans des conditions précaires. Le secteur privé pourrait être sollicité pour trouver des logements en urgence, à la rentrée, mais aussi à plus long terme. L’effectif du ministère permettrait effectivement d’obtenir des offres intéressantes, mais la gestion doit s’effectuer à taille humaine. Des rituels pourraient être instaurés, dans les établissements, pour inciter le personnel à partager les problèmes qu’il rencontre et mieux communiquer sur les aides possibles.

Un représentant du collège des syndicats juge le sujet de la qualité de vie au travail extrêmement important, sachant que le point est inscrit à l’agenda social. Dans le premier degré, il est impossible d’aménager les emplois du temps pour améliorer l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle : certains ne voient comme solution que le temps partiel ou la démission. La solution relative à la colocation ne semble pas satisfaisante pour des cadres A.

Les prestations sociales sont effectivement méconnues des enseignants.
Il est par ailleurs difficile d’obtenir du matériel ergonomique, même pour des personnels qui en ont besoin.
Une réflexion existe sur une complémentaire santé similaire à ce qui existe dans le privé et ce point constituerait une avancée, ainsi que des services de santé au travail avec des visites tous les trois ou cinq ans. Il y a quelques temps, une campagne de vaccination contre la grippe a été menée, mais elle était réservée au personnel du rectorat et non aux enseignants.
La possibilité d’avoir un Comité d’Entreprise national constituerait une avancée majeure et serait très intéressante, d’un point de vue économique.

Un autre représentant du collège des syndicats revient sur la paupérisation : s’il fallait accorder ce qui a été perdu au titre du pouvoir d’achat depuis trente ans, il faudrait revaloriser les salaires de 40 %. Les collègues affectés loin de leur domicile ne peuvent pas toujours déménager et leurs déplacements ne sont pas indemnisés, ce qui est très problématique s’ils perçoivent une rémunération proche du SMIC. Ceux qui acceptent de déménager ne peuvent pas toujours le faire faute de pouvoir avancer les frais d’agence et la caution. En entreprise, les salariés ont une complémentaire santé financée à 50 % par l’employeur, ce qui n’est pas le cas dans la fonction publique. De même, les agents de la fonction publique subissent un jour de carence en cas d’arrêt maladie, alors que les deux tiers des salariés du privé n’en ont pas. Il manque en outre un dispositif sur l’adaptation des conditions de travail et le suivi des maîtres en situation de handicap, notamment à cause du sous-effectif parmi les médecins de prévention. Un baromètre social présenterait sans doute un intérêt, pour la prévention des risques psychosociaux. Enfin, des allégements de service (ou temps devant élève) sembleraient utiles, notamment pour les maîtres en fin de carrière qui se trouvent en souffrance au travail et pourraient se consacrer à d’autres fonctions.

Un autre représentant du collège des syndicats s’enquiert du budget total de l’action sociale.

Mme MARTINEAU-GISOTTI répond qu’il s’élève à 40 millions d’euros, tout programme budgétaire confondu.

Un représentant du collège des syndicats relève que les autres ministères ont des budgets autrement plus importants avec, par exemple, pour la Défense un budget de 127 millions d’euros pour 260 000 agents ou, pour le ministère des Affaires Etrangères, un budget dévolu à l’action sociale de 142 millions d’euros pour 14 000 agents. Un rattrapage s’avère donc nécessaire. Le ministère de l’Education nationale accorde trois euros par agent, pour la complémentaire santé, contre 121 euros pour le ministère des Affaires étrangères. L’État doit prendre ses responsabilités et appliquer le principe d’égalité de traitement entre les agents publics. La rupture de ce principe est flagrante. La question du logement est centrale, pour des questions de dignité. En région parisienne, l’indemnité de logement s’élève à 3 %, ce qui représente 42 euros en début de carrière.
Pour qu’une prestation soit distribuée, il faut que le personnel social soit suffisant pour répondre aux demandes et il faut aussi communiquer sur les droits, pour lever les tabous, grâce à une démarche proactive du ministère vis-à-vis de ses agents.

