Le système éducatif dans l'académie de Guadeloupe : bilan et perspectives
La rentrée 2002 n'a pu s'effectuer aux dates normales dans l'académie de la Guadeloupe, les syndicats, appuyés par les fédérations de parents d'élèves, ayant décrété une grève totale.
Ils considéraient insuffisants les moyens alloués à l'académie, notamment au regard d'engagements de créations d'emplois pris antérieurement. La rentrée a finalement eu lieu avec 15 jours de retard après l'attribution de moyens supplémentaires et l'annonce d'une mission d'inspection générale destinée à établir un état des lieux du système éducatif en Guadeloupe. Cette mission s'est déroulée entre les mois d'octobre 2002 et janvier 2003, avec trois séjours sur place.
Elle s'est effectuée dans un climat difficile, en raison du contexte social local, mais les inspecteurs généraux ont pu conduire l'ensemble des investigations qu'ils ont jugé nécessaires. L'éclatement géographique de l'académie - qui est constituée d'un archipel - , une démographie hors normes par suite des taux de naissances et des phénomènes migratoires de grande ampleur, des données socio-économiques en pleine mutation, sont autant de facteurs qui ont des conséquences pour l'Education Nationale. Le nombre d'élèves est relativement stable dans le premier degré (pour autant que les décomptes soient exacts) alors que celui des élèves du second degré augmente lentement mais régulièrement.
L'accueil se fait dans des écoles, des collèges et des lycées de taille supérieure à la moyenne nationale, seuls les lycées professionnels ayant des capacités plus réduites. D'une façon générale, les collectivités territoriales ont répondu aux besoins de constructions scolaires, un doute existant cependant sur la capacité du Département à faire face au renouvellement d'une génération de collèges devenus obsolètes.
Bien qu'en progression au cours des dernières années, les résultats scolaires restent inférieurs aux moyennes nationales :
- les évaluations font ressortir des faiblesses à tous les niveaux et dans toutes les disciplines avec des décrochages très forts en mathématiques ;
- les résultats aux examens sont en retrait des chiffres nationaux, sauf pour quelques CAP ;
- les parcours scolaires comportent encore des taux de retard élevés, des taux de redoublement importants, des sorties trop précoces et sans qualification.
Ces situations sont le produit :
- de handicaps supportés par l'académie : un isolement préjudiciable, un corps enseignant comportant trop de non titulaires et peu de personnels très qualifiés, des difficultés linguistiques (usage du créole) et culturelles rencontrées par les enfants;
- des propres faiblesses de l''académie: une formation des enseignants à améliorer, une offre de formation à adapter, un système éducatif morcelé en structures trop indépendantes les unes des autres et sans cohérence d''ensemble, un absentéisme des enseignants très élevé.
Pour réagir, l''académie peut compter sur l''intérêt qu''autorités locales et familles portent à la réussite scolaire, sur des ressources parmi ses personnels et sur une bonne volonté générale qu''il faut mobiliser. En terme de moyens d''enseignement, la Guadeloupe est sensiblement mieux dotée que la moyenne des académies pour le premier degré, un peu mieux pour le second degré, la dotation en personnels ATOSS étant pénalisée par le poids que représentent les structures rectorales dans une académie mono départementale. La mission considère que tous les engagements antérieurs ont désormais été respectés et qu''il convient de quitter le passé et le quantitatif pour s''intéresser à l''avenir et au qualitatif. Jeune académie, la Guadeloupe a dû faire face aux urgences. Elle peut à présent mettre en œuvre un véritable pilotage, en vue duquel elle commence à disposer des outils nécessaires. Une relance est apparue possible dés lors que la volonté en existerait, que les efforts de rigueur nécessaires seront effectués et que les actions de remédiation aux principaux points de faiblesse évoqués seront engagées.