Cérémonie de commémoration du 8 mai 1945 au ministère de l'Education nationale et de la Jeunesse

Cérémonie 8 mai - 2

Dans la cour d'honneur du ministère et en présence des personnels et de jeunes engagés du SNU, Nicole Belloubet, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, accompagnée de Sarah El Haïry, ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles, a rendu hommage aux morts pour la France, lundi 6 mai 2024, à l’occasion de la commémoration nationale du 8 mai 1945, qui marque la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe et la capitulation de l'Allemagne nazie.

Le discours de Nicole Belloubet

Mesdames et messieurs, chers personnels du ministère de l’Éducation nationale,

En ce jour, nous commémorons la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe et la capitulation de l’Allemagne nazie. Ailleurs dans le monde, les combats se poursuivent jusqu’à la capitulation japonaise en septembre 1945. Mais en France, c’est le soulagement de la fin des combats, et surtout, le sentiment de la liberté et de la fierté retrouvées. Pour la France peut-être plus encore que pour nos Alliés, la victoire de 1945 rappelle qu’aucun destin n’est jamais écrit à l'avance. 

Le 8 mai 2024 est l’occasion de nous souvenir d’un autre moment de la guerre, celui dont nous vivons en ce moment le 80e anniversaire : non pas, ou pas seulement, le débarquement allié en Normandie, mais bien la reprise de l’école en France. Ou plus exactement, la préparation de la rentrée dans la France libérée, qui aura lieu officiellement le 2 octobre 1944 et ne pourra s’effectuer que dans une partie du pays. Entre 1939 et 1945, 10 000 établissements ont été détruits ou endommagés par les bombardements. On prépare donc cette rentrée seulement à certains endroits, à Paris et au sud de la Loire, là où l’Allemagne nazie n’est plus encore présente. 

Il faut s’imaginer, voilà 80 ans de cela, les préparatifs de cette École française en lambeaux : ni papier, ni encre, ni tables, ni chaises. Des enfants mal nourris et accablés par les traumatismes du conflit. Certains instituteurs doivent parfois utiliser des caisses de munition en guise de bancs dans les classes. 

Malgré tout, pour les Françaises et les Français qui préparaient cette rentrée, pour tous ceux qui aspiraient à la liberté, ces mois de l’été 1944 étaient ceux de l’espoir, des têtes qui se relèvent. L’École qui reprend son cours, c’est à la fois le signe d’un retour à la normale, d’un quotidien qui recommence, de la paix retrouvée. On veut d’ailleurs faire table rase des méfaits du régime de Vichy ; on retourne aux lois et aux programmes scolaires d’avant-guerre. 

Mais l’école qui reprend son cours, c’est aussi le symbole d’un renouveau. Car pour la France Libre, pour le gouvernement provisoire de la République, l’école sera le germe de la société à naître. Reconstruire la France ne sera pas qu’une question de briques et de ciment ; ce sera aussi une affaire de culture et d’instruction. Et l’on veut croire alors que l’École sera précisément ce qui permettra de ne pas reproduire les erreurs du passé.

C’est un espoir que nous ne devons jamais laisser mourir. La commémoration du 8 mai n’est pas seulement un devoir de mémoire, c’est également, je le crois, un appel à la réflexion. Les leçons du passé nous rappellent l'importance de la paix et de la liberté, mais surtout du prix que nous devons payer pour les préserver ou les reconquérir. La liberté n’appartient qu’à ceux qui sont prêts à se battre pour elle. En ce sens, nous pensons tous, bien sûr, aux combats de nos amis ukrainiens, qui sont confrontés dans leur chair à cette épreuve, et nous donnent un exemple renouvelé de courage et de détermination. Eux aussi connaissent les affres d’une école en guerre.
Enfin et surtout, je tiens à insister sur la responsabilité qui est la nôtre aujourd’hui, et qui donne toute sa portée à cette journée : celle de transmettre cette histoire et ces messages aux générations futures. C’est pourquoi je suis particulièrement heureuse de la présence aujourd’hui de nos élèves, et je tiens à remercier les enseignants et les personnels de direction pour leur important travail de transmission. 
En cette journée, nous perpétuons la mémoire des anciens combattants, des résistants, des déportés et de tous ceux qui ont souffert de la guerre. Leurs sacrifices ont permis à notre pays de retrouver sa liberté et sa dignité, et de reconstruire une société plus juste et plus solidaire, dont nous sommes les héritiers. Nous avons également une pensée pour ceux, pompiers, forces de l’ordre, militaires, qui perpétuent ces valeurs d’engagement au quotidien pour assurer notre protection. Qu’ils en soient remerciés. Et nous pensons enfin, au sein de la communauté éducative, à tous ceux, professeurs, personnels, élèves, parents d’élèves, qui ont connu les privations, les blessures, les drames de la guerre, parfois au sein même de nos écoles. La génération de 1944 avait su rebâtir la force d’âme de notre éducation nationale. Sachons aujourd’hui nous en montrer dignes.

Vive la République,
Vive la France !
Et vive l’éducation !

Nicole Belloubet, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse

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Mise à jour : mai 2024