Un autre représentant du collège des syndicats considère que deux principes ne sont pas négociables : ne pas renoncer au service public et harmoniser les droits au sein de l’État qui doit se montrer responsable.
Un agent de l’Education nationale est un agent public comme les autres et est soumis aux mêmes aléas de la vie que tous. Un biais professionnel existe autour de la parole et du non-dit parmi les enseignants, ce qui explique la difficulté à aller rechercher l’information (puisqu’un professeur sait) et à afficher une faiblesse. Des ajustements doivent donc être opérés, particulièrement pour ceux qui entrent dans le métier, et un travail doit être mené autour de la culture professionnelle. Ce travail sur la valorisation participe à l’importance que l’État reconnaît à ses agents.
Il convient de préciser si les budgets présentés sont tous dépensés et de bien estimer la soutenabilité des dispositifs qui pourraient être proposés, pour le personnel support. Quels que le soient les montants budgétaires, des choix devront être opérés, compte tenu de la masse des enseignants, et des priorités définies, en étant attentifs aux effets d’annonce.

Mme MARTINEAU-GISOTTI a présenté les dépenses et non les budgets. Les crédits délégués sont dépensés à 98 %.

Guy WAISS a géré, au niveau national les fonds sociaux pour les élèves pendant plusieurs années et a constaté une difficulté d’exécution due à un problème de communication ou à une réticence des familles à solliciter ces fonds – et non à une inexistence des besoins.

Marie-Pierre LUIGI retient la thématique de la communication et de l’accès aux droits, ainsi que celle du logement et de la mobilité des enseignants.

Une représentante du collège des syndicats juge le budget de l’Education nationale anémique (paie des personnels et action sociale) et rejoint les propositions formulées par les autres participants. L’action doit être identifiée de manière forte au niveau national : action sociale, comité d’entreprise, logement (accès, indemnité de résidence à revoir), transport. Actuellement, des aides sont refusées ou limitées, car le budget du rectorat est atteint. Pour les personnels embauchés au niveau local, il n’y a qu’un seul médecin et une assistante sociale par DPT, ce qui est insuffisant.

Un représentant du collège encadrement ajoute que la faible communication s’explique par l’incapacité à faire face à un surcroît de demandes. Les clés de répartition des crédits de l’action sociale semblent en outre nébuleuses.

Présentation des actions culturelles

Au-delà des offres pour les musées, Marie-Pierre LUIGI invite les participants à formuler des propositions pour l’action culturelle afin de faciliter la vie professionnelle des enseignants et faire évoluer l’image et la place de l’enseignant dans la société.

Un représentant du collège encadrement suggère de réfléchir à la cohérence des offres et de la formation des enseignants, ainsi qu’à la cohérence au sein d’une équipe et de l’école.

Une représentante du collège des professeurs considère que l’accès aux lieux de culture doit être facilité pour les enseignants (théâtre, cinéma, musée). À Nantes, cette offre est suffisante et permet d’ouvrir l’esprit des enseignants. En tant que parents, les enseignants ne sont pas aidés pour l’accès à la culture de leurs enfants.

Marie-Pierre LUIGI se demande comment procéder pour que les enseignants n’aient pas à se préoccuper du coût financier de l’accès à la culture, avec un accès élargi à la culture.

Un représentant du collège encadrement rejoint l’idée d’élargir le pass au théâtre et à la culture de manière générale (danse, cinémas d’art et d’essais).

Un représentant du collège associatif et économique considère que le pass éducation doit être accessible à tout le personnel, au-delà des enseignants.

Marie-Pierre LUIGI répond qu’il est accessible à tout le personnel qui travaille dans un établissement.

Un représentant du collège des syndicats le réfute : ce pass est accessible uniquement aux personnels enseignants, mais pas aux AESH.

Un représentant du collège familles et élèves considère que le rôle de l’enseignant ne s’arrête pas à l’école, mais doit aussi ouvrir à la culture. Cet accès élargi à la culture peut enrichir les cours et l’accès des enseignants à la culture doit être favorisé de toutes les manières possibles, pour favoriser un esprit éclairé.

Une représentante du collège des élus et collectivités se déclare très attachée à la promotion culturelle et suggère un pass élargi aux théâtres, y compris privés, et à la famille de l’enseignant. Elle suggère de créer une carte professionnelle de l’enseignant qui pourrait être le pass culturel, au-delà des musées et participerait à la reconnaissance du métier. L’enseignant consomme de la culture et la transmet, mais peut aussi profiter de cours de yoga ou de théâtre. Le soutien psychologique est important pour les personnels qui donnent leur vie pour les autres, puisque ce don s’accompagne souvent de failles. Au-delà de l’action culturelle, d’autres prestations de bien-être pourraient être proposées, pour permettre aux enseignants de s’occuper aussi d’eux-mêmes.

