Nicole Belloubet, ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse
Sur proposition du Premier ministre, le président de la République a nommé madame Nicole Belloubet, ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse.
Le Palais de l'Élysée a annoncé, le 8 février 2024, la nomination du gouvernement de Gabriel Attal, madame Nicole Belloubet est nommée ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse.
Madame Sarah El Haïry, est nommée ministre déléguée auprès de la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, de la ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse et du garde des Sceaux, ministre de la Justice, chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles.
En vidéo : la cérémonie de passation de pouvoir entre Amélie Oudéa-Castéra et Nicole Belloubet
Le discours de Nicole Belloubet
[Seul le prononcé fait foi]
Chère Amélie, Chère Sarah,
Mesdames les directrices et Messieurs les directeurs, Mesdames les rectrices et Messieurs les recteurs, Mesdames et Messieurs les agents de ce ministère,
Chère Amélie, nous sommes toutes deux des femmes engagées, dans une vie politique parfois brutale, mais qui ne nous fait pas dévier de notre mission : former des citoyens et porter haut l’idéal républicain. Rien ne nous empêchera d’agir en ce sens, d’agir encore et toujours !
L’éducation nationale, c’est en quelque sorte mon milieu naturel, ou en tout cas mon milieu d’origine.
Par ma profession d’abord, puisque je suis professeure des universités ;
Par les différentes fonctions que j’ai eu occasion d’exercer à la fois comme rectrice d’académie à Limoges et à Toulouse pendant huit ans, et comme première vice-présidente de la région Midi-Pyrénées, en charge de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche pendant trois ans ;
Et je pourrais ajouter par vocation et par passion pour le plus noble des métiers : celui d’enseigner.
Je reviens aujourd’hui vers vous, acteurs de l’éducation nationale, dans un esprit de dialogue et d’écoute et avec la ferme volonté de faire évoluer notre système éducatif.
Trois principes me guideront :
L’École, c’est d’abord pour moi le lieu de la fondation et de la refondation quotidienne de la république, cette République qui est un héritage et un horizon, une transmission et une émancipation. L’École républicaine doit cultiver ce qui constitue notre socle commun. Elle doit nous apprendre à dépasser les différences pour rechercher ce qui nous unit. C’est le principe même de la République. L’École doit être notre grande ambition parce qu’elle consolide nos liens et qu’elle prépare le futur de notre pays. C’est ce qui a conduit le président de la République et le Premier ministre à élever la refonte de notre système éducatif au rang de priorité nationale, autour en particulier du choc des savoirs.
L’École c’est ensuite un lieu d’émancipation par les savoirs. Si nous voulons atteindre, pour tous, cet esprit critique dont Condorcet faisait l’éloge, nous devons prendre acte de l’existant pour progresser ensemble. Les résultats des études PISA sont sans appel : l’école française ne fonctionne pas de façon satisfaisante pour 25 à 30 % des élèves de 15 ans qui ont des résultats très insuffisants. Pour évoluer je m’appuierai bien entendu sur les avancées actées par mes prédécesseurs. Mais nous devons encore progresser, notamment sur les savoirs fondamentaux dont l’insuffisante maîtrise fait obstacle à l’acquisition de tous les autres savoirs essentiels à la construction d’une jeune personnalité. Pour cela, il faut que certaines conditions soient réunies :
Nous devons tout faire pour mettre en place un système qui contribue à réduire les inégalités sociales, qui refuse tout tri social et qui n’exclue pas les élèves par l’échec. Ce ne sont certes que des mots mais ensemble, de manière pragmatique en prenant en compte les préoccupations du terrain – j’y suis viscéralement attachée – nous tenterons de les transformer en réalité.
Nous devons aussi faire évoluer nos pratiques pédagogiques notamment en nous appuyant sur l’expérience des acteurs mais aussi sur des acquis scientifiques et de la recherche en éducation. Nous devons trouver ensemble la voie vers une organisation flexible des enseignements articulant classes hétérogènes et groupes réduits répondant aux besoins spécifiques des élèves pour certains apprentissages fondamentaux. Ainsi, ils pourront bénéficier d’un enseignement ajusté à leurs besoins, tout en poursuivant des objectifs communs à la classe.
Nous devons aussi travailler sur la formation initiale et continue des enseignants. L’alpha et l’oméga des systèmes qui réussissent dans le monde sont liés à cette formation permanente, initiale et continue. Ce sera l’un des points majeurs que nous devrons faire évoluer.
Enfin, l’École c’est le lieu de la confiance et de la protection. Pour nos élèves tout d’abord. Si je formule un vœu, ce serait qu’ils puissent à l’école construire leur avenir, s’épanouir et être heureux. Le respect et l’autorité sont évidemment constitutifs de ce cadre rassurant. Croyez-moi je l’ai vécu comme enseignante et comme rectrice. Et comme ministre de la Justice j’ai pu aussi observer les dérèglements que produit l’oubli de ces valeurs de respect et d’autorité. Les mesures récemment annoncées vont en ce sens et j’en poursuivrai la mise en œuvre.
Mais je m’adresse aussi aux professeurs : ils me trouveront à leurs côtés en toute circonstance tout à la fois pour les soutenir, libérer leurs initiatives pédagogiques et les protéger de toute insécurité et de tout éloignement du contrat laïc et républicain. J’ai évidemment une pensée pour Samuel Paty et Dominique Bernard. Car l’école est avant tout ce lieu où se forge la République pleine de promesses pour chacun. "La République, toute la République, rien que la République".
Il s’agit au fond et avant tout de redonner du sens à l’ensemble de notre système éducatif. Redonner du sens pour que les enfants retrouvent les chemins de l’émancipation républicaine ; redonner du sens pour que les enseignants soient confortés dans leur engagement pour l’école ; redonner du sens pour que les parents aient confiance dans notre système éducatif. Jaurès le disait dans ses discours à la jeunesse "la République est un grand acte de confiance et un grand acte d’audace"
J’ai de la volonté et de l’énergie. Je les mettrai au service de notre système éducatif :
Pour renforcer l’efficacité de notre école en termes de résultats scolaires.
Pour favoriser des coopérations fertiles entre élèves, entre enseignants, entre établissements et avec les acteurs culturels, économiques et sociaux, nationaux ou territoriaux au plus près de chaque école et établissement scolaire.
Pour expliquer encore et encore le sens de notre action fondée sur les valeurs républicaines.
Cela exige la mise en place très rapide d’un dialogue avec les représentants des enseignants, des chefs d’établissement, des corps d’inspection et des parents d’élèves. Je m’y attacherai dès la semaine prochaine.
Vous pouvez compter sur mon engagement comme je sais pouvoir compter sur le vôtre.
Mise à jour : février 2024