Rapport 2020 de la médiatrice de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur
Catherine Becchetti-Bizot, médiatrice de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur, a présenté son rapport 2020 intitulé "Favoriser le bien-être pour la réussite de chacun".
En 2020, la crise sanitaire a frappé de plein fouet le système éducatif, et particulièrement les publics les plus vulnérables. Elle a mis en relief certaines fractures, sociales, économiques ou numériques ; elle a creusé les inégalités scolaires, accentué les phénomènes de décrochage, de discrimination ou d’exclusion et accru notamment les difficultés des personnes en situation de handicap. Elle a renforcé chez certains un sentiment d’isolement et d’éloignement des services publics, qui s’est traduit parfois par des messages de détresse ou de colère difficiles à contenir.
Dans un contexte d’anxiété généralisée, marqué par une recrudescence des conflits et des violences et par la dégradation de la santé mentale de nombreux jeunes, certains défauts persistants du système éducatif, comme le manque d’accompagnants, de personnel médico-social, de médecins de prévention ou de psychologues se sont fait cruellement sentir.
Toutefois, cette période a également mis en évidence le rôle central et structurant de l’École et de l’Université, et révélé la capacité exceptionnelle de mobilisation, de solidarité et d’innovation des enseignants, des chefs d’établissement et des personnels en général pour assurer la continuité et la réussite du service public d’éducation.
Les mesures rigoureuses mises en place dans le but d’endiguer la pandémie ont considérablement alourdi la charge de travail des personnels de nos deux ministères, qui ont dû fournir un effort inédit pour faire face à des situations d’urgence, auxquelles les dispositifs traditionnels de notre administration ne pouvaient pas toujours apporter de réponse.
Dans ce contexte, où le contact avec l’institution était encore plus difficile qu’à l’accoutumée, la médiation a confirmé son rôle essentiel d’écoute et d’apaisement à l’égard des nombreux requérants qui ont fait appel à elle. Le nombre de saisines a augmenté de 18 % en un an, avec plus de 19 000 demandes, soit 3 000 de plus qu’en 2019, où la situation s’était déjà révélée très tendue.
Le réseau des médiateurs s’est efforcé d’apporter à tous l’attention nécessaire, même lorsqu’il s’agissait de simples demandes d’information ou de conseils, et d’aider à renouer un dialogue parfois interrompu avec l’institution. En partenariat avec les services du ministère, des rectorats ou des établissements, ils ont recherché, d’abord dans l’urgence puis de façon plus construite, des réponses adaptées aux difficultés relatées, permettant la mise en place de solutions innovantes et équitables. Ainsi, au‑delà du traitement ordinaire des réclamations, la médiation a pleinement assumé un rôle d’accompagnement social. Elle a été, surtout, confortée dans ses recommandations sur la nécessité d’une information accessible, claire et lisible pour éviter les litiges qui naissent souvent de malentendus ou d’une incompréhension.
Le bon fonctionnement du système éducatif ne repose pas uniquement sur la qualité des enseignements et des personnels qui les dispensent. Il dépend également de bonnes conditions d’études et d’un environnement de travail rassurant, permettant aux élèves,
aux étudiants comme aux personnels de s’épanouir et de trouver la motivation et l’engagement nécessaires pour réussir et réaliser leur projet éducatif ou professionnel.
Dans cette perspective, l’attention portée au bien-être, individuel et collectif, le respect et la prise en compte des besoins particuliers des personnes, la possibilité d’un dialogue et d’une écoute bienveillante lorsqu’une difficulté se fait jour durant le parcours scolaire ou professionnel sont les principes qui guident l’action des médiateurs au quotidien et qui rendent légitimes leurs interventions auprès de l’administration ou des responsables concernés.
Qu’il s’agisse des apprenants, des enseignants ou des personnels techniques et administratifs, les saisines reçues en 2020 montrent que leur bien-être passe d’abord par la possibilité d’être entendus et d’obtenir des réponses claires et lisibles à leurs
demandes. Il dépend également de la reconnaissance juste et équitable du travail et de l’engagement de chacun.
Rapport 2020 de la médiatrice de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur
- Avant-propos
- Temps forts 2020
- L'activité des médiateurs en chiffres
- Savoir accueillir dès le début des études et de la carrière et comprendre les situations particulières
- Bien vivre à l'école, à l'université, au travail
- Éviter les ruptures, mieux accompagner les transitions et les départs
- La médiation, force de proposition
- Informations