Un représentant du collège associatif et économique considère qu’un Comité d’Entreprise pourrait proposer de telles prestations.

Une représentante du collège des élus et collectivités suggère de créer un tel Comité d’Entreprise au niveau académique.

Une autre représentante du collège des élus et collectivités souhaite évoquer l’accès à la culture en milieu enclavé, dans les zones rurales. Un pass d’action culturelle par académie permettrait aux enseignants d’accéder à la vie culturelle locale (théâtres et concerts), par conventionnement. Pour éviter une fracture au niveau de l’Education nationale, les enseignants des départements ruraux doivent pouvoir se cultiver et transmettre cette culture, ce qui requiert des conventionnements locaux.

Un représentant du collège des syndicats considère que le pass éducation devrait bénéficier aux conjoints et aux enfants et être étendu aux activités sportives. L’ouverture culturelle doit rester une démarche personnelle. Des tarifs réduits pour les théâtres et les cinémas et des chèques culture et sports présenteraient un intérêt. Un Comité d’Entreprise pourrait effectivement gérer utilement ces dispositifs.

Un représentant du collège encadrement note que les enfants d’enseignants ont déjà un accès à la culture le plus privilégié, par leur milieu social, et ne juge pas indispensable de les favoriser par rapport aux autres élèves.

Un autre représentant du collège des syndicats rejoint l’idée d’une carte professionnelle qui remplacerait les pass, parfois difficiles à obtenir. Un Comité d’intérêt collectif, avec des déclinaisons académiques ou départementales, pourrait négocier des partenariats, y compris au niveau local. Le cinéma bénéficie de subventions publiques et les enseignants pourraient bénéficier de tarifs réduits, grâce à des discussions avec le ministère de la Culture. La pratique de sport est importante pour la santé des agents et cette pratique doit être promue. Compte tenu des missions de l’éducation nationale en matière de transmission culturelle, une prime d’accès à la culture pourrait être accordée. Enfin, une véritable difficulté existe pour les aides à la scolarisation quand les enfants effectuent des études.

Un autre représentant du collège des syndicats ne serait pas favorable à une prime fléchée exclusivement sur un usage culturel. La carte professionnelle constitue une excellente idée.

Un autre représentant du collège des syndicats considère que l’offre devrait être élargie ainsi que le public bénéficiaire aux contractuels en établissement et aux agents des services déconcentrés et ministériels, en distinguant la marque Education nationale des spécificités professionnelles qui justifient peut-être des différences légitimes. Un récit doit être construit pour donner du sens à ces offres. Des champs de négociation locale doivent
1 Après vérification le pass est bien accessible à tous les personnels des établissements être créés pour tenir compte des spécificités territoriales.

Une représentante du collège des syndicats rejoint l’idée de l’ouverture à la culture et au sport à tout le personnel et de dispositifs particuliers pour les enseignants, par exemple pour qu’ils puissent acheter des livres pour construire leurs cours.

V) Présentation des conditions matérielles de travail dans l’établissement et dans l’école

Marie-Pierre LUIGI considère que la question du temps de travail peut être intégrée à cette problématique des conditions matérielles, ainsi que celle de l’équipement.

Une représentante du collège encadrement constate que Bondy compte 27 établissements publics pour lesquels les équipements sont à la charge des municipalités. Certaines écoles regroupent 450 élèves, 30 enseignants, 5 AESH et le personnel municipal. L’équipement est conçu pour accueillir les enfants, mais pas pour les adultes. La salle des maîtres n’est pas toujours bien aménagée, le matériel informatique est relativement absent ou de piètre qualité, sans parler des conditions de travail du directeur d’école et des locaux partagés avec du personnel qui ne relève pas de l’Education nationale. Les lieux sont peu accueillants, ce qui pose problème pour le bien-être au travail. En Belgique, les salles des maîtres sont équipées et confortables.

Guy WAISS demande si la municipalité est sensible à ces questions quand elle construit une nouvelle école.

Une représentante du collège encadrement répond que la municipalité cherche surtout à satisfaire les élèves et les parents d’élèves, moins les enseignants.

Un représentant du collège encadrement évoque l’équipement des salles et les problématiques du remplacement de courte durée : il convient de tirer les enseignements de la crise sanitaire en équipant mieux les salles de classe pour permettre un enseignement hybride (présentiel et distanciel), pour les enseignants volontaires pour le faire.

Guy WAISS demande si les aménagements tiennent compte des espaces de détente.

Un représentant du collège encadrement répond que cet aménagement est pris en compte dans la construction des nouveaux établissements, avec des espaces de coworking.

Marie-Pierre LUIGI se demande s’il existe un cahier des charges définissant des normes minimales.

Guy WAISS répond par la négative. Les aménagements font l’objet de négociations pour chaque nouvelle construction.

Un représentant du collège des professeurs observe que les conditions d’exercice varient d’un établissement à l’autre. Quand les locaux sont anciens, ils ne répondent pas à la demande. Son lycée compte 130 professeurs avec seulement trois salles qui ne peuvent accueillir que quatre personnes, et seulement 6 ordinateurs. Les locaux ne permettent pas de travailler dans de bonnes conditions. Il conviendrait de prendre en compte les souhaits des utilisateurs principaux et d’anticiper les besoins.

Marie-Pierre LUIGI se demande s’il ne faudrait pas procéder à une redistribution des espaces.

Guy WAISS note que la baisse de l’effectif du premier degré, dans certaines académies, constitue l’occasion de repenser l’espace.

Une représentante du collège encadrement signale que les classes de CP dédoublées donnent lieu à des espaces modulaires.

Un représentant du collège associatif et économique considère que la maintenance des établissements doit être mieux assurée (chauffage mis au bon moment dans les classes ou double vitrage, par exemple).

Un représentant du collège familles et élèves relève que le Covid a révélé les inégalités territoriales dans le bâti scolaire et que d’importantes problématiques existent, notamment lors des épisodes caniculaires. L’architecture de nombreuses écoles est dépassée et devrait être revue pour améliorer les conditions des élèves comme des enseignants. Il convient en outre de diminuer les effectifs dans les classes et de décharger les directeurs d’école, ce qui améliorera le climat scolaire.

Un autre représentant du collège familles et élèves constate que, à Paris, les locaux sont souvent exigus, dans du bâti ancien transformé au fil du temps. Du bâti des années 1970 mériterait d’être reconstruit puisqu’il résiste moins au temps et aux aléas. Les bâtiments neufs ont été conçus pour laisser plus de place aux enseignants. Le bâti parisien est très majoritairement ancien, avec une portion congrue accordée aux enseignants, avec des espaces qui ne leur permettent pas d’y travailler convenablement. De nombreux enseignants ont tendance à annexer des salles de classe qui deviennent leurs bureaux, ce qui peut susciter des tensions avec les parents qui privilégieraient l’attribution d’une salle de classe à une classe pour résoudre les problématiques des interclasses.

Une représentante du collège des élus et collectivités considère qu’il convient d’élaborer un nouveau cahier des charges explicitant les espaces nécessaires aux professeurs dans les nouveaux bâtis et dans l’aménagement de ceux qui existent, quand cela est possible. Le développement durable intègre le bien-être des usagers, et donc des professeurs. Différentes fonctions devraient être prévues dans les espaces dévolus aux enseignants, avec un espace de travail et un espace de convivialité ouvert à tous les personnels et aménagé avec âme. Ce point constitue une priorité puisque les professeurs doivent parfois attendre deux ou trois heures entre deux cours. Une telle organisation améliorerait le bien-être des professeurs et donc des élèves.

Une autre représentante du collège des élus et collectivités relève que d’importantes différences existent entre les territoires. Dans le Cantal, les écoles sont bien aménagées et disposent d’espaces, notamment pour la restauration. Dans les collèges ruraux, le conseil départemental prévoit un bon équipement informatique. Au lycée, les classes sont toutefois plus chargées et les professeurs ne disposent pas d’espaces suffisants. Dans l’académie, les résultats dépassent les moyennes nationales jusqu’au baccalauréat. Les enseignants ne voient souvent qu’une fois dans leur carrière le médecin du travail.

Conclusion

Marie-Pierre LUIGI indique qu’il conviendra de finir le tour de table des échanges sur les conditions matérielles, lors de la prochaine réunion, en donnant la parole aux représentants du collège des syndicats, puis d’aborder le sujet suivant, sur la reconnaissance de la place des enseignants dans la société. La quatrième séance se tiendra le 16 décembre.

Mise à jour : décembre 2020

Le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports engage en 2021 une évolution profonde du système éducatif et des métiers des personnels de l'Éducation nationale.

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